5 étoiles, C

La couleur des sentiments

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

Éditions Jacqueline Chambon, publié en 2010; 526 pages

Premier roman de Kathryn Stockett paru initialement en 2009 sous le titre « The help ».

La couleur des sentiments

Jackson, Mississippi, 1962. Eugenia Phelan dite Skeeter, est de retour à la maison familiale après ses études universitaires en journalisme. Encouragée par une éditrice de New York, elle écrit sur la dure réalité des bonnes noires au service des familles blanches. Mais ce n’est pas facile avec les tensions raciales qui ont cours. C’est alors qu’elle décide d’interroger les domestiques de ses meilleures amies. Elle veut connaitre leur quotidien et savoir comment elles sont traitées par les familles pour lesquelles elles travaillent. Les premières à témoigner seront Aibileen et Minnie. Les entretiens devront s’effectuer dans le plus grand secret, leurs découvertes pourraient avoir des conséquences dramatiques. Malgré les risques encourus, malgré la peur d’être découvertes, elles iront jusqu’au bout. Skeeter devra mentir pour les protéger et devra aussi s’éloigner de ses amies qui ne comprennent pas son engouement pour la cause des Noirs.

Très bon roman sur les relations interraciales dans le sud des États-Unis au cours des années 60. Cette histoire dépeint la vie des bonnes noires dans cette société en mutation suite à l’abolition de la ségrégation raciale. Elle se déroule dans le quotidien de trois femmes, ce qui contribue à faciliter la compréhension de cette époque où le racisme était bien présent. Les personnages sont très réalistes, en particulier, Skeeter, Aibileen et Minnie. On s’attache à elles et on suit leur vie et leurs combats avec attention. La parole est donnée en alternance à ces trois femmes. Cette alternance nous permet de mieux comprendre les différents points de vue et nous permet de nous attacher à ces femmes. De plus, on découvre l’ampleur de la discrimination envers les femmes, qu’elles soient blanches ou noires, à cette époque. L’écriture est fluide et efficace avec une touche de suspense. C’est un roman plein d’émotion mais qui ne tombe pas dans le mélodramatique. Un roman à lire absolument.

La note : 5 étoiles

Lecture terminée le 8 décembre 2013

La littérature dans ce roman :

  •  « Il avait des grosses lunettes et il lisait tout le temps. Même qu’il avait commencé à écrire son livre, sur comment les gens de couleur vivaient et travaillaient dans le Mississippi. »  Page 6
    « Je coupe la radio, je rallume la lumière et je plonge dans mon sac pour prendre le cahier de prières. Mon cahier de prières, c’est rien qu’un carnet bleu que j’ai trouvé à la boutique Ben Franklin. J’écris au crayon, comme ça je peux effacer. Mes prières, je les écris depuis ma deuxième année d’école. »  Page 25
  • « Je tourne les pages du cahier pour voir qui j’ai ce soir. Cette semaine, j’ai pensé deux ou trois fois à mettre Miss Skeeter dans ma liste. »  Page 26
  • « On dirait un château avec ses murs en brique grise qui montent vers le ciel à gauche et à droite. La forêt entoure la pelouse de tous les côtés. Si on était dans un conte, il y aurait des sorcières sous ces arbres. Celles qui dévorent les enfants. »  Page 34
  • « « Je suis là, Miss Celia ! » Je passe la tête à la porte de sa chambre et elle est assise sur son lit, parfaitement maquillée et serrée dans sa tenue du vendredi soir alors qu’on est mardi, en train de lire les cochonneries du Hollywood Digest comme si c’était la Sainte Bible. »  Page 43
  • « Je dépoussière les beaux livres que personne lit jamais, les boutons de vareuse du confédéré, le pistolet en argent. »  Page 45
  • « Elle a tellement de fourrés d’azalées qu’au printemps prochain son jardin ressemblera à Autant en emporte le vent. J’aime pas les azalées et j’aime pas du tout ce film qui montre les esclaves comme une bande de joyeux invités qui viennent prendre le thé chez le maître. Si j’avais joué Mammy, j’aurais dit à cette brave Scarlett de se coller ces rideaux verts sur son petit cul blanc et de se la faire elle-même, sa robe provocante. »  Page 52
  • « Le Manuel de chasse au mari de Mrs Charlotte Phelan énonçait comme règle numéro un : une fille petite et jolie a pour atouts supplémentaires le maquillage et la façon de se tenir. Une grande, son compte épargne. »  Page 60
    « Pendant que mes amies passaient leur temps à boire des rhums-Coca et à flirter dans les soirées de leurs associations d’étudiantes huppées, je restais en salle d’étude pour écrire pendant des heures – des dissertations, mais aussi des nouvelles, de mauvais poèmes, des épisodes de la série télévisée Le Jeune Docteur Kildare, des publicités radiophoniques pour Pall Mail, des lettres de protestation, des notes, des lettres d’amour à des garçons entrevus en cours et auxquels je n’avais pas osé adresser la parole, toutes choses que je ne montrais ni n’envoyais jamais à quiconque. Je rêvais bien sûr de sortir avec des joueurs de football, mais je rêvais surtout d’écrire un jour des choses que des gens liraient pour de bon. »  Page 62
  • « Je descends les marches pour voir si L’Attrape-cœurs que j’ai commandé par la poste n’est pas dans la boîte. Je commande les livres interdits à un vendeur au marché noir de Californie en me disant que, si cet État les a bannis, ils doivent être bons. »  Page 74
  • « — Oui… Hum, est-ce que l’une de vous a déjà lu la chronique de Miss Myrna ?
    — Ma foi, non, répond Hilly, mais je suis sûre que toutes les pauvres filles des quartiers sud lisent ça comme si c’étaient les Évangiles. »  Page 81
  • « « Il allait écrire un livre, il disait. »
    Je demande : « Quel genre d’idée ? Enfin, si ça ne vous gêne pas d’en parler… »
    Aibileen reste silencieuse un instant. Elle continue à peler ses tomates avec des gestes réguliers. « Il avait lu le livre qui s’appelle L’Homme invisible. Après, il disait qu’il allait en écrire un pour montrer comment c’était d’être un Noir au service d’un Blanc dans le Mississippi. »
    Je regarde ailleurs, sachant que c’est le moment où ma mère changerait de conversation. Le moment où elle sourirait et se mettrait à parler du prix du riz blanc ou de l’argenterie.
