4 étoiles, F, Q

La quête d’Ewilan, tome 2 : Les frontières de glace

La quête d’Ewilan, tome 2 : Les frontières de glace de Pierre Bottero

Éditions Rageot (Poche), 2006, 228 pages

Deuxième tome de la trilogie « La quête d’Ewilan » écrit par Pierre Bottero et publié initialement en 2003.

Camille ou Ewilan, tel qu’on l’appel en Gwendalavir, accompagné par son fidèle ami Salim poursuit sa quête afin de sauver le royaume avec ses pouvoirs de dessinatrice. Son premier objectif est de retrouver et libérer les Sentinelles qui ont été figés par les Ts’liches. Pour ce faire, ils sont accompagnés de leurs nouveaux amis rencontrés dans ce monde étrange. Une route de plusieurs semaines qui leur fait traverser des paysages majestueux et féeriques. Ce périple à travers le pays ne sera pas de tout repos, il sera rempli de dangers et de combats. Ils devront confronter des goules, des Raïs, des ogres et des mercenaires du Chaos, mais ils découvriront aussi un peuple allié, les Faëls. Ces combats vont forcément resserrer les liens qui unissent les membres de cette petite troupe hétéroclite. Au cours du voyage Salim se lira d’amitié avec Ellena, une marchombre aux pouvoirs fascinants, tandis qu’Ewilan apprendra à mieux utiliser son Don. Mais, seront-ils assez fort et en nombre suffisant pour survivre à tous les combats et réussir à libérer les Sentinelles ?

Un deuxième tome plus dynamique que le premier. Dans cet opus l’action se déroule exclusivement en Gwendalavir, ce qui permet de découvrir en détaille ce monde imaginaire. L’action est beaucoup plus présente ce qui rend le texte très dynamique. Il faut garder en tête lors de la lecture que ce roman est catégorisé « jeunesse », donc il va sans dire que pour un lecteur adulte l’ensemble est très prévisible. Cependant, le style d’écriture de Bottero rachète le tout. Il utilise un style très simple et fluide et il ajoute une belle touche d’humour avec la relation de Salim et Bjorn. L’auteur a su créer un monde magique et merveilleux avec de belles descriptions et des créatures toutes plus incroyables les unes que les autres. Dans ce tome, certains personnages gagnent en profondeur, surtout celui de Camille. Elle devient plus mature dû aux événements qu’ils doivent affronter mais elle garde néanmoins son tempérament sanguin. Contrairement au premier tome, le personnage d’Ellana est beaucoup plus présent, au grand plaisir du lecteur. Tous les personnages de la petite troupe sont très attachants et sympathique et on les voit évoluer et tisser les liens entre eux. Pierre Bottero nous emmène dans son monde, avec ses personnages et c’est magique. Bien qu’il y ait quelques imperfections dans la construction de cette histoire, ce deuxième tome est une incursion magistrale dans l’imaginaire de Bottero. Une lecture que je conseille à tous les adolescents mais aussi aux adultes qui sont féru de fantastique et de mondes imaginaires.

La note : 4 étoiles

Lecture terminée le 20 septembre 2017

La littérature dans ce roman:

  • « Le bureau du supérieur d’Ondiane se trouvait dans la tour ouest et trois de ses fenêtres s’ouvraient sur la vallée. La pièce était de belle taille, les murs couverts de rayonnages de livres et un imposant bureau sombre en occupait le centre. »  Page 12
  • « Enjôleuse d’Hulm : Plante Carnivore aux larges feuilles vernissées. L’enjôleuse émet un chant qui attire irrésistiblement les insectes, lui permettant ainsi de les capturer avec ses vrilles préhensiles.
    Encyclopédie du Savoir et du Pouvoir »  Page 22
  • « — Je vais vous raconter une histoire, reprit maître Carboist. Un simple conte sorti de mon imagination. Un pays, un Empire à vrai dire, était menacé par de redoutables adversaires. Les seules personnes qui auraient pu le sauver, appelons-les les Gardiennes, étaient retenues prisonnières dans un endroit inconnu. Tout espoir semblait perdu lorsqu’une jeune fille apparut. Elle avait les mêmes yeux violets que sa mère et, comme elle, un immense pouvoir. Le maître d’armes de l’Empereur, aidé par un vieil ami au caractère plein de piquant, projeta de conduire la jeune fille jusqu’aux Gardiennes pour les délivrer et, avec elles, combattre et vaincre les méchants, appelons-les les Ts’liches… »  Pages 27 et 28
  • « — Vous nous faites marcher, pas vrai ? questionna Salim d’un air dubitatif. Les ogres n’existent que dans les contes ! »  Page 36
  • « — Espèce de mollusque décérébré, cracha-t-elle. Tu n’as rien trouvé de plus bête que de jouer à Spiderman et manquer te casser le cou ? »  Page 92
  • « — Et Edwin ? 
    — Laissons-le mariner un peu dans son jus. Ça ne doit pas lui arriver souvent. En attendant, nous avons la possibilité de nous retrouver et de découvrir une ville de conte de fées. Ça ne te plaît pas ? »  Pages 124 et 125
  • « — J’ai de sérieuses raisons de croire qu’il nous faut connaître l’identité de ce Gardien, poursuivit l’analyste sans tenir compte de l’interruption. 
    — Mais pourquoi donc, bon sang ? s’exclama Bjorn. 
    — Pour l’affronter avec des chances raisonnables de succès. Des histoires, des légendes font référence à lui. Il faut que je me les procure et que je les étudie. Seule la bibliothèque du palais m’offre cette possibilité. 
    Salim se demanda si maître Duom avait encore toute sa tête pour perdre trois jours à lire des contes de fées, mais comme personne ne se manifestait, il préféra pour une fois se taire. »  Page 138
  • « Tant qu’ils le purent, Camille et Salim se retournèrent pour dévorer Al-Jeit des yeux. La capitale s’était gravée de manière indélébile dans leurs mémoires, mais ils ne pouvaient s’empêcher de la contempler, encore et encore. 
    — Regarde où tu vas, bonhomme ! bougonna maître Duom. 
    L’analyste, complètement remis, avait emporté une dizaine de gros livres qu’il compulsait avec l’efficacité qu’octroie une longue habitude. C’étaient de lourds grimoires reliés de cuir, aux pages jaunies, couvertes d’une écriture cunéiforme incompréhensible. Des ouvrages qui n’auraient pas dépareillé la bibliothèque d’un magicien ou d’un thaumaturge. Maître Duom, suite à un cahot plus marqué que les autres, venait de refermer celui qu’il parcourait et foudroyait Salim du regard. »  Page 151
  • « — Un fil d’Hulm ! s’était extasiée Ellana. On ne s’est pas moqué de toi, il ne doit pas en exister plus de cinq au monde. 
    La jeune marchombre lui avait expliqué que la corde était censée être l’œuvre de Merwyn en personne. On la mentionnait dans de multiples histoires et elle était dotée de nombreux pouvoirs. L’un des plus intéressants, outre sa quasi-indestructibilité, était sa faculté de prendre la longueur souhaitée par son propriétaire. Salim s’était promis de l’essayer dès que possible »  Page 153
  • « Le matin du cinquième jour, maître Duom surprit ses compagnons en rejetant d’un geste brusque le livre qu’il consultait. 
    — C’est incompréhensible ! jura-t-il. Si le quart de la moitié de ce que raconte ce bouquin est à peu près exact, l’entité qui garde les Figés est grosse comme une montagne, tout en étant légère comme un oiseau. Elle est d’eau, vit de feu, habite l’air et parle à la terre. Je suis incapable de découvrir la moindre logique là-dedans, je crains qu’il nous faille improviser lorsque nous rencontrerons le Gardien ! 
    — Peu importe, le rassura Camille. Si ce que vous avez lu est faux, tant mieux. Si c’est vrai, nous aurons la chance de rencontrer un pareil phénomène. »  Page 172
  • « L’âme des marchombres réside tout entière dans leur poésie… qu’ils sont les seuls à réellement comprendre. 
    Maître Carboist, Mémoires du septième cercle »  Page 188
  • « — Moi, quand j’aurai un cheval, lui annonça Salim, je l’appellerai Jambon-Beurre.  Camille s’arrêta et le dévisagea, gentiment moqueuse. 
    — Je t’ai connu plus poète… 
    Le garçon s’empourpra au souvenir de sa déclaration d’amour, avant de bredouiller une vague et incompréhensible explication, qui tira un sourire attendri à Camille. »  Page 193
  • « Ewilan, lorsqu’elle a dessiné le sabre d’Edwin, a eu la bonne idée de le lui placer entre les mains et non de le ficher dans un rocher jusqu’à la garde. C’est peut-être moins romantique, mais sacrément plus pratique ! 
    Auteur inconnu »  Page 215
3 étoiles, C, E, F

Le chardon et le tartan, tome 7 : L’écho des coeurs lointains, partie 2 : Les fils de la Liberté

Le chardon et le tartan, tome 7 : L’écho des coeurs lointains, partie 2 : Les fils de la Liberté de Diana Gabaldon.

Édition du Club Québec Loisirs, publié en 2011, 614 pages

Septième tome de la série Le chardon et le tartan (Outlander) de Diana Gabaldon paru initialement en 2009 sous le titre anglais « An Echo in the Bone ».

1777, la guerre d’Indépendance bat son plein en Amérique. Jamie et Claise sont toujours engagés dans cette guerre du côté des rebelles contre l’armée Britannique. Malgré le fait que Claire connaît l’issue finale de la confrontation, ils ne seront pas épargnés par cette dure épreuve. Afin de récupérer la presse d’imprimerie de Jamie pour publier de pamphlets pour faire de la propagande, ils décident de rentrer en Écosse. Après plusieurs péripéties et un détour forcé par le Fort Ticonderoga en pleine campagne de Saratoga, ils finiront par quitter le pays. Au XXe siècle, Brianna et son mari Roger ont racheté le manoir de Lallybroch et suivent les aventures de Claire et de Jamie grâce à des lettres que ces derniers leur ont laissées dans un coffre.

Une deuxième partie comparable à la premier et qui conforte le lecteur dans la perception que la saga s’essouffle. Dans cette deuxième partie heureusement les personnages de Claire et Jamie sont ramener en avant plan et on délaisse un peu celui de William. Malheureusement, le tout commence à manquer de réalisme. L’auteur nous dépeint des vies plus grandes que nature qui finissent par ne plus être crédibles. Comment un couple peut se retrouver mêlé à tous les complots et les guerres de l’Europe et de l’Amérique à la fois? Il ne manque plus qu’une rencontre avec l’empereur de Chine pour Claire et Jamie. Le point fort du texte est sans contredit la façon qu’a l’auteur pour faire ressentir les sentiments des personnages. Le lecteur revit littéralement les sentiments en même temps que ceux-ci. Une lecture qui nous fait espérer que les prochains tomes soient plus excitants comme les premiers de la série.