    « Moi aussi j’ai lu L’Homme invisible, après lui, dit Aibileen. Ça m’a bien plu.»
    Je hoche la tête, mais je ne l’ai pas lu moi-même. Je n’avais jamais pensé qu’Aibileen pouvait aussi être une lectrice.   « Il a écrit presque cinquante pages, dit-elle. Il les a laissées à Frances, sa petite amie. » »  Page 88
  • « Louons maintenant les grands hommes, mon livre, est posé sur l’appui. Je m’approche pour le ramasser, craignant que le soleil ne fane la couverture avec sa photo en noir et blanc d’une humble famille de miséreux. Le livre est lourd et déjà chaud. Je me demande si j’écrirai jamais quelque chose de valable. »  Page 92
  • « « Comme pour Miss Myrna ? je demande. Des trucs pour le ménage ?
    — Non, pas comme Miss Myrna. Je parle d’un livre », dit Miss Skeeter. Elle me regarde avec de grands yeux. Elle est tout excitée. « Avec des témoignages pour montrer ce que c’est de travailler pour une famille blanche. Ce que c’est de travailler, mettons, pour… Elizabeth. » »  Page 105
  • « Elle dit tout bas : « Personne n’a encore écrit un livre comme celui-ci », et je crois qu’elle commence à comprendre, enfin. « Nous pourrions explorer un territoire inconnu. Ouvrir une nouvelle perspective. » »  Page 106
  • « « Chacun sait ce que nous, les Blancs, nous en pensons. On a chanté la figure magnifique de la Mammy qui se dévoue toute sa vie pour une famille blanche. Margaret Mitchell a traité de cela. Mais personne n’a jamais demandé à la Mammy ce qu’elle en pensait. » La sueur ruisselait sur ma poitrine, tachait mon chemisier en coton. »  Page 110
  • « — Les entretiens auront lieu en secret. Étant donné que, comme vous le savez, les choses sont un peu dangereuses ici, en ce moment. » À vrai dire, je n’en savais pas grand-chose. Je venais de passer quatre ans enfermée derrière les murs de l’université, à lire Keats et Eudora Welty et à me concentrer sur mes dissertations de fin de trimestre.
    « Un peu dangereuses ? » Elle a ri. « Les marches à Birmingham, Martin Luther King, les chiens lancés sur des enfants noirs… Ma chère, il n’y a pas de sujet plus brûlant dans l’actualité. Mais, je suis désolée, ça ne marchera jamais. Pas pour un article, parce qu’aucun journal du Sud ne voudra le publier. Et encore moins pour un livre. Un livre d’entretiens ne se vendra pas. »
    Je me suis entendue faire : « Ah… » et j’ai fermé les yeux. Toute mon excitation retombait d’un coup. J’ai encore fait : « Ah…
    — Je vous ai appelée parce que, très franchement, c’est une bonne idée. Mais… je ne vois pas comment on pourrait en faire un livre. »  Page 111
  • « — Enfin, a dit Mrs Stein avec un petit claquement de langue sceptique, voire désapprobateur. Je suppose que je pourrai toujours lire ce que vous obtiendrez. Dieu sait si l’industrie du livre est friande de bavardages. »  Page 112
  • « Je sens à son attitude qu’elle est mal à l’aise, qu’elle redoute peut-être le moment où je vais lui demander une nouvelle fois de m’aider à écrire mon livre. »  Page 113
  • « Je vous l’ai déjà dit, je regrette, mais je ne peux pas vous aider pour ce livre, Miss Skeeter. »  Page 113
  • « Pendant deux heures, je me plonge dans Life et fume des cigarettes. J’achève Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. Puis je feuillette le Jackson Journal. En page quatre, je lis, Le jeune homme battu pour avoir utilisé des toilettes réservées restera aveugle. Des suspects interrogés. Cela me dit quelque chose. Puis je me souviens. C’est certainement le voisin d’Aibileen. »  Page 115
  • « — Non, non. Elle est gentille. Mais elle a eu le culot de me demander si j’avais pas des copines chez les autres bonnes qui voudraient raconter comment ça se passe quand on travaille chez les Blancs. C’est pour mettre dans un livre. »  Page 133
  • « — Je lui ai répondu qu’il fallait laisser les gens qui écrivent des livres d’histoires raconter ces trucs-là. C’est depuis la nuit des temps que les Blancs empêchent les Noirs de dire ce qu’ils pensent ! »  Page 133
  • « Papa, pris d’une frénésie de semailles, a dû engager des ouvriers supplémentaires pour labourer et conduire les tracteurs qui mettent les graines de coton en terre. Maman a étudié L’Almanach du fermier, mais elle n’est guère concernée par les travaux des champs. Elle me donne les mauvaises nouvelles, une main sur le front.
    « Ils disent qu’on va avoir l’année la plus pluvieuse depuis très longtemps. » Soupir. (Le défrisant miracle n’a plus donné grand-chose après les premiers essais.) « Je vais passer chez Beemon pour acheter de la laque en aérosol, leur nouvelle formule extra-forte. »
    Elle lève les yeux au-dessus de son Almanach, me regarde attentivement. »  Page 147
  • « Je me disais que l’an prochain on pourrait prendre Autant en emporte le vent comme thème de notre vente, dit Hilly. Et on pourrait peut-être louer l’habitation Fairview pour l’occasion ? »  Page 153
  • « Je me disais que je devrais un peu plus lire. Ça m’aiderait pour écrire.
    — Allez donc à la bibliothèque de State Street. Ils ont des salles entières d’écrivains du Sud. Faulkner, Eudora Welty… »  Page 160
  • « « Je me ferai un plaisir d’y prendre des livres pour vous », dis-je.
    Aibileen se précipite dans la chambre et revient avec une liste. « Je préfère marquer ceux que je voudrais. Voilà trois mois que je suis sur la liste d’attente pour Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur à la bibliothèque Carver. Voyons… »
    Je la regarde mettre des marques à côté des titres : Les Âmes du peuple noir de W.E.B. Du Bois, Poèmes d’Emily Dickinson (n’importe lesquels), Les Aventures de Huckleberry Finn.
    « Il y en a que j’ai lus en classe, mais je suis pas arrivée à les finir. » Elle continue à marquer, en s’arrêtant pour réfléchir à ceux qu’elle voudrait ensuite.
    « Vous voulez un livre… de Sigmund Freud ?
    — Ah, les fous… dit-elle. J’adore lire des choses sur la tête et comment elle fonctionne. Vous êtes déjà tombée dans un lac en rêve ? Il dit que c’est une façon de rêver de sa naissance. Miss Frances, chez qui je travaillais en 1957, avait tous ses livres. »
    Au douzième titre, je n’y tiens plus : « Aibileen, depuis combien de temps vouliez-vous me demander cela ? De sortir ces livres pour vous ? »  Page 160
  • « Au troisième jour, maman m’appelle du bas de l’escalier pour savoir au nom du ciel ce que je fais là-haut toute la journée et je réponds sur le même ton, c’est-à-dire en criant, que je tape juste quelques notes sur l’étude de la Bible. J’écris tout ce que j’aime en Jésus. Je l’entends dire à papa dans la cuisine, après le dîner : « Elle nous mijote quelque chose. » Je me promène à travers la maison avec la Bible blanche de mon baptême, pour faire plus vrai. »  Page 161
  • « Je suis allée chez elle à deux reprises depuis que j’ai expédié le manuscrit à New York, pour lui apporter des livres de la bibliothèque. »  Page 162
  • « Mais je continue à penser qu’un livre d’entretiens… ne devrait pas marcher, normalement. Ce n’est pas de la fiction, mais ce n’est pas non plus de la non-fiction. C’est peut-être de l’anthropologie, mais c’est affreux d’être classé sous cette étiquette. »  Page 165
  • « Martin Luther King, ma chère. Il vient d’annoncer une marche sur Washington et il appelle tous les Noirs d’Amérique à le rejoindre. Tous les Blancs aussi, d’ailleurs. On n’avait pas vu autant de Noirs et de Blancs ensembles depuis Autant en emporte le vent. »  Page 165
  • « — Je n’ai rien dit de tel, réplique-t-elle sèchement. Je le lirai. J’examine une centaine de manuscrits par mois et je les refuse presque tous. »  Page 165
  • « — Et quatre ou cinq entretiens ne feront pas un livre. Il vous en faudra une dizaine, peut-être plus. Vous en avez déjà prévu d’autres, je présume ? »  Page 165
  • « Ce soir-là, je vais chez Aibileen. Je lui remets trois nouveaux livres figurant sur sa liste. »  Page 166
  • « « Merci. Ah, regardez-moi ça ! » Elle sourit en tournant la première page de Walden, comme si elle était prête à le lire séance tenante.
    « J’ai eu Mrs Stein au téléphone cet après-midi », dis-je.   Les mains d’Aibileen se figent sur le livre. »  Page 166
  • « Deux jours plus tard, j’annonce à maman que je vais chercher un nouvel exemplaire de la Bible du roi Jacques parce que le mien est trop abîmé. »  Page 169
  • « Son regard me suit du fond de son fauteuil à bascule. « Où comptes-tu acheter cette nouvelle Bible, au juste ? » »  Page 169
  • « Un lundi après-midi, quelques semaines après ma soirée avec Stuart, je passe à la bibliothèque avant la réunion de la Ligue. À l’intérieur, ça sent l’école – ennui, colle, produit désinfectant. Je suis venue chercher des livres pour Aibileen et essayer de savoir si quelqu’un avait déjà écrit quelque chose sur la condition des bonnes. »  Page 177
  • « — Alors, qu’est-ce que je peux vous proposer, ma’am ? Nous avons des romans policiers, des romans d’amour, une série Apprenez à vous maquiller, Apprenez à vous coiffer, etc. » Elle se tait un instant, sourit. « Comment cultiver ses rosiers, réussir son jardin, décorer son intérieur…
    — Je veux simplement jeter un coup d’œil, merci. » Je me sauve, je préfère me débrouiller toute seule. Pas question de lui dire ce que je cherche. Je l’entends déjà chuchoter dans les réunions de la Ligue, je savais qu’il y avait quelque chose de pas catholique chez cette Skeeter Phelan, rien qu’à sa façon de chercher des livres sur les Noirs… »  Page 177
  • « Au rayon des ouvrages documentaires, je tombe sur Frederick Douglass, un esclave américain. Je le prends, très contente de pouvoir l’apporter à Aibileen, mais je m’aperçois en l’ouvrant que la partie centrale a été arrachée. Et quelqu’un a écrit LIVRE DE NÈGRE au stylo sur la page de garde. Je suis moins choquée par les mots que par l’écriture, qui est visiblement celle d’un gamin. Je jette un coup d’œil autour de moi et fourre le livre dans ma sacoche. Mieux vaut cela, me semble-t-il, que de le remettre sur l’étagère.
    Dans la salle consacrée à l’histoire du Mississippi, je cherche quelque chose qui évoque de près ou de loin les relations interraciales. Je ne trouve que des ouvrages sur la guerre de Sécession, des cartes et de vieux annuaires téléphoniques. Je me dresse sur la pointe des pieds pour inspecter la plus haute étagère et j’aperçois une plaquette posée en travers du Mississippi River Valley Flood Index. Une personne de taille normale ne l’aurait pas vue. C’est une mince plaquette imprimée sur du papier pelure qui rebique, retenu par des agrafes. On lit sur la couverture Recueil des lois Jim Crow pour le Sud. Je l’ouvre à la première page et le papier crisse sous mes doigts.
    Il s’agit simplement d’une liste de lois fixant ce que les Noirs peuvent faire et ne pas faire dans une série d’États du Sud. Je parcours la première page, stupéfaite de trouver cela ici. »  Pages 177 et 178
    « Les livres ne doivent pas être échangés entre écoles blanches et écoles noires, mais continuer à servir à la race qui les a utilisés en premier.