La note : 3 étoiles

Lecture terminée le 14 janvier 2017

La littérature dans ce roman

  • « Burgoyne. Il l’avait rencontré une fois, dans un théâtre, où il était venu voir une pièce écrite par le général en personne. Il ne se souvenait pas de la trame car il avait été trop occupé à flirter du regard avec une jeune fille occupant la loge voisine mais il était ensuite allé avec son père féliciter le fringant dramaturge grisé par le triomphe et le champagne. »  Page 13
  • « Qu’oncle Hal semble apprécier John Burgoyne, en revanche, le surprenait davantage. Oncle Hal n’avait guère de patience pour le théâtre et encore moins pour les dramaturges, même si, étrangement, il possédait dans sa bibliothèque les œuvres complètes d’Aphra Behn. Lord John lui avait confié un jour, sous le sceau du secret, que son frère Hal avait été autrefois passionnément attaché à Mme Behn. »  Page 13
  • « Brianna avait refermé le livre mais sa main ne cessait de revenir vers la couverture, comme si elle souhaitait l’ouvrir à nouveau, au cas où le texte serait différent. »  Page 19
  • « Elle l’avait lu trois fois, regarder à nouveau n’y changerait rien. Elle rouvrit néanmoins le livre à la page du portrait de John Burgoyne peint par sir Joshua Reynolds : un bel homme en uniforme, une main sur la garde de son épée, se tenant fièrement devant un ciel d’orage. Sur la page d’en face était écrit noir sur blanc :
    Le 6 juillet, le général Burgoyne attaqua le fort de Ticonderoga avec huit mille soldats de l’armée régulière, plusieurs régiments allemands placés sous le commandement du baron von Riedesel et des troupes indiennes. »  Page 19
  • « Selon le livre de Roger, le général Burgoyne avait quitté le Canada début juin, marchant vers le sud pour rejoindre les troupes du général Howe, coupant pratiquement la colonie en deux. Le 6 juillet 1777, il s’était arrêté pour attaquer Fort Ticonderoga. Que… »  Page 38
  • « — Oui, « ça ». Y a-t-il une « pièce à conviction numéro un » qui entre dans cette note ?
    — Euh… oui, répondit-il à contrecœur. Les cahiers de Geillis Duncan. Le livre de Mme Graham sera la « pièce à conviction numéro deux ». La note 4 concernera les explications de ta mère sur les superstitions liées aux semailles.
    Sentant ses genoux mollir, Brianna se laissa tomber sur une chaise.
    — Tu es sûr que c’est une bonne idée ?
    Elle ignorait où se trouvaient les cahiers de Geillis et ne voulait pas le savoir. Le petit livre que leur avait donné Fionna Graham, la petite-fille de Mme Graham, était à l’abri dans un coffre de la Royal Bank of Scotland à Edimbourg. »  Pages 43 et 44
  • « — Enfin… ça m’étonnerait que cette maison-ci puisse être réduite en cendres.
    Elle regardait la fenêtre derrière Roger, enchâssée dans un mur d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur. Cela le fit sourire.
    — Non, j’en doute aussi. Mais les cahiers de Geillis, eux si. Je pensais les relire pour en extraire les informations principales. Elle avait beaucoup à dire sur les cercles de pierres en activité, ce qui est utile. Pour ce qui est du reste… »  Page 44
  • « — Tu as raison, dit-elle, la mort dans l’âme. Tu pourrais peut-être en faire un résumé et juste mentionner où trouver les cahiers originaux au cas où quelqu’un se montre vraiment curieux.
    — Ce n’est pas une mauvaise idée.Il rangea les feuilles dans son calepin et se leva.
    — J’irai les chercher. Peut-être à la sortie des classes. »  Page 45
  • « — Roger ! Tu n’es pas censé donner ton cours de gaélique à quatorze heures à l’école ?
    Il lança un coup d’œil horrifié à la pendule, attrapa la pile de livres et de papiers sur son bureau et bondit hors de la pièce en déversant un flot de jurons gaéliques des plus éloquents. »  Page 45
  • « Ce n’était ni de la panique ni le trac mais cette sensation de regarder dans un gouffre dont il n’apercevait pas le fond. Il l’avait souvent ressentie à l’époque où il chantait devant un public. Il prit une grande inspiration, posa sa pile de livres sur le bureau, sourit à l’assistance et lança :
    — Feasgar math ! »  Page 46
  • « — Votre grand-mère est-elle encore en vie ? lui demanda Roger. Dans ce cas, vous devriez lui demander de vous l’enseigner puis l’apprendre à vos enfants. Ce genre de tradition ne devrait pas se perdre, vous ne trouvez pas ?
    Encouragé par les murmures d’assentiment, il saisit son vieux livre de cantiques. »  Page 48
  • « — On peut encore entendre une autre forme de ces anciens chants de travail le dimanche dans des églises sur les îles. A Stornaway, par exemple. C’est une manière de chanter les psaumes qui remonte à une époque où peu de gens possédaient des livres et où bon nombre des membres de la congrégation ne savaient pas lire. Il y avait un premier chantre dont la tâche consistait à chanter le psaume, verset par verset, que les fidèles répétaient en chœur. Je tiens ce livre, poursuivit Roger en brandissant le psautier écorné, de mon père, le révérend Wakefield ; certains d’entre vous se souviennent peut-être de lui. Avant cela, il avait appartenu à un autre homme d’Eglise, le révérend Alexander Carmichael…
    Il leur raconta comment, au XIXe siècle, le révérend Carmichael avait sillonné les Highlands et les îles écossaises, parlant aux habitants, leur demandant de lui chanter leurs chants et de lui expliquer leurs coutumes, collectionnant les « hymnes, bénédictions et incantations » de la tradition orale pour les publier ensuite dans un grand ouvrage d’érudition comptant de nombreux tomes intitulé Carmina Gadelica.
    Il avait justement apporté un des volumes du Gadelica qu’il fit circuler dans la classe ainsi qu’un cahier dans lequel il avait recopié une sélection de chants de travail. Pendant ce temps, il leur lut l’une des bénédictions pour la nouvelle lune, la bénédiction pour la rumination, un charme contre l’indigestion, le poème du scarabée et certains passages du « Discours des oiseaux ». »  Pages 48 et 49
  • « Entre la douleur et l’émotion, il fut incapable d’émettre le moindre son pendant quelques minutes. Il se contenta de saluer son auditoire, de sourire, de saluer à nouveau, puis de donner sans un mot sa pile de livres et de dossiers à Jimmy Glassock pour qu’il les fasse circuler dans les rangs tandis que les gens se pressaient pour le féliciter. »  Pages 50 et 51
  • « — En effet. Vous avez des petits-enfants dans cette école ?
    Il indiqua la masse bourdonnante de gamins se bousculant autour d’une vieille dame qui, les joues roses de plaisir, leur expliquait la prononciation de certains mots étranges dans le livre de contes. »  Page 51
  • « Rob saisit un objet posé sur la banquette entre son neveu et lui.
    — C’était parmi les cahiers en gaélique que vous avez fait circuler. Il m’a semblé qu’il était là par erreur, alors je l’ai sorti de la pile. Vous écrivez un roman ?
    Il leur montra le calepin noir intitulé Le Guide du voyageur…. Le cœur de Roger faillit s’arrêter. Il le saisit en silence, le remerciant d’un signe de tête.
    Rob Cameron embraya en première et lança sur un ton désinvolte :
    — J’aimerais bien le lire quand vous l’aurez terminé. J’adore la science-fiction »  Page 53
  • « Plus bas, il aperçut la camionnette de Rob Cameron garée devant la porte. Rob était assis sur le perron à l’arrière de la maison, les enfants regroupés autour de lui, apparemment absorbés par la lecture du livre que tenait l’adulte. »  Page 57
  • « — Le problème, c’est qu’ils ne lisent pas la Bible.
    — Qui ça ? Attends un peu !
    Le major Alexander Lindsay, sixième comte de Balcarres, tendit une main devant lui pour éviter un arbre puis, y prenant appui pour conserver son équilibre, déboutonna maladroitement sa braguette.
    — Les Indiens. »  Page 69
  • « — Je veux dire… Tu sais, le centurion dans la Bible… Il dit à son soldat : « Va », et le soldat va. Si tu dis à un Indien « Va ! », peut-être bien qu’il ira mais peut-être aussi qu’il n’ira pas. Ça dépend de ce dont il a envie.
    Balcarres était tout occupé à reboutonner sa braguette, une opération apparemment ardue.
    — Je veux dire… insista William. Ils n’obéissent pas aux ordres. »  Page 70
  • « — Quel rapport entre le fait d’être écossais et celui de lire la Bible ? Tu me traites de païen ? Ma grand-mère est écossaise et la lit tous les jours. Moi-même je l’ai lue… en partie.
    Il finit son verre d’une traite.
    William le dévisageait, sourcils froncés, se demandant de quoi il parlait.
    — Ah ! fit-il enfin. Je ne te parlais pas de la Bible mais des Indiens. Têtus comme des cochons. Les Ecossais non plus, quand on leur dit « Va ! », ils ne vont pas, enfin pas forcément. Je me demandais si c’était pour ça qu’ils t’écoutaient. »  Pages 70 et 71
  • « Les biens personnels des rebelles jonchaient le sol, comme s’ils les avaient laissés tomber dans leur fuite. Il n’y avait pas que des objets lourds tels que des ustensiles de cuisine, mais également des vêtements, des livres, des couvertures… jusqu’à de l’argent. »  Page 99
  • « — J’ai trouvé son contrat de mariage.
    — Quoi ?
    — Un contrat de mariage entre Amélie Elise LeVigne Beauchamp et Robert-François Quesnay de Saint-Germain. Signé par les deux parties ainsi que par un prêtre. Il se trouvait dans la bibliothèque des Trois Flèches, à l’intérieur d’une bible. Claude et Cécile ne sont guère dévots, j’en ai peur.
    — Et toi, si ?
    Percy se mit à rire. Il savait que Grey connaissait fort bien ses opinions religieuses.
    — Je m’ennuyais.
    — La vie aux Trois Flèches doit effectivement être bien morose pour que tu te mettes à lire la Bible. Le sous-jardinier avait-il démissionné ?
    — Qui ? Ah, Emile ! Non, mais il avait la grippe ce mois-là. A peine s’il pouvait respirer par le nez, le pauvre.
    Grey eut envie de rire à son tour mais se retint et Percy enchaîna :
    — En réalité, je ne la lisais pas. Après tout, je connais déjà par cœur toutes les damnations possibles et imaginables. Je m’intéressais à sa couverture.
    — Pourquoi, elle était incrustée de pierres précieuses ?
    Percy lui jeta un regard légèrement offusqué.
    — Tout n’est pas question d’argent, John, même pour ceux d’entre nous qui n’ont pas la chance d’avoir hérité d’une fortune personnelle.
    — Toutes mes excuses. Pourquoi cette bible, donc ?
    — Tu ignores sans doute que je m’y connais plutôt pas mal en reliure. J’ai même exercé le métier de relieur pour gagner ma vie en Italie après que tu as si galamment sauvé ma vie. A ce propos, je te remercie. »  Page 146
  • « — En effet, c’est un excellent baryton. Et tu as raison au sujet des cartes. Il sait garder un secret, s’il en a envie, mais il ne sait pas mentir. Tu serais surpris par la puissance d’une parfaite sincérité. J’en viens presque à me demander si le huitième commandement n’a pas du bon.
    Marmonnant dans sa barbe, Grey cita Hamlet, « … coutume qu’il est plus honorable de violer que d’observer », puis toussota et implora Percy de continuer. »  Page 147
  • « — Je t’ai apporté un cadeau, Sassenach.
    Jamie déposa sa besace sur la table. Elle émit un bruit sourd fort plaisant et libéra des effluves de sang frais qui me firent aussitôt saliver.
    — C’est quoi ? De la volaille ?
    Ce n’était ni un canard ni une oie. Ces derniers possédaient une odeur caractéristique, mélange musqué de sécrétions huileuses, de plumes et de plantes aquatiques en décomposition. Des perdrix, peut-être, une grouse ou… Je me réjouis d’avance à l’idée de déguster une tourte au pigeon.
    — Non, c’est un livre.
    Il sortit un petit paquet enveloppé dans un vieux morceau de toile cirée et le déposa fièrement entre mes mains.
    — Un livre ? répétai-je.Il acquiesça, m’enjoignant d’ouvrir mon présent.
    — Oui, des mots imprimés sur du papier, tu t’en souviens ? Je sais que ça fait longtemps.
    Je lui lançai un regard torve et, ignorant les grondements de mon estomac, déballai le paquet. C’était un exemplaire usé de Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme… vol. I. En dépit de ma déception d’avoir reçu de la littérature plutôt que de la nourriture, je fus contente. Cela faisait effectivement très longtemps que je n’avais pas mis la main sur un bon roman et, si je connaissais l’histoire de celui-ci, je ne l’avais jamais lu.
    Je le retournai délicatement entre mes mains.
    — Son précédent propriétaire devait l’apprécier.
    Le dos était élimé et la reliure en cuir brillante d’usure. Il me vint soudain un doute.
    — Jamie… tu ne l’as pas récupéré sur un cadavre, hein ?
    Dépouiller les ennemis tombés au combat de leurs armes, leur équipement et leurs vêtements réutilisables n’était pas considéré comme du pillage. C’était une désagréable nécessité mais tout de même…Il secoua la tête tout en fouillant à nouveau dans sa besace.
    — Non, je l’ai trouvé au bord d’un ruisseau. Quelqu’un a dû le laisser tomber dans sa fuite.
    Voilà qui était déjà mieux, même si j’étais certaine que celui qui l’avait perdu regrettait la disparition de son précieux compagnon. J’ouvris le livre au hasard et plissai les yeux. La typographie était minuscule. »  Pages 169 et 170
  • « Il vint se placer près de moi et me prit le livre des mains. Il l’ouvrit au milieu et le tint devant moi.
    — Lis ça.Je me penchai en arrière et il approcha le livre.
    — Arrête ! Comment veux-tu que je lise quelque chose d’aussi près !
    Il l’écarta de mon visage.
    — Dans ce cas, cesse de bouger. Et là, tu arrives à lire ?
    — Non, répondis-je agacée. Recule-le. Encore. Encore !
    Je fus enfin obligée de reconnaître que je ne pouvais distinguer les lettres avec netteté qu’à une cinquantaine de centimètres au moins.
    — Quand même, c’est écrit très petit ! dis-je, déconfite.
    Je m’étais déjà rendu compte que ma vue n’était plus ce qu’elle avait été mais d’être si brutalement confrontée à la preuve que je pouvais désormais rivaliser avec les taupes était assez déprimant.
    Jamie regarda le livre d’un œil d’expert.
    — C’est du Caslon en corps huit. L’interligne laisse à désirer et le blanc de fond n’est ni fait ni à faire. Quoi qu’il en soit…
    Il referma le livre d’un coup sec et me dévisagea en arquant un sourcil.
    — Tu as besoin de lunettes, a nighean, répéta-t-il doucement.
    — Hmph !
    Je lui repris le volume, l’ouvris et le lui présentai.
    — Lis donc, toi. Si tu peux !
    Surpris et sur ses gardes, il saisit le livre et regarda une page. Il éloigna légèrement sa main. Puis encore un peu. J’attendis, ressentant ce même mélange d’amusement et de compassion. Quand il tint finalement le livre à bout de bras, il lut :
    — Ainsi, la vie d’un auteur, quoi qu’il en pût penser lui-même, était plus vouée à la guerre qu’à la composition ; comme pour tout autre militant, son succès devant l’épreuve dépendait moins de son esprit que de sa RÉSISTANCE. »
    Il referma le livre en pinçant les lèvres.
    — Oui, bon… Au moins, je peux encore viser juste. »  Page 171
  • « — J’en doute aussi mais, une fois que nous serons à Edimbourg, je connais l’homme qu’il te faut. Je t’en ferai faire une paire avec une monture en écaille pour tous les jours et une autre en or pour le dimanche.
    — Quoi, c’est pour me faire lire la Bible ?
    — Non, c’est juste pour l’esbroufe. Après tout… »  Page 172
  • « Je reconnus le nom, même si tout ce que je savais sur Daniel Morgan (une note dans un des livres d’histoire de Brianna), c’est qu’il était un célèbre tireur d’élite. »  Page 172
  • « — Tu leur as donc sauvé la vie, dis-je doucement. Combien d’hommes y a-t-il dans une compagnie ?
    — Cinquante. Ils n’auraient peut-être pas tous été tués.
    Sa main glissa et je la rattrapai. Je sentais son souffle chaud à travers mes jupons.
    — Ça m’a fait penser à ce passage de la Bible, dit-il.
    — Ah oui ? Lequel ?
    — Quand Abraham négocie avec l’Eternel pour sauver les Villes de la Plaine. Il lui dit : « Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ; les ferais-tu donc périr et ne pardonnerais-tu pas à ce lieu à cause de ces cinquante justes qui s’y trouveraient ? » Puis il marchande avec Dieu, de cinquante, il passe à quarante-cinq, puis à trente, puis à vingt, puis à dix.
    Ses paupières étaient mi-closes, sa voix paisible et détachée. »  Pages 201 et 202
  • « On ne savait jamais à l’avance sur quoi on allait tomber. Les illustrations des manuels d’anatomie étaient une chose mais tout chirurgien savait que chaque corps était unique. Un estomac pouvait se trouver plus ou moins où vous l’attendiez mais les nerfs et vaisseaux sanguins qui l’alimentaient pouvaient être n’importe où dans le voisinage, variant en taille et en nombre. »  Pages 204
  • « — Colonel. Votre épouse et moi discutions de la philosophie de l’effort. Qu’en pensez-vous… L’homme sage doit-il connaître ses limites et l’audacieux les ignorer ? Et de quel bord vous situez-vous ?
    Jamie m’adressa un regard perplexe et je haussai discrètement les épaules. Puis il se tourna de nouveau vers le visiteur :
    — A dire vrai, j’ai entendu dire qu’un homme « doit toujours viser plus haut. Sinon, à quoi bon le ciel ? ».
    L’officier le dévisagea un instant avec surprise puis éclata de rire.
    — Votre épouse et vous faites la paire, monsieur ! Des gens comme je les aime ! C’est magnifique. Vous souvenez-vous où vous avez l’entendu ?
    Il l’avait entendu de moi, à plusieurs reprises au fil des ans. Il se contenta de sourire.