    Je lis rapidement quatre pages, stupéfaite par le nombre de lois qui n’existent que pour nous séparer. »  Page 178
  • « Après quelques minutes, je cesse de lire et je m’apprête à remettre la plaquette en place, en me disant que je n’écris pas un livre sur la législation dans les États du Sud et que c’est une perte de temps. »  Page 179
  • « Je vois sur la dernière page la mention Propriété de la bibliothèque de Droit du Mississippi. Quelqu’un s’est trompé et a rapporté cette plaquette au mauvais endroit. Je griffonne ma révélation sur un bout de papier que je glisse entre les pages : Jim Crow ou la proposition de loi de Hilly pour des toilettes séparées, quelle différence ? et je fourre la plaquette dans ma sacoche. »  Page 179
  • « J’ai l’impression que les livres volés, dans mon sac, dégagent de la chaleur. »  Page 179
    « Je retourne à mon siège, m’assieds avec la sacoche sur les genoux. Je la tâte à la recherche de la plaquette des lois Jim Crow que j’ai dérobée à la bibliothèque. »  Page 182
  • « Je sens qu’on me touche l’épaule, me retourne et vois Hilly qui plonge la main dans mon sac, le doigt pointé sur la plaquette. « As-tu tes notes pour la Lettre de la semaine prochaine ? C’est ça ?»
    Je ne l’ai même pas vue approcher.
    « Non, attends ! dis-je, en repoussant la plaquette dans mes papiers. J’ai besoin de… j’ai quelque chose à corriger. Je vais te les apporter. » »  Pages 182 et 183
  • « Je ne vois pas ce que mère pourrait avoir à faire de plus important que ce qui me jette dans un tel affolement. « Quoi ? Une Mexicaine essaie d’entrer chez les Filles de la Révolution ? On a surpris quelqu’un en train de lire le New American Dictionary ? » »  Page 185
    « Mais le projet « Toilettes » de Hilly est bien en vue au milieu du sac avec la feuille sur laquelle j’ai écrit Jim Crow ou la proposition de loi de Hilly pour des toilettes séparées – quelle différence ? À côté se trouve le brouillon de la Lettre, dont Hilly a déjà pris connaissance. Mais la plaquette – les lois ? Je fouille à nouveau. Elle a disparu. »  Page 187
  • « Mon exemplaire de Huckleberry Finn, sorti de la bibliothèque des Blancs, est posé devant moi, mais j’arrive pas à le lire. »  Page 193
  • « J’ai jamais appelé chez elle, sauf les deux fois où j’avais pas le choix, la première pour lui dire que je travaillerais avec elle pour son livre, et après pour lui dire que Minny allait venir aussi. »  Page 193
  • « Les interviews étaient à l’intérieur dans la pochette. Sur le côté, dans une chemise. Je crois qu’elle n’a vu que les lois Jim Crow, un… livre que j’avais pris à la bibliothèque, mais… je n’en suis pas sûre. »  Page 196
  • « Je… je ne peux pas l’affirmer à cent pour cent, dit Miss Skeeter, mais si Hilly savait quelque chose au sujet du livre ou de vous et surtout de Minny, elle l’aurait déjà dit à tout le monde. »  Page 197
  • « « Et à nous, qu’est-ce qu’ils nous feront, Aibileen ? S’ils nous attrapent… »
    Je reprends ma respiration. Elle parle du livre. « Tu le sais comme moi. Ça se passera mal. »  Page 202
  • « « Aibi ? Tu me lis une histoire ? »   Je cherche dans le livre celle que je vais lui lire. Je peux pas lire une fois de plus Georges le petit curieux parce qu’elle veut plus l’entendre. Pas plus que Chicken Little ou Madeline. »  Page 205
  • « Miss Skeeter a fini le premier chapitre de Minny hier soir. L’histoire de Miss Walters comme on l’a racontée, c’est pas rien, et si Miss Hilly la lisait je sais pas ce qui nous arriverait. »  Page 207
  • « Je regarde autour de moi si je connais quelqu’un, avec l’idée de demander à d’autres bonnes de venir nous aider pour le livre maintenant qu’on a feinté Miss Hilly, à ce qu’on dirait. »  Page 214
  • « Elle a commandé un livre par la poste pour apprendre à jouer, Le Bridge pour les débutants. Elle aurait mieux fait de demander Le Bridge pour les cervelles de moineau. Le livre est arrivé ce matin au courrier et elle l’avait pas lu deux minutes qu’elle demandait déjà : « Vous m’apprendrez à jouer, Minny ? Ce manuel de bridge est complètement idiot. »  Page 220
  • « Chez Aibileen, la porte de la cuisine est ouverte. Je la trouve assise à sa table en train de lire un des livres que Miss Skeeter lui apporte de la bibliothèque. »  Page 233
  • « J’essuie la table de nuit, je range les Look en pile de son côté, avec le manuel de bridge qu’elle a commandé. J’arrange les livres du côté de Mister Johnny. Il lit beaucoup. Je prends Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et je le retourne.
    Tiens ! Un livre avec des Noirs. Ça me fait penser qu’un jour je verrai peut-être le livre de Miss Skeeter sur une table de nuit. »  Page 236
  • « Je passe le reste de la soirée sur la véranda, à l’arrière de la maison, à ressasser mon inquiétude quant aux histoires que Yule May pourrait raconter sur Hilly. Malgré nos différends, Hilly reste l’une de mes amies les plus proches. Mais le livre, maintenant qu’il avance à nouveau, est plus important que tout. »  Page 253
  • « Je veux que vous sachiez combien je suis désolée de ne pas pouvoir vous aider pour votre projet de livre. »  Page 254
    « Je ne devrais pas penser à mes propres problèmes alors que Yule May est en prison, mais je sais ce que cela signifie pour le livre. »  Page 256
  • « Le silence règne dans la pièce, à part quelques toux vite étouffées. Il y a des cahiers de cantiques empilés sur la petite table en bois. »  Page 256
  • « Aibileen garde la tête basse. Je suis certaine qu’elle a de la peine pour Yule May, mais elle sait aussi que c’en est fini du livre. »  Page 257
  • « J’explique à Alice qu’il s’agit d’un recueil de témoignages authentiques sur les bonnes et leur travail dans des familles blanches. »  Page 259
    « Je me suis demandé à cet instant s’il ne se doutait pas que je lui cachais quelque chose. J’avais affreusement peur qu’il ne découvre le projet de livre de témoignages, et j’étais en même temps ravie qu’il s’intéresse à ce que je fais. »  Page 262
  • « « Regardez ça, dit-elle. C’est presque un livre ! »
    Je hoche la tête, essaye de sourire, mais il reste beaucoup de travail. On est début août et, même si nous ne devons rendre le manuscrit qu’à la fin janvier, il nous reste cinq entretiens avant de finir. J’ai, avec l’aide d’Aibileen, mis en forme, raccourci et rédigé cinq chapitres dont celui de Minny, mais ils ont encore besoin d’être revus. Celui d’Aibileen, heureusement, est terminé. Il fait vingt et une pages. C’est simple, et magnifiquement écrit. »  Page 282
  • « Je ne sais absolument pas si Mrs Stein voudra publier cela. Mais ce que je sais, c’est que la responsabilité de ce travail repose sur mes épaules et que, je le vois à leur détermination, à leurs traits émaciés, les bonnes veulent que ce livre soit publié. »  Pages 282 et 283
  • « Outre l’absence de cigarette entre mes doigts, les visages des femmes qui m’entourent me rendent nerveuse. J’en ai vite repéré sept qui ont un lien avec quelqu’un dans le livre, quand elles n’y figurent pas elles-mêmes. »  Page 283
  • « Quand on a commencé à chercher des histoires pour le livre, Miss Skeeter m’a demandé de lui raconter le plus mauvais souvenir de ma vie de bonne. »  Page 291
  • « « Voilà ce dont je t’ai parlé. » Miss Hilly prend un petit livre et elle l’ouvre. Elle lit en suivant avec le doigt. Miss Leefolt suit avec elle et elle secoue la tête. »  Page 295
  • « — Je ne peux pas prouver que c’est elle qui a mis toutes ces cuvettes chez moi. Mais ça – elle soulève le livre et le frappe avec son doigt –, c’est bien la preuve qu’elle mijote quelque chose. »  Page 295
  • « Je lui raconte comment Miss Hilly a sorti ce petit livre pour le montrer à Miss Leefolt. Et Dieu sait à combien de gens elle l’a fait voir depuis.
    Miss Skeeter hoche la tête et elle dit : « Hilly, j’en fais mon affaire. Ceci ne vous concerne pas, ni vous ni les autres bonnes, et le livre non plus. » »  Page 298
  • « Je me dis que c’est encore la frousse de voir arriver Mister Johnny. À moins que je devienne paranoïaque à force de travailler pour ce livre avec Miss Skeeter. On s’est vues hier soir et j’en tremble encore. »  Page 307
  • « — Ah… Eugenia. » Elle soupire, visiblement contrariée d’avoir décroché elle-même.   « J’appelle pour vous dire que le manuscrit sera prêt au début de l’année. Je vous l’enverrai vers le quinze janvier. » Je souris, contente d’avoir récité d’une seule traite les phrases que j’avais répétées. »  Page 346
  • « La dernière réunion des éditeurs a lieu le 21 décembre, continue Mrs Stein. Si vous voulez avoir une chance d’être lue, il faut que j’aie votre manuscrit en mains d’ici là. Sinon, il ira sur la Pile. Vous ne voulez pas être sur la Pile, Miss Phelan. »  Page 347
  • « Je sors de la réserve, accablée par cette affaire de délai et par l’insistance de Mrs Stein pour inclure Constantine dans le livre. »  Page 347
  • « Je ne peux pas raconter l’histoire de Constantine si j’ignore les faits. Me limiter à une partie de l’histoire serait contraire à l’objet même du livre. »  Page 351
  • « Elle a travaillé toute la journée et elle va devoir travailler encore plus dur pour finir ce livre dans les délais, ou du moins essayer. »  Page 352
  • « Hilly monte sur l’estrade pour annoncer la prochaine collecte (vêtements, conserves, livres et argent), puis arrive son moment préféré, celui de la liste, où elle donne les noms de toutes celles qui sont en retard pour leur cotisation, qui ont sauté des réunions ou ont manqué à leurs obligations philanthropiques. »  Page 353
  • « Hilly porte une robe trapèze sous une cape à la Sherlock Holmes malgré la chaleur étouffante qui règne dans la salle. »  Page 353
  • « Me voici désormais parmi ces gens qui traînent la nuit dans leur voiture. Mon Dieu, je suis le Boo Radley de Jackson, Mississippi, comme dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. »  Page 355
  • « J’écris, comme me l’a dit Aibileen, qu’elle avait une fille et a été obligée de s’en séparer afin de pouvoir travailler chez nous – je nous ai baptisés les Miller, en souvenir de Henry, mon préféré parmi les auteurs interdits. »  Page 362
  • « Dans l’après-midi, je l’appelle chez elle. « Je ne peux pas mettre ça dans le livre, lui dis-je. »  Page 363
    « Au cours des huit mois qui viennent de s’écouler, nous n’avons eu qu’une idée en tête : achever ce livre. »  Page 368
  • « Le livre est devant nous sur la table. J’ai envie de le fourrer dans ma sacoche pour le cacher. »  Page 368
  • « — Et si on mettait la Chose Abominable Épouvantable dans le livre ? dit Minny. »  Page 369
  • « — Mais si on la met, Miss Hilly pourra plus laisser personne dire que le livre se passe à Jackson. »  Page 369
    « Si on met la Chose Abominable Épouvantable dans le livre et que les gens apprennent que ça s’est passé entre toi et Miss Hilly, alors c’est toi qui auras des ennuis pour de bon. »  Page 369
  • « — Il y a un risque et il va falloir que je le prenne. Je suis déjà décidée. Ou bien vous mettez ça dans le livre, ou bien vous enlevez tout mon chapitre. »  Page 369
  • « Nous ne pouvons pas retirer le chapitre sur Minny. C’est le dernier du livre. »  Page 369
  • « Si je vous le dis, c’est seulement pour le livre, vous savez. »  Page 369
  • « Les quelques cadeaux que maman a achetés et empaquetés en juillet attendent au pied du tronc. Il y a visiblement une cravate, quelque chose de petit et de carré pour Carlton, et pour moi un lourd paquet que je soupçonne de cacher une nouvelle Bible. »  Page 372
  • « L’après-midi, je vais lui chercher son courrier. Le magazine Good Housekeeping, bible de la maîtresse de maison, des lettres paroissiales, les dernières nouvelles des Filles de la Révolution. »  Page 372
  • « On dit que c’est comme le véritable amour. Une bonne comme elle, on n’y a droit qu’une fois. »
    J’opine de la tête. Comme je voudrais ajouter cela au livre !  Mais il est trop tard, bien sûr, le livre est déjà parti. »  Page 372
  • « J’adresse d’interminables prières à Dieu en le suppliant d’apporter un peu de soulagement à maman, à moi des nouvelles de mon livre, et lui demandant même, parfois, que faire avec Stuart. »  Page 376
  • « « Écoute, dit Stuart, après un silence. Je n’ai pas voulu en parler jusqu’ici, mais… je sais ce qu’on raconte en ville. À ton sujet. Et je m’en fiche. Je voulais seulement que tu le saches. »
    Je pense aussitôt le livre. Il a entendu quelque chose. Mon corps tout entier se crispe. « Qu’as-tu entendu ? »  Page 378
  • « Je lui livre tous les faits et les détails que je peux lui livrer en toute sécurité sur le livre et sur ce que j’ai fait depuis un an. »  Page 381
  • « Je lui dis ensuite que le manuscrit a été envoyé à New York. Et que s’ils décident de le publier il sortira, d’après mes prévisions, dans huit mois ou peut-être avant. »  Page 381
  • « « Calmez-vous, Miss Phelan, a-t-elle dit, le livre a peu de chances d’être un best-seller, mais j’ai continué à sangloter pendant qu’elle me donnait des explications. Nous n’offrons que quatre cents dollars d’avance et encore quatre cents quand ce sera terminé… vous… écoutez ? »  Page 385
  • « « Donc, dans six mois, on saura enfin ce qui va se passer, dit Minny. Du bon, du mauvais, ou rien du tout.