    — C’est d’un poète, il me semble. Mais je ne me souviens plus de son nom.
    — Quoi qu’il en soit, c’est un sentiment parfaitement exprimé. Je vais de ce pas l’essayer sur Granny… même si j’imagine qu’il va me regarder sans comprendre à travers ses bésicles puis recommencer à me tanner à propos du ravitaillement. Voilà bien un homme qui connaît ses limites ! Elles sont diablement circonscrites et il ne laisse personne les franchir. Non, le ciel n’est pas pour les hommes comme lui. »  Page 219
  • « — C’est bien l’écriture de votre frère ?
    Il dévora des yeux les lettres tracées avec application, avec une expression où se mêlaient l’avidité, l’espoir et le désespoir. Il ferma les paupières un instant, les rouvrit, puis lut et relut la recette d’un antidiarrhéique comme s’il s’agissait des Evangiles. »  Page 241
  • « Le camp semblait tout droit sorti de L’Enfer de Dante, des silhouettes noires gesticulant devant la lueur des flammes, se bousculant dans la fumée et la confusion, des cris « Au meurtre ! Au meurtre ! » s’élevant de toutes parts. »  Page 286
  • « Rob était venu rapporter un livre prêté par Roger et proposer d’emmener Jem au cinéma avec Bobby le vendredi suivant. »  Page 317
  • « Le temps que Rob prenne congé (ainsi qu’un autre livre) en se confondant en remerciements et en leur rappelant qu’il passerait prendre Jem le vendredi suivant, elle était prête à hisser William Buccleigh hors du trou du curé par la peau du cou, à le conduire droit à Craigh na Dun elle-même et à le pousser à travers les pierres. »  Page 318
  • « Les lettres noires sur le papier devinrent soudain nettes et je lâchai un petit cri de surprise.
    — Ah, nous approchons du but !
    L’opticien, M. Lewis, m’observait par-dessus ses lunettes, le regard pétillant.
    — Essayez donc celles-ci.
    Il retira délicatement la paire de démonstration de mon nez et m’en tendit une autre. Je les chaussai et examinai la page du livre devant moi. »  Page 331
  • « Je m’éloignai pour regarder les tables près de l’entrée. Elles étaient chargées de livres et d’opuscules. J’en saisis un. Sur la couverture était écrit Encyclopædia Britannica et, dessous, Laudanum.
    La teinture d’opium ou opium liquide, également appelée teinture thébaïque, se prépare comme suit : prenez deux onces d’opium préparé, une drachme de cannelle et de clous de girofle, une livre de vin d’Espagne, infusez pendant une semaine à l’abri de la chaleur, filtrez au papier.
    L’opium est actuellement très prisé et un électuaire des plus précieux. En application externe, c’est un émollient, un décontractant, un discutient. Il favorise la suppuration. Laissé longtemps sur la peau, il est dépilatoire et provoque toujours un prurit ; il peut exulcérer et soulever de petites ampoules s’il est appliqué sur des parties sensibles. Toujours en application externe, il peut soulager la douleur et même induire le sommeil. Il ne doit en aucun cas être appliqué sur la tête, surtout sur les sutures du crâne, car il pourrait alors avoir des effets très néfastes, voire mortels. Ingéré, l’opium soigne la mélancolie, soulage la douleur, induit le sommeil et est sudorifique.Pour une dose modérée, on recommande moins d’un grain… Je me tournai vers Jamie, qui lisait, intrigué, les caractères installés dans la forme de la presse.
    — Tu sais ce que signifie « discutient » ?
    — Oui. Cela veut dire « qui dissout ». Pourquoi ?
    — Ah. Ça explique sans doute pourquoi il est préférable de ne pas appliquer du laudanum sur les sutures du crâne.
    Il me lança un regard perplexe.
    — Pourquoi ferait-on une chose pareille ?
    — Je n’en ai pas la moindre idée.
    Fascinée, je repris mon examen. Un autre opuscule intitulé La Matrice contenait d’excellentes gravures du pelvis disséqué d’une femme. Ses organes internes étaient montrés sous différents angles et présentaient également les différentes phases de développement d’un fœtus. Si c’était là l’œuvre de M. Bell, il était à la fois un merveilleux artisan et un fin observateur.
    — Tu n’aurais pas un penny ? J’aimerais acheter celui-ci.
    Jamie fouilla dans son sporran et déposa une pièce sur le comptoir. Il lança un regard vers l’opuscule dans mes mains et recula instinctivement. »  Pages 337 et 338
  • « — Je voudrais qu’il emporte ma presse.
    — Quoi ? Tu confierais ta précieuse chérie à un quasi-inconnu ?
    Il me jeta un regard noir mais acheva de mastiquer son morceau de pain beurré avant de me répondre :
    — Je suis sûr qu’il en prendra le plus grand soin. Après tout, il ne va pas imprimer mille exemplaires de Clarisse Harlowe à bord du navire.
    J’étais très amusée. »  Page 339
  • « — Ah, fit-il.
    Il aperçut un bout de l’opuscule qui dépassait de mon réticule.
    — Je vois que vous êtes passés à l’imprimerie.
    Je sortis le petit livre du sac. J’espérais que Jamie n’avait pas l’intention d’écraser Andy Bell comme un insecte pour avoir pris des libertés avec sa presse. Je venais juste de prendre conscience de sa relation avec « Bonnie » et j’ignorais jusqu’où allait sa possessivité outragée.
    — C’est un ouvrage remarquable, déclarai-je à M. Bell. Dites-moi, combien de spécimens avez-vous utilisés ?
    Il parut surpris mais répondit volontiers et nous nous lançâmes dans une conversation fort intéressante, quoique plutôt macabre, sur les difficultés de la dissection par temps chaud et la différence entre la préservation dans une solution saline ou un bain d’alcool. Nos voisins de table terminèrent leur repas en hâte et se levèrent avec une mine horrifiée. Jamie, lui, était confortablement enfoncé dans sa chaise, l’air affable mais ne quittant pas Andy Bell de son œil implacable.
    L’imprimeur ne semblait pas gêné outre mesure par ce regard de Gorgone et me raconta la réaction qu’avait provoquée sa publication de l’édition reliée de l’Encyclopædia. Le roi était tombé sur les planches du chapitre « Matrice » et avait ordonné que ces pages soient arrachées – ce crétin de Teuton inculte ! »  Page 341
  • « Nouant un chiffon imbibé de térébenthine autour de ma tête et le remontant juste sous mon nez, je citai :
    — Et vit le crâne sous la peau, et des créatures sans seins sous terre se penchèrent en arrière avec un sourire sans lèvres.
    Andy Bell me lança un regard de biais.
    — Je n’aurais su le dire mieux. C’est de vous ?
    — Non, d’un certain Eliot. »  Page 345
  • « J’avais eu l’intention d’attendre que Jamie ait sifflé une pinte ou deux de whisky avant d’aborder le sujet mais le moment semblait opportun. Je me lançai :
    — Pendant que nous œuvrions, je lui ai décrit un peu mon travail. Je lui ai parlé de mes opérations, de cas pathologiques intéressants et de diverses broutilles médicales, tu vois ce que je veux dire.
    J’entendis Ian murmurer « Qui se ressemble s’assemble » mais je ne relevai pas.
    — Oui, et alors ?
    Jamie paraissait sur ses gardes. Il flairait anguille sous roche.
    Je pris une grande inspiration.
    — Eh bien… pour résumer, il a suggéré que j’écrive un livre. Un manuel médical.
    Jamie se contenta de hocher la tête, m’encourageant à continuer.
    — Ce serait un manuel pour monsieur Tout-le-monde, pas un livre pour les médecins. Avec des principes d’hygiène et de nutrition, des conseils pour les maladies les plus communes, des recettes de remèdes simples, des instructions pour soigner les plaies et les dents gâtées, ce genre de choses.
    Il continuait de hocher la tête. Il engloutit le dernier scone puis déclara :
    — En effet, ce serait un livre très utile et tu es la personne tout indiquée pour l’écrire. A-t-il « suggéré » combien cela coûterait de l’imprimer et de le relier ?
    — Ah. Le livre ne devra pas dépasser cent cinquante pages. Il en tirera trois cents exemplaires, reliés en bougran, et les distribuera dans son échoppe. Tout ça en échange des douze ans de loyer qu’il te doit pour ta presse. »  Pages 348 et 349
  • « — Vous n’aviez jamais parlé d’écrire un livre, ma tante, déclara Ian intrigué.
    — Je n’y avais encore jamais réfléchi, répliquai-je, sur la défensive. En outre, cela aurait été très difficile et coûteux tant que nous vivions à Fraser’s Ridge. »  Page 349
  • « — Tu en as vraiment envie, Sassenach ?
    J’acquiesçai vigoureusement et il reposa son verre avec un soupir.
    — D’accord, dit-il, résigné. Mais j’exige aussi une édition spéciale reliée en cuir et dorée sur tranche. Et pas moins de cinq cents exemplaires. Après tout, tu voudras en emporter avec toi en Amérique, non ? »  Page 350
  • « Je me sentais étrangement à mon aise en sa présence mais je ne pouvais y passer la journée. J’avais un livre à écrire. »  Page 353
  • « Et le lieu qu’il habitait ne le connaîtra plus. Ce verset du Livre de Job me revint en mémoire tandis que les hommes prenaient enfin une décision et commençaient à soulever le cercueil hors de ses roues. »  Page 361
  • « — Tu veux entrer dans les ordres ? demanda Claire. Vraiment ?
    — Oui. Cela fait longtemps que je sais que j’ai la vocation mais… c’est… compliqué.
    — Tu m’en diras tant ! s’exclama Jamie. En as-tu parlé à quelqu’un ? Au prêtre ? A ta mère ?
    — A tous les deux.
    — Et qu’ont-ils dit ? s’enquit Claire.
    Elle paraissait fascinée et, adossée au rocher, ne quittait pas la jeune femme des yeux.
    — Ma mère a dit que j’avais perdu la raison à force de lire des livres et que c’était de ta faute, parce que tu m’en avais donné le goût. Elle veut que j’épouse le vieux Geordie McCann mais je préférerais me jeter dans un puits. »  Page 405
  • « — C’est peut-être vrai, j’ai pu influencer les petites avec mes livres. Je leur faisais la lecture parfois le soir. Elles s’asseyaient sur le banc avec moi, une de chaque côté, leur tête contre mon épaule, et je…Il s’interrompit pour me jeter un coup d’œil. Il craignait de me faire de la peine à l’idée qu’il ait pu vivre un moment heureux dans la maison de Laoghaire. Je souris et lui pris le bras.
    — Je suis sûre qu’elles adoraient ça. Mais je doute que tu aies lu à Joan quelque chose qui lui ait donné envie d’entrer dans les ordres.
    Il fit une moue dubitative.
    — Je leur ai lu la Vie des saints. Ah, et aussi Le Livre des martyrs de John Foxe. Sauf que celui-ci traite en grande partie de protestants et que Laoghaire affirmait qu’un protestant ne pouvait être un martyr puisque tous les protestants étaient des hérétiques. Je lui ai répondu qu’on pouvait être martyr et protestant et que… »  Page 409
  • « — Il n’existe pas de terme pour décrire ce qu’elle est. Mais elle a la connaissance des événements à venir. Ecoute-la…
    Ces mots les calmèrent tous et ils devinrent attentifs. Je me raclai la gorge, extrêmement embarrassée par mon rôle de sibylle mais ne pouvant plus reculer. Pour la première fois, je ressentis une affinité avec les prophètes malgré eux de l’Ancien Testament. Je crus comprendre ce qu’avait ressenti Jérémie lorsqu’il avait reçu l’ordre d’annoncer la destruction de Jérusalem. J’espérais seulement que ma prophétie serait mieux accueillie. Il me semblait me souvenir que les habitants l’avaient jeté dans un puits. »  Page 417
  • « Il eut une pensée compatissante pour Claire. Après l’incident dans le poulailler avec Jenny, elle s’était retranchée dans le bureau de Ian. (Il l’avait invitée à s’en servir, ce qui devait agacer Jenny plus que tout.) Elle y passait ses journées à écrire, rédigeant le livre qu’Andy Bell lui avait mis en tête. »  Page 426
  • « — Oui, répondit Roger. Il veut rentrer chez lui de tout son cœur. Comme il a deviné que je savais comment m’y prendre, il voulait me parler. Mais seul un fou aurait frappé à la porte d’un inconnu pour lui poser ce genre de questions, surtout un inconnu que tu as bien failli tuer et d’autant plus un inconnu capable de te foudroyer sur place ou de te transformer en corbeau. Il a donc quitté son travail et nous a épiés. Il voulait peut-être vérifier que nous ne jetions pas des os humains dans la poubelle, ce genre de choses. Un jour, il est tombé sur Jem près du Broch et lui a dit qu’il était le Nuckelavee, en partie pour lui faire peur mais aussi parce que, si Jem m’en parlait, je monterais peut-être là-haut pour faire quelque chose de magique. Auquel cas…Elle acheva à sa place :
    — Auquel cas, il aurait su que tu étais dangereux mais aussi que tu avais le pouvoir de le renvoyer chez lui, comme le Magicien d’Oz.Il hocha la tête.
    — Pourtant, il ne ressemble pas du tout à la petite Dorothée… »  Page 455
  • « — Cameron… il a lu le cahier lui aussi. C’était par accident. Il a fait semblant de croire que c’était un roman, un texte que j’avais écrit comme ça, pour rire. Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? »  Page 468
  • « Me sentant un peu comme Alice dégringolant dans le terrier du Lapin blanc (j’étais encore légèrement abrutie par le manque de sommeil et le long voyage), je demandai le chemin jusqu’à Chestnut Street. »  Page 502
  • « Ce matin, alors que je cherchais un café à Saint-Germain-des-Prés, j’ai eu la chance de tomber sur M. Lyle, que j’avais rencontré à Edimbourg. Il m’a salué avec effusion, s’est enquis de ma santé puis, après avoir discuté de tout et de rien, m’a invité à le rejoindre à la réunion d’un cercle dont les membres incluent Voltaire, Diderot et d’autres dont les opinions sont écoutées dans les milieux que je souhaite infiltrer.
    Je me suis donc rendu à quatorze heures à l’adresse indiquée et me suis trouvé dans une demeure grandiose qui n’était autre que la résidence parisienne de M. Beaumarchais. »  Page 520
  • « La joute oratoire avait pour thème : « La plume est-elle plus puissante que l’épée ? » M. Lyle et ses amis défendaient cette proposition, M. Beaumarchais et sa clique arguant du contraire. Le débat fut animé, avec de nombreuses allusions aux œuvres de Rousseau et de Montaigne (non sans quelques attaques personnelles contre le premier du fait de ses opinions amorales concernant le mariage). Finalement, ce fut M. Lyle qui l’emporta. J’envisageai de montrer ma main droite à l’assistance afin de soutenir les arguments de la contre-proposition (un échantillon de ma calligraphie aurait sans doute achevé de les convaincre) mais je m’en abstins, n’étant présent qu’en tant qu’observateur.
    Je trouvai l’occasion plus tard d’aborder M. Beaumarchais et, en guise de plaisanterie, lui fis cette observation. Il fut très impressionné par mon doigt manquant et quand, à sa demande, je lui racontai comment cela m’était arrivé (ou ce que je choisis de lui raconter), il parut aux anges. »  Page 521
  • « Je suis fort satisfait du résultat de cette première incursion et rassuré en me disant que, si l’âge ou une blessure m’empêchent de gagner ma vie par l’épée, la charrue ou la presse à imprimerie, je pourrai toujours devenir un plumitif de romans d’aventures. »  Page 523
  • « Mes chandelles volées sont presque consumées. Mes yeux et ma main sont tellement épuisés que j’ai autant de mal à former mes mots qu’à les déchiffrer. Je ne peux qu’espérer que tu parviendras à lire la dernière partie de cette épître. »  Page 524
  • « Elle saisit le petit serpent, puisant un peu de confort dans sa sinuosité, sa surface lisse. Elle lança un coup d’œil vers le coffret en envisageant de se réfugier dans la compagnie de ses parents, mais déplier des lettres que Roger ne lirait peut-être jamais avec elle… Elle reposa le serpent et fixa d’un regard absent les rangées de livres sur les étagères.
    Près des ouvrages sur la révolution américaine commandés par Roger se trouvaient les livres de son père, ceux qu’elle avait rapportés de son ancien bureau. Sur leur tranche était écrit Franklin W. Randall. Elle en prit un et s’assit, le serrant sur son cœur. »  Page 529
  • « Au moins, l’imprimerie était calme. Deux personnes seulement étaient entrées et seule une d’entre elles lui avait adressé la parole, pour lui demander le chemin de Slip Alley. Elle massa sa nuque raide et ferma les yeux. Marsali ne tarderait plus. Elle pourrait ensuite aller s’allonger avec un linge humide sur le visage et…La sonnette au-dessus de la porte tinta et elle se redressa, un sourire machinal aux lèvres. Quand elle vit le visiteur, il s’effaça aussitôt.
    — Sors !
    Elle descendit de son tabouret en évaluant la distance jusqu’à la porte du logement.
    — Sors tout de suite !
    Si elle parvenait à s’enfuir par la cour…
    — Ne bouge pas, ordonna Arch Bug.
    Sa voix grinçait comme du métal rouillé.
    — Je sais ce que tu veux, répondit-elle en reculant d’un pas. Je comprends ton chagrin, ta colère, mais ce que tu comptes faire est mal, le Seigneur ne veut…
    Il la dévisagea avec une étrange douceur.
    — Tais-toi donc, ma fille. Nous allons rester tranquillement ici et l’attendre.
    — L’attendre ?
    — Oui, lui.
    Il bondit soudain et lui agrippa le bras. Elle hurla et se débattit mais ne parvint pas à lui faire lâcher prise. Il souleva le rabat et la traîna de l’autre côté, la projetant contre une table en faisant tomber des piles de livres. »  Pages 585 et 586
  • « Il avait tourné la tête et tendait l’oreille, sa main sur le manche de sa hache. Il sourit soudain. On entendait un bruit de pas de course.
    — Ian ! N’entre pas !
    Naturellement, il entra. Elle saisit un livre et le lança à la tête du vieillard qui l’esquiva facilement et lui tordit le poignet, sa hache à la main. »  Page 586
5 étoiles, F, M