    — Peut-être rien du tout, dis-je, en me demandant si quelqu’un achètera jamais ce livre. »  Page 386
  • « Minny ne semble pas s’inquiéter des ventes du livre. Elle se demande surtout ce qui va se passer quand les femmes de Jackson liront ce que nous avons écrit sur elles. »  Page 386
  • « Et quand je dis chaud, c’est chaud. À croire que toute la ville est assommée. Dans les rues c’est calme comme avant la tornade. À moins que ça soit moi qui tiens plus en place à cause de ce livre. »  Page 388
  • « À ce moment j’ai le cœur qui se serre, et je me demande si je suis pas allée trop loin. Parce que lorsque le livre va sortir, si on apprend qu’il est de nous, sans doute que je reverrai plus ces petits. »  Page 389
  • « Le livre sort dans quatre jours. Ça sera pas trop tôt. »  Page 390
  • « On a toutes vécu dans l’attente. Moi, Minny, Miss Skeeter et toutes les bonnes qui sont dans le livre. »  Page 390
  • « Comme Mrs Stein l’a expliqué à Miss Skeeter, ce livre va pas devenir un best-seller et « il faut pas trop en attendre ». »  Page 390
  • « Dès qu’elle est partie je me dépêche de rentrer le carton, je sors un livre et je le regarde. Je me retiens même pas de pleurer. C’est le plus joli livre que j’aie jamais vu. La couverture est bleu pâle, couleur du ciel, avec un grand oiseau blanc – la colombe de la paix – qui va d’un bord à l’autre. Le titre, Les Bonnes, est écrit au milieu en lettres noires. La seule chose qui me gêne, c’est ce qu’il y a en dessous à la place du nom de l’auteur : Anonyme. J’aurais préféré que Miss Skeeter puisse y mettre son nom, mais c’était trop risqué.
    Demain, je porterai des exemplaires à toutes les femmes qui nous ont donné leur témoignage. »  Pages 392 et 393
  • « J’emporte le gros carton chez moi, je sors un livre et je pousse le carton sous mon lit. »  Page 393
  • « Le livre sera demain dans les librairies. Deux mille cinq cents exemplaires pour le Mississippi et l’autre moitié dans tous les États-Unis. »  Page 393
  • « Minny ouvre le livre et se met à lire. Les gosses rentrent, elle leur dit ce qu’ils doivent faire, mais elle lève même pas les yeux de sa page. J’ai déjà tout lu je sais pas combien de fois depuis bientôt un an qu’on y travaille. Mais Minny disait toujours qu’elle attendrait de voir le livre avec sa couverture, pour pas se gâcher le plaisir. »  Pages 393 et 394
  • « Je la laisse avec son livre et je rentre chez moi. »  Page 394
  • « Je me couche avec le livre sur l’oreiller à côté de ma tête. »  Page 394
  • « Le lendemain au travail, impossible de penser à autre chose. Je me demande comment mon livre va être exposé dans les librairies. Je passe la serpillière, je repasse, je change des couches, mais j’entends pas un mot dans la maison de Miss Leefolt. C’est comme si j’avais jamais écrit de livre. »  Page 394
  • « Ce soir-là, six bonnes qui témoignent dans le livre me téléphonent pour savoir si quelqu’un a dit quelque chose. »  Page 394
  • « Il y a toujours les mêmes bouquins sur la table de nuit de Miss Leefolt : Le savoir-vivre de France Benton, Peyton Place, et la vieille Bible qu’elle laisse là pour faire bien. »  Page 394
  • « — Mrs Stein m’a appelée pour me dire qu’on va passer à l’émission de Dennis James.
    — People Will Talk15 ? À la télé ?
    — Ils vont faire la critique de notre livre. Et elle a dit aussi qu’il serait sur Channel 3 jeudi prochain à une heure. » »  Page 394
  • « Vous croyez que ça sera une bonne critique ou une mauvaise ?