Millénium, tome 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette

Millénium, tome 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette de Stieg Larsson.

Éditions Actes Sud (Actes noirs), publié en 2006, 665 pages

Deuxième tome de la trilogie « Millénium » de Stieg Larsson paru initialement en 2005 sous le titre « Flickan som lekte med elden».

Mikael Blomkvist et son associée Erika Berger travaillent d’arrache-pied pour éditer dans leur revue Millenium un dossier percutant sur un réseau de prostitution en Suède. Mais le malheur s’acharne, le journaliste principal qui enquête sur le dossier et sa compagne de vie, dont la thèse de doctorat porte sur le même sujet, sont assassiner. Le lendemain c’est le corps de l’avocat Niels Bjurman, tuteur de Lisbeth Salander, qui est découvert. Les trois meurtres ont été perpétrés avec la même arme et les empreintes de Lisbeth se retrouvent sur celle-ci. La police lance donc un mandat d’arrêt contre elle. Aussitôt rentré d’un voyage d’un an autour du monde, Lisbeth se retrouve traquée par toute la police suédoise. Mikael se refuse d’admettre sa culpabilité malgré les apparences, il débute sa propre enquête pour prouver l’innocence de Lisbeth et faire éclater la vérité.

Surprenamment, une suite plus haletant que le premier tome. Ce roman est passionnant, l’histoire est complexe mais très originale. Au début il y a quelques longueurs qui sont par contre nécessaires à la compréhension des événements. Bien que l’intrigue mette du temps à s’installer et à démarrer, le lecteur est rapidement happé par l’histoire. Certes une nouvelle intrigue nous est proposée mais c’est surtout la suite des vies de Lisbeth et de Mikael qui capte l’attention. Encore une fois tous les personnages sont fascinants, bien ficelés et d’un réalisme stupéfiant. Ce roman permet de découvrir plus en profondeur le personnage de Lisbeth, ses motivations, son histoire et ses origines. Au fil des pages on s’attache de plus en plus à cette fascinante pirate informatique. Le style fluide de l’auteur est toujours aussi plaisant avec un scénario original, une écriture simple et des chapitres courts qui donnent un bon rythme au texte. Un excellent thriller journalistique qui tient le lecteur en haleine du début à la fin.

La note : 5 étoiles

Lecture terminée le 25 novembre 2015

La littérature dans ce roman :

  • « Lisbeth Salander posa son livre sur ses genoux, prit son verre et sirota une gorgée de café avant de se tendre pour attraper le paquet de cigarettes. »  Page 8
  • « Les disputes dans la chambre voisine commençaient rituellement entre 22 et 23 heures, à peu près au moment où Lisbeth se mettait au lit avec un livre sur les mystères des mathématiques. »  Page 10
  • « NEUF MOIS PLUS TÔT, elle avait lu un article dans un Popular Science oublié par quelque passager à l’aéroport Leonardo da Vinci à Rome, et instantanément elle avait développé une fascination totale pour l’astronomie sphérique, sujet ardu s’il en était. Spontanément, elle s’était rendue à la librairie universitaire de Rome et avait acheté quelques-unes des thèses les plus importantes en la matière. Pour comprendre l’astronomie sphérique, elle avait cependant été obligée de se plonger dans les mystères relativement compliqués des mathématiques. Au cours de ces derniers mois, elle avait fait le tour du monde et avait régulièrement rendu visite aux librairies spécialisées pour trouver d’autres livres traitant de ce sujet.
    D’une manière générale, ces livres étaient restés enfouis dans ses bagages, et ses études avaient été peu systématiques et quelque peu velléitaires jusqu’à ce que par hasard elle soit passée à la librairie universitaire de Miami pour en ressortir avec Dimensions in Mathematics du Dr. L. C. Parnault (Harvard University, 1999). Elle avait trouvé ce livre quelques heures avant d’entamer un périple dans les Antilles. »  Page 11
  • « La lecture du Caribbean Traveller lui avait appris que la Grenade était connue comme la Spice lsland, l’île aux épices, et que c’était un des plus gros producteurs au monde de noix muscade. La capitale s’appelait Saint George’s. L’île comptait 120.000 habitants, mais environ 200.000 autres Grenadiens étaient expatriés aux Etats-Unis, au Canada ou en Angleterre, ce qui donnait une bonne idée du marché du travail sur l’île. Le paysage était montagneux autour d’un volcan éteint, Grand Etang.
    Historiquement, la Grenade était une des nombreuses anciennes colonies britanniques insignifiantes où le capitaine Barbe-Noire avait peut-être, ou peut-être pas, débarqué et enterré un trésor. La scène avait le mérite de faire fantasmer. En 1795, la Grenade avait attiré l’attention politique après qu’un ancien esclave libéré du nom de Julian Fedon, s’inspirant de la Révolution française, y avait fomenté une révolte, obligeant la couronne à envoyer des troupes pour hacher menu, pendre, truffer de balles et mutiler un grand nombre de rebelles. Le problème du régime colonial était qu’un certain nombre de Blancs pauvres s’étaient joints à la révolte de Fedon sans la moindre considération pour les hiérarchies ou les frontières raciales. La révolte avait été écrasée mais Fedon ne fut jamais capturé ; réfugié dans le massif du Grand Etang, il était devenu une légende locale façon Robin des Bois.
    Près de deux siècles plus tard, en 1979, l’avocat Maurice Bishop avait démarré une nouvelle révolution inspirée, à en croire le guide, par the communist dictatorship in Cuba and Nicaragua, mais dont Lisbeth Salander s’était rapidement fait une tout autre image après avoir rencontré Philip Campbell – professeur, bibliothécaire et prédicateur baptiste. Elle était descendue dans sa guesthouse pour ses premiers jours sur l’île. On pouvait résumer ainsi l’histoire : Bishop avait été un leader extrêmement populaire qui avait renversé un dictateur fou, fanatique d’ovnis par-dessus le marché et qui dilapidait une partie du maigre budget de l’Etat dans la chasse aux soucoupes volantes. Bishop avait plaidé pour une démocratie économique et introduit les premières lois du pays sur l’égalité des sexes avant d’être assassiné en 1983 par une horde de stalinistes écervelés, qui depuis séjournaient dans la prison de l’île.
    Après l’assassinat, inclus dans un massacre d’environ cent vingt personnes, dont le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Condition féminine et quelques leaders syndicaux importants, les Etats-Unis étaient intervenus en débarquant sur l’île pour y rétablir la démocratie. Conséquence directe pour la Grenade, le chômage était passé de six à près de cinquante pour cent et le trafic de cocaïne était redevenu la source de revenus la plus importante, toutes catégories confondues. Philip Campbell avait secoué la tête en lisant la description dans le guide de Lisbeth et lui avait donné quelques bons conseils concernant les personnes et les quartiers qu’elle devait éviter une fois la nuit tombée. »  Pages 11 à 13
  • « Inquiet et n’arrivant toujours pas à la joindre, il alla chez elle début janvier s’asseoir sur une marche d’escalier devant son appartement. Il avait apporté un livre et il attendit obstinément pendant quatre heures avant qu’elle arrive, peu avant 23 heures.
    – Salut, Lisbeth, fit-il en refermant son livre. »  Page 16
  • « Elle mémorisa une formule mathématique de trois lignes et referma Dimensions in Mathematics, puis attrapa la clé de sa chambre et son paquet de cigarettes sur la table. »  Page 18
  • « Ses yeux passèrent sur elle sans la reconnaître, avant qu’il aille s’asseoir du côté diamétralement opposé de la terrasse, puis il fixa son regard sur l’eau devant le restaurant.
    Lisbeth Salander haussa un sourcil et examina l’homme qu’elle voyait de profil. Il semblait complètement absent et resta immobile pendant sept minutes. Puis il leva soudain son verre et but trois bonnes gorgées. Il reposa le verre et se remit à fixer l’eau. Un moment plus tard, Lisbeth ouvrit son sac et sortit Dimensions in Mathematics. »  Page 23
  • « Mais quand elle avait ouvert Dimensions in Mathematics, un monde totalement nouveau s’était présenté à elle. En fait les mathématiques étaient un puzzle logique avec des variations à l’infini – des énigmes qu’on pouvait résoudre. L’intérêt n’était pas de solutionner des exemples de calcul. Cinq fois cinq donnait toujours vingt-cinq. L’intérêt était d’essayer de comprendre la composition des règles qui permettaient de résoudre n’importe quel problème mathématique.
    Dimensions in Mathematics n’était pas un manuel strict de mathématiques, mais une version poche d’un pavé de mille deux cents pages sur l’histoire des mathématiques depuis l’Antiquité grecque jusqu’aux tentatives contemporaines pour maîtriser l’astronomie sphérique. Le bouquin était considéré comme une bible, comparable à ce qu’avait un jour signifié l’Arithmétique de Diophante, et qu’il signifiait toujours, pour les mathématiciens sérieux. La première fois qu’elle avait ouvert Dimensions, c’était sur la terrasse de l’hôtel à Grand Anse Beach et elle s’était soudain retrouvée dans un monde enchanté de chiffres, dans un livre écrit par un auteur bon pédagogue mais qui savait aussi surprendre le lecteur avec des anecdotes et des problèmes déroutants. Elle avait pu suivre l’évolution des mathématiques d’Archimède jusqu’aux très contemporains Jet Propulsion Laboratories en Californie. Elle comprenait leurs méthodes pour résoudre les problèmes.
    Elle avait vécu la rencontre avec le théorème de Pythagore (x2+y2=z1), formulé environ cinq cents ans avant J.C, comme une sorte de révélation. Brusquement, elle avait compris le sens de ce qu’elle avait mémorisé dès le collège, à un des rares cours auxquels elle avait assisté. Dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés de l’angle droit. Elle était fascinée par la découverte d’Euclide vers l’an 300 avant J.C, énonçant qu’un nombre parfait est toujours un multiple de deux nombres, dont l’un est une puissance de 2 et l’autre le même nombre à la puissance suivante de 2 moins 1. C’était une amélioration du théorème de Pythagore et elle comprenait l’infinité de combinaisons possibles.
    6= 21 x (22-1)
    28 = 22 x (23-1)
    496 = 24 x (25-1)
    8 128 = 26 x (27-1)
    Elle pouvait poursuivre indéfiniment sans trouver de nombre qui péchait contre la règle. Il y avait là une logique qui plaisait au sens de l’absolu de Lisbeth Salander. Elle avait rapidement et avec un plaisir manifeste assimilé Archimède, Newton, Martin Gardner et une douzaine d’autres mathématiciens classiques.
    Ensuite, elle était arrivée au chapitre de Pierre de Fermat dont l’énigme mathématique, le théorème de Fermat, l’avait décontenancée pendant sept semaines. Ce qui fut certes un délai raisonnable en considérant que Fermat avait poussé des mathématiciens à la folie pendant près de quatre siècles avant qu’un Anglais du nom d’Andrew Wiles arrive, aussi tard qu’en 1993, à résoudre son puzzle.
    Le théorème de Fermat était un postulat d’une simplicité trompeuse.
    Pierre de Fermat était né en 1601 à Beaumont-de-Lomagne dans le Sud-ouest de la France. Ironie de l’histoire, il n’était même pas mathématicien mais magistrat et se consacrait aux mathématiques comme une sorte de passe-temps bizarre. Pourtant, il était considéré comme un des mathématiciens autodidactes les plus doués de tous les temps. Tout comme Lisbeth Salander, il aimait bien résoudre des puzzles et des énigmes. Ce qui semblait l’amuser par-dessus tout était de se gausser d’autres mathématiciens en construisant des problèmes sans se donner la peine de fournir la solution. Le philosophe René Descartes affubla Fermat d’un tas d’épithètes dégradantes alors que son collègue anglais John Wallis l’appelait « ce fichu Français ».
    Dans les années 1630 était sortie une traduction française de l’Arithmétique de Diophante, qui regroupait la totalité des théories formulées par Pythagore, Euclide et autres mathématiciens de l’Antiquité. C’était en travaillant sur le théorème de Pythagore que Fermat, dans une illumination géniale, avait posé son problème immortel. Il formula une variante du théorème de Pythagore. Au lieu de (x2+y2=z2) Fermat transforma le carré en cube (x3+y3 =z3).
    Le problème était que la nouvelle équation ne semblait pas avoir de solutions avec des nombres entiers. Ainsi, moyennant un petit changement théorique, Fermat avait transformé une formule proposant un nombre infini de solutions parfaites en une impasse qui n’en avait aucune. Son théorème était cela justement – Fermat affirmait que nulle part dans l’univers infini des nombres il n’existait de nombre entier où un cube pouvait s’exprimer comme étant la somme de deux cubes et que ceci était la règle pour tous les nombres qui ont une puissance supérieure à 2, c’est-à-dire justement le théorème de Pythagore.
    Les autres mathématiciens eurent vite fait d’être d’accord. Utilisant la méthode d’essais et erreurs, ils purent constater qu’ils ne trouvaient pas de nombre réfutant l’affirmation de Fermat. Le seul problème était que même s’ils faisaient des calculs jusqu’à la fin des temps, ils ne pourraient vérifier tous les nombres existants, et que par conséquent les mathématiciens ne pouvaient pas affirmer que le nombre suivant n’allait pas infirmer le théorème de Fermat. En mathématiques, les affirmations doivent en effet être démontrables mathématiquement et s’exprimer par une formule générale et scientifiquement correcte. Le mathématicien doit pouvoir monter sur un podium et prononcer les mots « il en est ainsi parce que… ».
    Fermat, selon son habitude, se moqua de ses collègues. Dans la marge de son exemplaire de l’Arithmétique, le génie griffonna des hypothèses et termina avec quelques lignes. Cuius rei demonstrationem mirabilem sane detexi hanc marginis exiquitas non caperet. Soit : J’en ai découvert une démonstration merveilleuse. L’étroitesse de la marge ne la contient pas.
    Si son intention était de pousser ses collègues à la folie, il y réussit parfaitement. Depuis 1637, pratiquement tous les mathématiciens qui se respectent ont consacré du temps, parfois beaucoup de temps, à essayer de démontrer la conjecture de Fermat. Des générations de penseurs s’y sont cassé les dents jusqu’à ce qu’Andrew Wiles fasse la démonstration que tout le monde attendait, en 1993. Cela faisait alors vingt-cinq ans qu’il réfléchissait à l’énigme, et les dix dernières années pratiquement à temps plein.
    Lisbeth Salander était sacrement perplexe.
    En fait, la réponse ne l’intéressait pas du tout. C’était la recherche de la solution qui la tenait en haleine. Quand quelqu’un lui donnait une énigme à résoudre, elle la résolvait. Avant de comprendre le principe des raisonnements, elle mettait du temps à élucider les mystères mathématiques, mais elle arrivait toujours à la réponse correcte avant d’ouvrir le corrigé.