    — Je n’en sais rien. Je ne sais même pas si Dennis James lit les livres ou s’il se contente de rapporter ce qu’on lui en dit. »  Page 395
  • « Elle m’a dit aussi que c’était la première fois qu’elle sortait un livre avec un budget publicitaire égal à zéro. »  Page 395
  • « Le vendredi soir, une semaine après la sortie du livre, je me prépare avant d’aller à l’église. »  Page 395
  • « « C’est toi qu’on applaudit, ma chérie. » Elle plonge dans son sac et sort un livre. Le livre. Je regarde tout autour et ils ont tous un livre à la main. Tous les responsables et les diacres de l’église sont là. »  Page 396
  • « Je sais que de nombreuses personnes vous ont aidée pour ce livre, mais on m’a dit que sans vous il n’aurait jamais vu le jour. »  Page 397
  • « Un message discret a été adressé à tous les membres de la congrégation et de la communauté. Si l’un d’entre nous sait qui est dans ce livre ou qui l’a écrit, il ne doit pas en parler. »  Page 397
  • « Il me tend le livre. « Sachant que vous ne pouviez pas le signer de votre nom, nous l’avons tous signé pour vous. Je l’ouvre et je vois non pas trente ou quarante noms, mais des centaines, peut-être cinq cents, sur la première page après la couverture et sur la suivante, et encore la suivante, et sur celles de la fin, et à l’intérieur dans les marges. Il y a tous ceux de mon église et aussi des gens d’autres églises. »  Page 397
  • « Je me demande ce que Miss Skeeter ferait si elle était ici et ça me rend un peu triste. Je sais qu’il y aura personne dans cette ville pour lui signer le livre et lui dire qu’elle est courageuse. »  Page 397
    « Le révérend me tend une boîte emballée dans du papier blanc avec du ruban autour, du ruban bleu comme le livre. Il pose la main dessus comme pour une bénédiction. « Ça, c’est pour la dame blanche. »  Page 397
  • « … et pour finir l’émission, nous vous présenterons notre critique de livres. »  Page 398
  • « Mister Dennis est en train de causer d’un livre qui s’appelle Little Big Man. »  Page 398
  • « Et voilà Mister Dennis avec mon livre à la main ! L’oiseau blanc a l’air comme s’il allait s’envoler. Dennis lève le livre et il met son doigt sur le mot Anonyme. J’ai plus de fierté que de peur pendant deux secondes. J’ai envie de crier, C’est mon livre ! C’est mon livre à la télé ! Mais j’ai intérêt à me tenir, à faire comme si je regardais un machin enquiquinant. J’étouffe !
    « … intitulé Les Bonnes, avec d’authentiques témoignages de domestiques du Mississippi… »  Page 399
  • « « … lu hier soir et c’est maintenant ma femme qui le lit… » Mister Dennis parle comme un commissaire-priseur, en riant, avec les sourcils qui montent et qui descendent, et en montrant notre livre… »  Page 399
  • « Attention, je ne dis pas que c’est Jackson, ce pourrait être n’importe où, mais on ne sait jamais, il faut acheter ce livre et vérifier que vous n’êtes pas dedans, ha ! ha ! ha ! »  Page 399
  • « Mais Miss Joline brandit le livre comme si elle voulait le brûler. « N’achetez pas ce livre ! Habitantes de Jackson, n’encouragez pas ces calomnies avec l’argent durement gagné par vos époux… »  Page 400
  • « Mon amie Joline avait un livre à la main, n’est-ce pas ?
    — Oui, ma’am.
    — C’était comment, le titre ? Les Bonnes, ou quelque chose comme ça ? »  Page 400
    « Une seconde après c’est la fin de la publicité et revoilà Mister Dennis James avec le livre et Miss Joline toujours aussi rouge. « C’est tout pour aujourd’hui, il dit, mais n’oubliez pas d’acheter ou de commander vos exemplaires de Little Big Man et des Bonnes à notre sponsor, la librairie de State Street. »  Page 400
  • « Et cinq minutes plus tard elle est déjà dehors pour s’acheter le livre que j’ai écrit sur elle. »  Page 400
  • « J’ai envie d’appeler ce Dennis James au téléphone et de lui dire, Qu’est-ce que vous avez, à répandre des mensonges comme ça ? Pour qui vous vous prenez ? Vous pouvez pas dire à tout le monde que notre livre est sur Jackson ! Vous savez pas de quelle ville on parle !
    Je vais vous dire ce qu’il fait, cet imbécile. Il voudrait que ça soit sur Jackson. Il voudrait que Jackson, Mississippi, soit une ville assez intéressante pour qu’on écrive un livre entier dessus, et même si c’est bien Jackson… il en sait rien, lui ! »  Page 402
  • « Je reviens dans le salon, je rebranche le fer et je prends une chemise blanche de Mister Johnny dans la corbeille. Je me demande pour la millionième fois ce qui va se passer quand Miss Hilly lira le dernier chapitre. »  Page 402
  • « Toute la nuit, je vous jure, je sens que Miss Hilly lit le livre. J’entends les mots dans ma tête avec sa voix froide de Blanche. À deux heures, je sors du lit pour ouvrir le mien et j’essaye de deviner à quel chapitre elle est. Le premier, le deuxième, le dixième ? Je fixe le bleu de la couverture. J’ai jamais vu un livre d’une aussi jolie couleur. J’essuie une tache.
    Puis je le planque dans la poche de mon manteau d’hiver que je porte jamais. J’ai pas lu un seul livre depuis que j’ai épousé Leroy et je tiens pas à ce qu’il me soupçonne. »  Page 404
  • « C’est bien Mister Johnny qui est encore chez lui à 8h30 du matin un jour de semaine, et une voix dans ma tête me dit, Repasse vite cette porte. Miss Hilly l’a appelé pour lui dire que j’étais une voleuse. Et il sait, pour le livre. »  Page 404
  • « Ça fait cinq jours qu’elle lit et elle en est encore à la page quatorze du premier chapitre. Il lui reste deux cent trente-cinq pages. »  Page 408
  • « De voir ce livre dans la maison, ça me rend nerveuse comme une chatte. »  Page 408
  • « Le lendemain matin je frôle l’hyperventilation à l’arrêt de bus en pensant à ce que Miss Hilly va faire quand elle arrivera à son chapitre, et en me demandant si Miss Leefolt a déjà lu le chapitre deux. En rentrant chez elle, je la trouve en train de lire sur la table de sa cuisine. Elle me tend Tit’homme qui est sur ses genoux sans quitter sa page des yeux. Puis elle part au fond de la maison, mais elle continue à lire en marchant. Elle ne peut plus s’arrêter, depuis que Miss Hilly a montré de l’intérêt.