    Elle avait donc sorti un papier et s’était mise à griffonner des chiffres après avoir lu le théorème de Fermat. Et, non sans surprise, elle n’avait pas trouvé la solution de l’énigme.
    S’interdisant de regarder le corrigé, elle avait sauté le passage où était présentée la solution d’Andrew Wiles. A la place, elle avait fini la lecture de Dimensions et constaté qu’aucun des autres problèmes formulés dans le livre ne lui posait de difficultés particulières. Jour après jour ensuite, elle s’était repenchée sur l’énigme de Fermat avec une irritation croissante en se demandant quelle « démonstration merveilleuse » Fermat avait pu trouver. Sans cesse, elle s’enfonçait dans de nouvelles impasses. »  Pages 24 à 28
  • « Comme d’habitude, elle s’installa seule à l’extrémité droite du bar et ouvrit un livre bourré d’étranges formules mathématiques, ce qui aux yeux d’Ella Carmichael était un choix de littérature étrange pour une jeune célibataire de son âge. »  Page 28
  • « Lisbeth resta au bar une dizaine de minutes, le nez dans Dimensions. Avant même son adolescence, elle avait compris qu’elle était dotée d’une mémoire photographique et était par conséquent différente de ses camarades de classe. Elle n’avait jamais révélé cette singularité à personne – sauf à Mikael Blomkvist dans un instant de faiblesse. Elle connaissait déjà par cœur le texte de Dimensions et elle continuait à trimballer le livre surtout parce qu’il constituait un lien visuel vers Fermat, comme si le livre était devenu un talisman. »  Page 30
  • « Finalement, elle ferma le livre, monta dans sa chambre et démarra son PowerBook. »  Page 30
  • « Elle avait fait une longue promenade sur la plage et s’était assise à l’ombre de quelques palmiers pour regarder des enfants qui jouaient au foot au bord de l’eau. Elle avait ouvert Dimensions et elle était plongée dans sa lecture quand il était venu s’asseoir quelques mètres seulement devant elle, apparemment sans remarquer sa présence. Elle l’avait observé en silence. Un jeune Black en sandales, pantalon noir et chemise blanche.
    Comme elle, il avait ouvert un livre et s’était plongé dans la lecture. Comme elle, il étudiait un livre de mathématiques – Basics 4. Apparemment concentré sur le sujet, il commença à griffonner sur les pages d’un cahier. Ce n’est qu’au bout de cinq minutes, quand elle toussota, qu’il remarqua sa présence, et il sursauta, effrayé. Il s’excusa de l’avoir dérangée, ramassa son sac et son livre, et il s’apprêtait à quitter l’endroit quand elle lui demanda s’il trouvait les maths difficiles. »  Page 31
  • « C’était prestigieux d’avoir Mikael Blomkvist comme invité à une réception pour la sortie d’un livre ou une soirée privée. D’où cette avalanche d’invitations et de demandes de participation à tel ou tel événement. »  Page 44
  • « A part le fait que Lisbeth Salander connaissait par cœur le Lévitique – l’année précédente, elle avait été amenée à s’intéresser aux châtiments bibliques -, ses connaissances en histoire des religions étaient modestes. »  Page 58
  • « Elle remarqua soudain qu’un vent croissant secouait les feuillages des palmiers du côté du mur devant la plage. La Grenade se trouvait en bordure de Mathilda. Lisbeth suivit le conseil d’Ella Carmichael et mit dans son fourre-tout en nylon l’ordinateur, Dimensions in Mathematics, quelques affaires personnelles et des vêtements de rechange, et le posa à côté du lit. »  Page 61
  • « A Londres, elle avait loupé la correspondance du dernier vol pour la Suède, et avait dû attendre des heures avant qu’on lui trouve une place dans le premier vol du matin.
    Lisbeth se sentait comme un sac de bananes qu’on aurait oublié au soleil pendant un après-midi entier. Elle n’avait qu’un bagage à main, contenant son PowerBook, Dimensions et quelques vêtements bien comprimés. »  Page 75
  • « – Dag Svensson est venu me voir la semaine dernière avec l’ébauche d’un sujet. Je lui ai demandé d’être présent à cette réunion. Tu l’expliqueras mieux que moi, dit Erika en se tournant vers Dag.
    – Le trafic de femmes, dit Dag Svensson. C’est-à-dire l’exploitation sexuelle des femmes. Dans le cas présent, principalement originaires des pays baltes et de l’Europe de l’Est. Pour tout vous dire, je suis en train d’écrire un livre là-dessus et c’est pour cela que j’ai contacté Erika – vu que vous fonctionnez aussi comme maison d’édition.
    Tout le monde sembla trouver cela assez drôle. Les éditions Millenium n’avaient pour l’instant édité qu’un seul livre, en l’occurrence le pavé datant d’un an de Mikael Blomkvist sur l’empire financier du milliardaire Wennerström. Le livre en était à sa sixième édition en Suède et avait aussi été publié en norvégien, en allemand et en anglais, et il était en cours de traduction en français. Ce succès commercial leur paraissait assez incompréhensible compte tenu que l’histoire était déjà archiconnue et avait été dévoilée dans d’innombrables journaux.
    – Notre production livresque n’est pas des plus consistantes, dit Mikael prudemment. »  Page 90
  • « – Sans aucun doute, dit Erika Berger. Mais ça fait un an qu’on discute pour savoir si on se lance réellement dans l’édition. Nous en avons parlé lors de deux conseils d’administration et tout le monde était positif. L’idée est celle d’une politique d’édition limitée à trois ou quatre livres par an – qui en gros ne seront que des reportages sur différents sujets. Des produits journalistiques typiques, autrement dit. Le livre de Dag s’inscrit parfaitement dans cette optique. »  Page 90
  • « – Ce n’est pas un secret. Le sujet est même loin d’être nouveau. Ce qui est nouveau, par contre, c’est que nous avons interrogé une douzaine de Lilya 4-ever. Pour la plupart, ce sont des filles de quinze à vingt ans, elles croupissent dans la misère sociale des pays de l’Est et on les fait venir ici en leur faisant miroiter diverses promesses de boulot, mais au bout du compte elles se retrouvent entre les mains d’une mafia du sexe totalement dénuée de scrupules. Certaines des expériences qu’ont eues ces filles-là font paraître Lilya 4-ever comme un divertissement familial. Et je ne dis pas ça pour dévaloriser le film de Moodysson – il est excellent. Ce que je veux dire, c’est que ces filles ont vécu des trucs qu’on ne peut simplement pas décrire dans un film.
    – D’accord.
    – C’est pour ainsi dire le noyau de la thèse de Mia. Mais pas de mon livre. »  Pages 91 et 92
  • « – Je travaille sur cette histoire depuis trois ans. Le livre va présenter des études d’exemples de michetons. J’ai au moins trois flics, dont un travaille à la Säpo et un aux Mœurs. J’ai cinq avocats, un procureur et un juge. J’épingle aussi trois journalistes dont un a écrit plusieurs textes sur le commerce du sexe. Dans le privé, il s’adonne à des délires de viol avec une prostituée adolescente de Tallinn… et dans ce cas il ne s’agit pas précisément de goût sexuel partagé. J’ai l’intention de donner les noms. Ma documentation est en béton. »  Pages 92 et 93
  • « – Dag veut qu’on publie aussi le livre, dit Erika Berger.
    – Effectivement – je veux que le livre soit publié. Je veux qu’il arrive comme une bombe, et pour l’instant Millenium est le journal le plus crédible et le plus impertinent de la ville. Je vois mal d’autres maisons d’édition oser publier un livre comme celui-ci.
    – Donc, pas de livre, pas d’article, résuma Mikael.
    – Pour ma part, je trouve que ça colle, dit Malou Eriksson.
    – L’article et le livre sont deux choses distinctes. Dans le cas de l’article dans la revue, c’est Mikael le responsable de la publication. En ce qui concerne le livre, c’est l’auteur qui est le responsable.
    – Je sais, dit Dag Svensson. Ça ne m’inquiète pas. Au moment même de la publication du livre, Mia portera plainte contre tous ceux que je nomme. »  Page 93
  • « – C’est pour ça que je travaille encore ici. Le gérant est bon pour un saut périlleux de temps en temps, dit Monika Nilsson.
    Tout le monde rit, sauf Mikael.
    – Oui, Mikael était bien le seul à être assez bête pour devenir responsable de la publication, dit Erika Berger. On prend ce sujet pour mai. Et ton livre sortira dans la foulée
    – Le livre est prêt ? demanda Mikael.
    – Non. J’ai le synopsis du début à la fin, mais la moitié seulement est rédigée. Si vous êtes d’accord pour le publier et que vous me donnez une avance, je peux m’y mettre à plein temps. Quasiment toute la recherche est terminée. Il ne me reste que quelques petits trucs annexes à compléter – en fait seulement des confirmations de ce que je sais déjà – et il faut que je rencontre les michetons que je vais exposer au grand jour.
    – On fera comme avec le livre de Wennerström. Je n’ai jamais compris pourquoi les éditeurs ordinaires exigent dix-huit mois de délai de production pour sortir quelques centaines de pages. Il faut une semaine pour faire la mise en pages — Christer Malm acquiesça de la tête – et deux semaines pour imprimer. On procédera aux confrontations en mars-avril et on résumera sur quinze pages qui seront les dernières. Il nous faut donc le manuscrit bouclé pour le 15 avril pour qu’on ait le temps de passer toutes les sources en revue. »  Pages 94 et 95
  • « – Je n’ai jamais rédigé de contrat d’édition jusqu’à présent, il faut que je voie ça avec notre avocat. Mais je te propose une embauche pendant quatre mois, de février à mai, le temps que tu boucles le projet. Mais sache que nous ne proposons pas de salaires mirobolants.
    – Ça me va. J’ai besoin d’un salaire de base pour pouvoir me concentrer sur le livre à temps plein.
    – Sinon, la règle, c’est fifty-fifty sur les recettes du livre une fois les dépenses payées. Qu’est-ce que tu en dis ? »  Page 95
  • « – Mikael, je tiens à ce que tu sois l’éditeur de ce livre. Elle regarda Dag Svensson. Mikael ne veut pas l’admettre, mais il écrit remarquablement bien et de plus il s’y connaît en recherche. Il passera le moindre mot de ton livre au microscope. Je suis flattée que tu veuilles publier le livre chez nous, mais sache qu’on a des problèmes assez particuliers à Millenium. On a un certain nombre d’ennemis qui ne souhaitent que de nous voir mettre les pieds dans le plat. Quand on relève la tête et qu’on publie quelque chose, il faut que ça soit impeccable à cent pour cent. On ne peut pas se permettre autre chose. »  Page 96
  • « Ce fut Erika qui finit par orienter la conversation sur le sujet dont ils étaient censés discuter. Mia Bergman alla chercher une copie de sa thèse qu’elle posa sur la table devant Erika. Le titre était pour le moins ironique — Bons baisers de Russie, allusion évidente au 007 classique d’Ian Fleming. Le sous-titre l’était moins : Trafic de femmes, criminalité organisée et mesures prises par les autorités.
    – Faites bien la distinction entre ma thèse et le livre qu’écrit Dag, dit-elle. Le livre de Dag est la version d’un agitateur qui se polarise sur les profiteurs du trafic de femmes. Ma thèse, elle, est constituée de statistiques, d’études sur le terrain, de textes de lois et d’une analyse du comportement de la société et des tribunaux vis-à-vis des victimes. »  Pages 102 et 103
  • « Ensuite, elle ouvrit les cartons qu’elle avait apportés de Lundagatan et tria des livres, des journaux, des coupures et de la doc accumulée dans ses recherches, qu’elle devrait sans doute jeter. »  Page 108
  • « L’assemblée put sans difficulté constater que Millenium avait une assise économique stable comparée à la période de crise qui avait frappé l’entreprise deux ans plus tôt. Le compte de résultat faisait état d’un excédent de 2,1 millions de couronnes, dont 1 million constitué par les recettes du livre de Mikael Blomkvist sur l’affaire Wennerström. »  Page 114
  • « – Depuis le jour de ma naissance, j’ai été propriétaire d’une chose ou d’une autre. Et je passe mes journées à diriger un groupe où il y a plus d’intrigues que dans un roman d’amour grand public. Quand j’ai commencé à siéger dans votre conseil, c’était pour remplir des devoirs auxquels je ne pouvais pas me dérober. Mais je vais vous dire une chose : au cours de ces dix-huit derniers mois j’ai découvert que j’aime mieux siéger dans ce conseil d’administration que dans tous les autres réunis. »  Page 117
  • « Pour la Pentecôte un an auparavant, et après des mois sans y être allé, Mikael avait passé un moment dans sa cabane de Sandhamn rien que pour avoir la paix, s’asseoir face à la mer et lire un polar. »  Page 125
  • « Elle réfléchit un moment, prit ensuite le téléphone et appela son mari.
    – C’est moi. Qu’est-ce que tu fais, mon chéri ?
    – J’écris.
    Lars Beckman n’était pas seulement artiste plasticien ; il était surtout spécialiste en histoire de l’art et auteur de plusieurs livres sur le sujet. Il participait régulièrement au débat public et de grosses sociétés d’architectes le consultaient souvent. Les six derniers mois, il avait travaillé sur l’importance de la décoration artistique des bâtiments et la question du bien-être éprouvé par les gens dans certains bâtiments et pas dans d’autres. Le livre avait pris la tournure d’un pamphlet sur le fonctionnalisme qui, de l’avis d’Erika, allait faire des vagues dans le débat esthétique. »  Page 142
  • « Ils échangèrent des bisous au téléphone puis Erika appela Mikael Blomkvist. Il se trouvait chez Dag Svensson et Mia Bergman à Enskede, ils finissaient de faire le point sur quelques détails pas clairs dans le livre de Dag. »  Page 143
  • « Holger Palmgren avait les blancs, il avait fait une ouverture sicilienne dans les règles. Il avait réfléchi très longuement avant chaque coup. Quels que fussent les handicaps physiques à la suite de son attaque, son acuité intellectuelle fonctionnait en tout cas parfaitement
    Lisbeth Salander était plongée dans un livre sur un sujet aussi saugrenu que le calibrage de fréquence des radiotélescopes en état d’apesanteur. Elle avait mis un coussin sous ses fesses pour arriver à une hauteur acceptable devant la table. Quand Palmgren avait bougé son pion, elle avait levé les yeux et déplacé une pièce apparemment sans la moindre réflexion, puis elle était retournée à son livre. »  Pages 170 et 171
  • « Il regarda sa montre et réalisa qu’il était déjà 21 heures. Mikael Blomkvist fut tout aussi surpris de découvrir quelqu’un à la rédaction.
    – Eh ben, tu fais des heures sup ? Salut Micke. Moi, à force de bosser sur mon livre, je ne vois pas l’heure passer. Qu’est-ce qui t’amène ?
    – Je passe juste chercher un livre que j’ai oublié. Tout se passe comme tu veux ? »  Page 174
  • « Elle tria le disque dur par dates avec les documents les plus anciens en haut, et nota que Mikael avait surtout occupé ses derniers mois à un dossier intitulé [DAGSVENSSON] et qui était manifestement un projet de livre. »  Page 179
  • « Elle ouvrit l’étui à cigarettes que Mimmi lui avait offert, alluma une Marlboro light et consacra le reste de la soirée à la lecture.
    Vers 21 heures elle avait terminé la thèse de Mia Bergman. Elle se mordit pensivement la lèvre inférieure.
    A 22 h 30, elle avait fini le livre de Dag Svensson. »  Page 179
  • « Il maîtrisait son manuscrit mais, pour la première fois depuis qu’il avait initié ce projet, il ressentait un vague doute. Il se demandait s’il aurait pu louper un détail essentiel.
    Zala.
    Jusque-là, il avait été impatient de terminer le manuscrit et de voir le livre publié. »  Page 180
  • « Il avait de nouveau contacté le journaliste Per-Åke Sandström, qu’il avait l’intention de balancer sans états d’âme dans son livre. A ce stade, Sandström avait commencé à comprendre le sérieux de la situation. Il avait supplié Dag Svensson d’avoir pitié de lui. »  Page 181
  • « Elle n’était pas sûre, mais un test de grossesse de la pharmacie trancherait.
    Elle se demandait si c’était vraiment le bon moment.
    Elle allait avoir trente ans. Dans un mois, elle soutiendrait sa thèse. Docteur Bergman ! Elle sourit de nouveau et décida de ne rien dire à Dag avant d’être sûre, et peut-être même d’attendre qu’il ait fini son livre et qu’elle-même fête sa thèse. »  Page 191
  • « On aurait dit une énorme raie manta qui se traînait sur le sol. Elle avait un dard comme un scorpion.
    Une chose était sûre. La créature n’était pas de ce monde. Elle n’était décrite dans aucun livre connu sur la faune. C’était un monstre sorti tout droit des enfers. »  Page 201
  • « Elle venait de sortir un livre en gestation pendant au moins dix ans et qui abordait le curieux sujet de la vision que le monde des médias avait des femmes. »  Page 205
  • « Ce soir, il s’agissait d’une fête privée et les invités étaient avant tout des gens ayant d’une manière ou d’une autre apporté leur contribution au livre. »  Page 205
  • « Dag Svensson ne s’était pas montré. Mikael était seul à peaufiner son manuscrit. Ils avaient fini par déterminer que le livre ferait deux cent quatre-vingt-dix pages en douze chapitres. Dag Svensson avait livré la version finale de neuf des douze, et Mikael Blomkvist avait épluché chaque mot et lui avait retourné les textes pour qu’il les clarifie ou les reformule selon ses indications
    Mikael considérait cependant Dag Svensson comme un écrivain très doué et sa contribution se limitait à des notes dans la marge. Il avait même du mal à trouver des endroits où sévir. Au cours des semaines où la pile du manuscrit avait grandi sur le bureau de Mikael, ils n’avaient été en désaccord total qu’au sujet d’un seul passage d’environ une page, que Mikael voulait supprimer et que Dag avait défendu avec force arguments. »  Page 213
  • « Bref, le livre que Millenium s’apprêtait à envoyer à l’imprimerie était costaud et Mikael était convaincu qu’on allait en parler. »  Page 214
  • « Le livre était plus qu’un reportage – c’était une déclaration de guerre. Mikael sourit calmement. Dag Svensson avait presque quinze ans de moins que lui mais Mikael reconnaissait facilement la passion qu’il avait eue lui-même un jour quand il était parti en croisade contre les journalistes économiques minables et avait pondu un livre à scandale que certaines rédactions ne lui avaient toujours pas pardonné.
    Le problème était que le livre de Dag Svensson devait tenir la route jusqu’au bout. Le journaliste qui redresse ainsi la tête doit être à cent pour cent sûr du terrain sur lequel il s’avance, sinon mieux vaut renoncer à publier. »  Page 214
  • « Il travailla encore trois quarts d’heure avant de rassembler ses feuillets et d’aller poser le chapitre sur le bureau d’Erika afin qu’elle le lise. Dag Svensson avait promis de mailer la version finale des trois chapitres restants le lendemain matin, ce qui donnerait à Mikael la possibilité de les relire pendant le week-end. Une réunion était programmée le mardi après Pâques, où Dag, Erika, Mikael et Malou se retrouveraient pour donner le feu vert à la version finale du livre, mais aussi aux articles de Millenium. »  Page 214
  • « Mikael n’avait même pas lancé d’appel d’offres – il avait décidé de faire confiance une nouvelle fois à Hallvigs Reklam à Morgongåva, l’imprimeur de son livre sur l’affaire Wennerström, qui proposait un prix et un service incomparables dans la branche. »  Page 215
  • « – Merde. J’ai promis de le retrouver à la rédaction demain matin avec les photos et les illustrations qu’on veut mettre dans le livre. Christer devait y jeter un coup d’œil pendant le weekend. Mais Mia vient de décréter qu’elle veut aller voir ses parents en Dalécarlie pour Pâques et leur montrer sa thèse. Ce qui fait qu’on partira tôt demain matin. »  Page 221
  • « – Je bute sur un truc que je voudrais vérifier avant que le livre passe à l’impression. »  Page 222
  • « – Il ne faut jamais mésestimer les petits doigts, dit Mikael. Mais franchement… on ne peut plus repousser la deadline à ce stade. La date a été retenue à l’imprimerie et le livre doit sortir en même temps que Millenium. »  Page 222
  • « – De quoi voudrais-tu parler ? demanda-t-il.
    – Je voudrais te parler du livre que tu as l’intention de publier chez Millenium. »  Page 223
  • « – Et qu’est-ce qui te fait croire que j’ai l’intention de publier un livre chez Millenium ? demanda Dag Svensson. »  Page 223
  • « Annika avait fait son droit et Mikael la considérait comme la plus douée des deux. Elle avait traversé ses études le vent en poupe, passé quelques années dans un tribunal rural et ensuite comme assistante d’un des avocats les plus célèbres de Suède avant de démissionner et d’ouvrir son propre cabinet. Annika s’était spécialisée dans le droit de la famille, ce qui peu à peu s’était transformé en un projet d’égalité. Elle s’était engagée comme avocate de femmes maltraitées, avait écrit un livre sur ce sujet et était devenue un nom respecté parmi les féministes. Pour couronner le tout, elle s’était engagée politiquement au côté des sociaux-démocrates, ce qui amenait Mikael à la taquiner et à la traiter d’opportuniste. »  Page 225
  • « – Le sujet en question parle de trafic de femmes et de violence à l’égard des femmes. Tu travailles sur la violence à l’égard des femmes et tu es avocate. Je sais que tu ne t’occupes pas de la liberté de la presse, mais j’aimerais beaucoup que tu lises le texte avant qu’on imprime. Il s’agit à la fois d’articles dans un numéro du journal et d’un livre, ça fait pas mal de choses à lire. »  Page 226
  • « – D’accord, dit Christer. Mais tu décris ces meurtres comme de véritables exécutions. Si j’ai bien compris ce qu’essaie de dire Dag Svensson dans son livre, il s’agit de types pas particulièrement futés. Sont-ils capables de commettre un double meurtre et de s’en tirer ? »  Pages 241 et 242
  • « – Je crois que Dag aurait voulu qu’on publie son histoire.
    – Et je trouve qu’on devrait le faire. Le livre, sans hésiter. Mais la situation en ce moment est telle que nous devons repousser la publication. »  Page 243
  • « – Tu prévoyais des jours de congé pour Pâques, Malou ? demanda-t-elle. Tu peux les oublier. Voici ce qu’on va faire… Malou, toi, moi et Christer on va cogiter pour pondre un numéro complètement nouveau sans Dag Svensson. On verra si on peut dégager quelques textes qu’on avait prévus pour juin. Mikael… tu disposes de combien de chapitres finis du livre de Dag Svensson ?
    – J’ai la version finale de neuf chapitres sur douze. J’ai l’avant-dernière version des chapitres X et XI. Dag s’apprêtait à m’envoyer par mail les versions finales – je vais vérifier ma boîte – mais je n’ai que des bribes du chapitre XII qui est le dernier. C’est là qu’il devait résumer et tirer des conclusions.
    – Mais toi et Dag, vous aviez discuté de tous les chapitres. – Je sais ce qu’il avait l’intention d’écrire, si c’est ça que tu veux dire
    – Bon, tu vas t’attaquer aux textes – le livre et l’article. Je veux savoir la quantité qui manque et si nous pouvons reconstruire ce que Dag n’a pas eu le temps de livrer. Est-ce que tu peux faire une estimation précise dans la journée ? »  Pages 243 et 244
  • « Pour l’heure, il fallait qu’il réexamine le livre aussi bien que les articles d’un œil nouveau, sachant désormais que l’auteur était mort et ne pouvait plus répondre aux questions pointues.
    Il devait prendre une décision quant à la publication du livre, et déterminer aussi si quelque chose dans le matériau pouvait constituer le mobile du meurtre. »  Pages 260 et 261
  • « Il avait passé l’après-midi à essayer de déterminer le destin du livre inachevé de Dag Svensson. »  Page 277
  • « Dag avait laissé le manuscrit d’un livre au contenu explosif. Il avait bossé plusieurs années à récolter des données et à trier des faits, une tâche dans laquelle il avait investi toute son âme et qu’il n’aurait jamais l’occasion de mener à bien. »  Page 278
  • « C’était maintenant à Mikael et à Erika de terminer le travail de Dag sur le livre, mais aussi de répondre aux questions du qui et du pourquoi
    – Je peux reconstruire le texte, dit Mikael. Malou et moi, on doit reprendre le livre ligne par ligne et y ajouter nos éléments de recherche pour arriver à répondre aux questions. En gros, on n’a qu’à suivre les notes de Dag, mais on a des problèmes dans les chapitres IV et V qui sont principalement basés sur les interviews de Mia, et là, on ignore tout simplement les sources. A quelques exceptions près cependant, je crois qu’on peut utiliser les références dans sa thèse comme source primaire.
    – Il nous manque le dernier chapitre.
    – C’est vrai. Mais j’ai le brouillon de Dag et on en a parlé tant de fois que je sais parfaitement ce qu’il avait l’intention de dire. Je propose qu’on le mette en postscriptum où je commenterai aussi son raisonnement.
    – D’accord. Mais je veux voir avant de valider quoi que ce soit. On ne peut pas lui prêter des paroles comme ça.
    – Ne te fais pas de soucis. J’écris le chapitre comme une réflexion personnelle signée de mon nom. Il sera clair que c’est moi qui écris et pas lui. Je raconterai pour quelle raison il a commencé à travailler sur ce livre et quelle sorte d’homme il était. Et je terminerai en récapitulant ce qu’il m’a dit au cours d’au moins une douzaine d’entretiens ces derniers mois. Je peux aussi citer pas mal de passages de son brouillon. Ça peut devenir quelque chose de très respectable.
    – Merde… c’est dingue l’envie que j’ai de publier ce livre, dit Erika. »  Pages 278 et 279