    Je vais dans sa chambre quelques minutes plus tard pour ramasser le linge sale. Comme Miss Leefolt est aux toilettes, j’ouvre le livre à l’endroit du marque-page. Elle en est déjà au chapitre six. »  Page 409
  • « Leroy se doute de quelque chose. Il a entendu parler du livre comme tout le monde, mais il sait pas que sa femme a participé, Dieu merci. »  Page 415
  • « Rien ne se passe comme nous l’avions prévu. Les gens savent que le livre parle de Jackson. J’avais oublié, je n’en reviens pas, le temps que met toujours Hilly à lire un livre. »  Page 418
  • « Et si ce livre était une épouvantable erreur ? »  Page 418
  • « Mrs Stein m’a dit que je pouvais me recommander d’elle, ce qui est sans doute la seule chose remarquable de toute la page. J’y ai ajouté les postes que j’ai occupés depuis un an :
    Chroniqueuse pour le Jackson Journal.
    Rédactrice en chef de la Lettre de la Ligue à Jackson.
    Auteur du livre Les Bonnes, ouvrage polémique sur les domestiques noires et leurs employeurs blancs, Harper & Row.
    Je n’ai pas joint le livre. »  Page 418
  • « C’est devenu vraiment pénible une fois que, le livre achevé, j’ai renoncé à aller chez Aibileen. »  Page 419
  • « Pendant qu’elle me répète ce qui se dit en ville, j’invoque le ciel en silence : Je vous en prie, faites qu’il en sorte quelque chose de bon. Mais jusqu’ici, rien. On cancane, on fait du livre un jeu de devinettes, et Hilly accuse des gens à tort. »  Page 419
  • « Lou Anne arbore son habituelle tenue d’été à manches longues et son éternel sourire. Je me demande si elle sait qu’elle est dans le livre, elle aussi. »  Page 420
  • « — Ça me fait tellement plaisir… » Nous nous faisons face, embarrassées. Lou Anne reprend sa respiration. « Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé, mais – elle baisse la voix – j’ai pensé qu’il fallait que tu saches ce que Hilly dit partout. Elle dit que tu as écrit un livre… sur les bonnes. » »  Page 420
  • « C’est la première fois que j’entends quelque chose de positif sur le livre et je voudrais qu’elle m’en dise plus. »  Page 421
  • « Ce matin, pourtant, je l’ai entendue dire que ce livre ne parlait pas de Jackson. »  Page 422
  • « Je me demande si je n’aurais pas pu l’aider un tant soit peu à passer ses journées, si j’avais essayé. Si j’avais essayé d’être un peu plus gentille avec elle. N’était-ce pas le sujet du livre ? Amener les femmes à comprendre. Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru.
    Mais Lou Anne avait compris le sujet du livre avant même de l’avoir lu. »  Page 422
  • « Aibileen m’a dit que les bonnes ne parlaient plus que du livre et de tout ce qui se passait autour. »  Page 422
  • « Parfois, quand je m’ennuie, je ne peux m’empêcher de penser à ce que serait ma vie si je n’avais pas écrit ce livre. »  Page 423
  • « Et, étant fiancée à Stuart, je ne porterais pas de jupes courtes, les cheveux courts seulement, et ne pourrais me livrer à aucune activité dangereuse comme d’écrire un livre sur les domestiques noires. »  Page 423
  • « Il n’y a qu’une seule lettre. Elle vient de Harper & Row, c’est certainement Mrs Stein. Je suis étonnée qu’elle m’écrive ici alors que tout ce qui concerne le livre et les contrats arrive dans une boîte postale. »  Page 423
  • « Et Miss Clara, elle sait pour Fanny Amos.
    — Elle l’a virée ? » Miss Clara a envoyé le fils de Fanny Amos à la fac, ça fait partie des belles histoires.
    « Non, non ! Elle est restée la bouche ouverte et le livre à la main. »  Page 430
  • « … Niceville n’est pas Jackson ! Ce livre, c’est de la saleté, et rien d’autre ! Je suis sûre que c’est une négresse qui a fait ça ! »  Page 431
  • « « Et la bonne du chapitre quatre ? continue Miss Jeanie. J’ai entendu dire par Sissy Tucker que…
    — Ce livre ne parle pas de Jackson ! » hurle Miss Hilly, et je sursaute en lui versant le thé. »  Page 431
  • « « Miss Chotard, chez qui Willie Mae est placée, tu la connais ? Hier elle a demandé à Willie Mae si elle la traitait aussi mal que cette affreuse patronne du livre. »  Page 432
  • « Mon livre a disparu de la table de nuit. Je me demande où elle l’a mis. »  Page 433
  • « Je rentre dans le salon, je me mets à faire la poussière sur les livres pour la deuxième fois. »  Page 434
  • « Ernestine secoue la tête. « Miss Hester a sorti le livre et elle s’est mise à crier : « C’est moi ? C’est de moi que vous parlez ? » et Flora Lou a dit : « Non ma’am, j’ai pas écrit de livre. »  Page 436
  • « « Les librairies réclament des livres, Aibileen. Mrs Stein a appelé cet après-midi. » Elle me prend les mains. « On va refaire un tirage. Encore cinq mille exemplaires ! » »  Page 438
  • « Notre livre va encore être dans cinq mille maisons, dans les bibliothèques, sur les tables de nuit, dans les toilettes ? »  Page 438
  • « Je vais dans ma chambre et je prends le paquet du révérend Johnson. Elle enlève le papier et elle regarde le livre avec toutes les signatures. »  Page 439
  • « Plus j’essaye de dormir, plus je sais que je fermerai pas l’œil de la nuit. J’entends toute la ville qui parle du livre et c’est comme un essaim d’abeilles géant. »  Page 439
    « Minny, écoute-moi. Tu risques pas de perdre ta place chez Miss Celia. C’est Mister Johnny lui-même qui te l’a dit. Et on va encore avoir de l’argent du livre. Miss Skeeter le sait depuis hier. »  Page 441
  • « Plus libre que Miss Leefolt, qui est tellement enfermée dans sa tête qu’elle se reconnaît même pas quand elle se lit dans un livre. »  Page 446
  • « Le journal va me payer dix dollars par semaine, et il y a l’argent du livre, et un peu plus à venir. »  Page 446

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