  • « – Si ce n’est pas l’œuvre d’un dément, il doit y avoir un mobile. Et plus j’y pense, plus j’ai l’impression que ce manuscrit est un putain de mobile.
    Mikael montra la liasse de papiers sur le bureau d’Erika. Erika suivit son regard. Puis leurs yeux se rencontrèrent.
    – Il n’y a pas forcément un lien avec le livre proprement dit. Ils ont peut-être trop fouiné et réussi à… je ne sais pas, moi. Quelqu’un s’est senti menacé.
    – Et a engagé un tueur. Micke, ces choses-là se passent dans les films américains. Ce livre parle des michetons. Il met en cause nommément des flics, des hommes politiques, des journalistes… Ce serait donc l’un d’eux qui a tué Dag et Mia ? »  Page 281
  • « – Comment se fait-il que vous vous soyez rendu chez Svensson et Bergman si tard le soir ?
    – Ce n’est pas un détail, c’est tout un roman, fit Mikael avec un sourire fatigué. »  Pages 281 et 282
  • « Mikael expliqua le contenu du livre à venir de Dag Svensson et le lien éventuel avec les meurtres qu’Erika et lui avaient envisagé. »  Page 282
  • « – Non, répondit Erika Berger. Nous avons consacré la journée à arrêter le travail en cours sur le prochain numéro. Nous publierons très probablement le livre de Dag Svensson, mais uniquement lorsque nous saurons ce qui s’est passé et, dans l’état actuel des choses, le livre doit être retravaillé. »  Page 283
  • « Reste cependant que le contenu du livre de Dag Svensson est secret jusqu’à ce qu’il soit imprimé. Nous ne tenons donc pas à ce que le manuscrit arrive aux mains de la police, surtout que nous nous apprêtons à nommer des policiers. »  Page 283
  • « Ensuite il inspecta les étagères une par une, en sortant des livres et en les feuilletant rapidement, et en vérifiant qu’il n’y avait pas quelque chose de caché derrière. Une bonne demi-heure plus tard, il remit le dernier volume dans la bibliothèque. Sur la table à manger se trouvait maintenant une petite pile de livres qui pour une raison ou une autre l’avaient fait réagir. Il enclencha le dictaphone et parla.
    « De la bibliothèque du séjour. Un livre de Mikael Blomkvist, Le Banquier de la mafia. Un livre en allemand intitulé Der Staat und die Autonomen, un livre en suédois intitulé Terrorisme révolutionnaire ainsi que le livre anglais Islande Jihad. »
    Il ajouta machinalement le livre de Mikael Blomkvist, compte tenu que l’auteur avait été mentionné dans l’enquête préliminaire. Les trois autres semblaient plus obscurs. Jerker Holmberg ignorait totalement si les meurtres avaient une quelconque relation avec une activité politique – il n’avait en sa possession aucun élément indiquant que Dag Svensson et Mia Bergman avaient été politiquement engagés – et ces livres pouvaient simplement exprimer un intérêt général pour la politique ou même s’être trouvés sur les rayons parce que nécessaires à un travail journalistique. En revanche il se dit que s’il y avait deux cadavres dans un appartement avec des bouquins sur le terrorisme politique, il y avait tout lieu de noter le fait. Les livres furent donc fourrés dans le sac de voyage d’objets saisis. »  Pages 295 et 296
  • « Là non plus il ne trouva pas de portable.
    Ce qui était étrange avec le chien, c’est qu’il n’aboyait pas, mon cher Watson.
    Il nota dans le compte rendu de saisie que, pour l’instant, un ordinateur semblait manquer. »  Page 299
  • « Il avait trié le matériel par terre dans le séjour. Le samedi, lui et Malou avaient passé huit heures à passer en revue les e-mails, les notes, les griffonnages dans les blocs-notes et surtout les textes du livre à venir. »  Page 312
  • « La liste de noms était composée exclusivement d’hommes qui étaient soit des clients de prostituées, soit des maquereaux et qui figuraient dans le livre. »  Page 315
  • « Ils avaient aussi discuté de l’aspect purement pratique de la publication du livre de Dag Svensson. »  Page 315
  • « – D’accord, dit Malou. Nous avons le manuscrit sous contrôle. Mais nous n’avons pas trouvé la moindre trace du meurtrier de Dag et Mia.
    – Ça peut être l’un des noms sur le mur, dit Mikael.
    – Ça peut être quelqu’un qui n’a rien à voir avec le livre. Ou ça peut être ta copine. »  Page 316
  • « Il réalisa tout à coup que son iBook était rempli de correspondance avec Dag Svensson, de différentes versions du livre de Dag et en plus d’une copie électronique de la thèse de Mia Bergman. »  Page 321
  • « – Et rien de tout ça ne colle vraiment. C’est Blomkvist qui a avancé la théorie que le couple d’Enskede a été tué à cause du livre que Dag Svensson était en train d’écrire. »  Page 351
  • « MIKAEL BLOMKVIST EUT UNE IMPRESSION de déjà vu en examinant la liste de suspects qu’il avait dressée avec Malou pendant le week-end. Il y avait là trente-sept personnes que Dag Svensson malmenait sans pitié dans son livre. »  Page 355
  • « – Et on fera comment pour les décortiquer ?
    – Je vais me concentrer sur les vingt et un michetons nommément cités dans le livre. Ils ont plus à perdre que les autres. Je vais emboîter le pas à Dag et leur rendre visite un à un. »  Pages 355 et 356
  • « – Non, évidemment pas. On a ses empreintes digitales. Mais jusqu’à maintenant, on a réfléchi à se rendre malade sur un mobile qu’on ne trouve pas. Je voudrais qu’on raisonne sur d’autres pistes éventuelles. Est-ce que d’autres personnes ont pu être mêlées ? Est-ce que ça a malgré tout quelque chose à voir avec le livre sur le commerce du sexe qu’écrivait Dag Svensson ? Blomkvist a raison quand il dit que plusieurs personnes mentionnées dans le livre ont des motifs de tuer. »  Page 382
  • « Elle se souvenait de Miåås comme d’une remplaçante pénible en maths qui s’était entêtée à lui poser une question à laquelle elle avait déjà répondu correctement, mais faux à en croire le manuel. En réalité, le manuel se trompait, ce qui, de l’avis de Lisbeth, aurait dû être évident pour tout le monde. Mais Miåås s’était de plus en plus entêtée et Lisbeth était devenue de moins en moins disposée à discuter la question. Pour finir, elle était restée sans bouger, la bouche formant un mince trait avec la lèvre inférieure poussée en avant jusqu’à ce que Miåås, totalement frustrée, la prenne par l’épaule et la secoue pour attirer son attention. Lisbeth avait riposté en lançant son livre à la tête de Miåås, d’où un certain désordre. »  Pages 410 et 411
  • « Elle fit un tour silencieux au grenier où elle tâtonna entre tous les cadenas jusqu’à ce qu’elle trouve le box de Bjurman. Il avait entreposé là de vieux meubles, une armoire avec des vêtements devenus superflus, des skis, une batterie de voiture, des cartons avec des livres et d’autres vieilleries. »  Page 434
  • « Sonja Modig passa trois heures devant le bureau de Dag Svensson, aidée dans sa tâche par la secrétaire de rédaction Malou Eriksson, d’une part pour comprendre de quoi parlaient le livre et l’article de Dag Svensson, d’autre part pour naviguer dans son matériel de recherche. »  Page 458
  • « SONJA MODIG AVAIT ALLUMÇ l’ordinateur de Dag Svensson et passé la soirée à dresser l’inventaire du contenu du disque dur et des ZIP. Elle resta jusqu’à 22 h 30 à lire le livre de Dag Svensson.
    Elle se rendit compte de deux choses. Premièrement, elle découvrit que Dag Svensson était un brillant écrivain dont la prose était fascinante d’objectivité quand il décrivait les mécanismes du commerce du sexe. »  Page 464
  • « Le livre constituait une raison de tuer. »  Page 464
  • « – D’accord. Qu’est-ce que nous dit l’horaire ? Peu après 20 heures, Dag Svensson appelle Mikael Blomkvist et fixe un rendez-vous pour plus tard dans la soirée. A 21 h 30, Svensson appelle Bjurman. Peu avant la fermeture à 22 heures, Salander achète des cigarettes dans le bureau de tabac d’Enskede. Peu après 23 heures, Mikael Blomkvist et sa sœur arrivent à Enskede et à 23 h 11, il appelle SOS-Secours.
    – C’est bien ça, Miss Marple. »  Page 467
  • « Il avait ressenti une vague de soulagement et d’espoir — Svensson était mort et avec lui peut-être aussi le livre sur le trafic de femmes dans lequel ce type avait l’intention de le dénoncer comme délinquant sexuel. »  Page 471
  • « Si Dag Svensson travaillait sur un livre où il allait être nommé comme violeur avec des tendances pédophiles, alors ce n’était pas invraisemblable que la police commence à fouiner dans ses petits écarts. Bon Dieu… il pourrait être suspecté pour les meurtres. »  Page 471
  • « Il ignorait où en était le travail avec le livre. »  Page 472
  • « – J’ai l’intention de rendre compte de détails du livre sur le commerce du sexe que Dag Svensson était en train de terminer. Le seul micheton que je vais nommer, c’est toi. »  Page 473
  • « Les mecs pouvaient être grands comme des maisons et bâtis en granit, mais leurs couilles étaient toujours au même endroit. Et son coup de pied fut si pur qu’il devrait être noté dans le Livre Guinness des records. »  Page 507
  • « – Il faut aussi que je puisse me regarder dans la glace. Voilà ce qu’on va faire… Vous allez travailler avec notre collaboratrice Malou Eriksson. Elle connaît parfaitement le matériel et elle a la compétence requise pour déterminer où passe la limite. Elle aura pour mission de vous guider dans le livre de Dag Svensson, dont vous avez déjà une copie. Le but sera de faire un inventaire compréhensible des personnes qu’on peut considérer comme des suspects potentiels. »  Page 525
  • « Elle lut le journal intime de Holger Palmgren avec des sentiments très mitigés. Il y avait deux carnets de notes reliés. Il avait commencé ses notes quand elle avait quinze ans et venait de fuguer de sa deuxième famille d’accueil, un couple âgé à Sigtuna dont le mari était sociologue et la femme auteur de livres pour enfants. »  Page 532
  • « – D’accord, dit-il. Je n’ai pas le choix. Tu me promets que mon nom ne sera pas mentionné dans Millenium et je te dis qui est Zala. Et pour cela j’exige d’être protégé, en tant que source.
    Il tendit la main. Mikael la serra. Il venait de promettre de dissimuler une infraction à la loi, ce qui en soi ne lui faisait ni chaud ni froid. Il avait seulement promis que lui-même et le journal Millenium n’écriraient rien sur Björck. Dag Svensson avait déjà écrit toute l’histoire de Björck dans son livre. Et le livre de Dag Svensson serait publié. Mikael était fermement décidé à veiller là-dessus. »  Page 543
  • « Ne tenant pas en place, il chercha quelque chose à lire sur les étagères de Lundin. Malheureusement, la veine intellectuelle de Lundin laissait pas mal à désirer, et il dut se contenter d’une collection de vieilles revues de moto, de magazines pour hommes et de polars malmenés du genre qui ne l’avait jamais fasciné. »  Page 571
  • « – J’ai une grande confiance en sa capacité de retomber sur ses pieds. Elle vit peut-être chichement, mais c’est une battante. Pas tout à fait chichement. Elle a volé près de 3 milliards de couronnes. Elle ne crèvera pas de faim. Tout comme Fifi Brindacier, elle a un coffre plein de pièces d’or. »  Page 585
  • « Il monta l’escalier, en lisant les plaques sur les portes à chaque étage. Aucun nom ne fit écho dans sa tête. Puis il arriva au dernier étage et lut V. Kulla sur la porte.
    Mikael se tapa la main sur le front. Villa Villerkulla, la maison de Fifi Brindacier ! »  Page 603
  • « A Millenium, l’alarme se déclenchait si personne ne pianotait le bon code de quatre chiffres dans les trente secondes, puis débarquaient quelques malabars d’une société de sécurité.
    Sa première impulsion fut de refermer la porte et de quitter rapidement les lieux. Mais il resta comme figé.
    Quatre chiffres. Taper le bon code par hasard était totalement impossible.
    25-24-23-22…
    Foutue Fifi Brinda… »  Page 604
  • « Irene Nesser était maquillée plus discrètement que Lisbeth Salander. Elle avait un collier ridicule et elle lisait Crime et Châtiment, trouvé chez un bouquiniste quelques rues plus au nord. Elle prenait son temps et tournait régulièrement les pages. Elle avait commencé sa surveillance vers midi et elle ignorait complètement à quelle heure la boîte était relevée en général, si c’était quotidiennement ou peut-être toutes les deux semaines, si elle était déjà relevée pour aujourd’hui ou si quelqu’un allait venir. »  Page 620
  • « Dans la marge de son exemplaire de l’Arithmétique, Pierre de Fermat avait griffonné : J’en ai découvert une démonstration merveilleuse. L’étroitesse de la marge ne la contient pas. Le carré s’était transformé en cube (x3 + y3 = z3), et les mathématiciens avaient passé des siècles à essayer de résoudre l’énigme de Fermat. Pour enfin y arriver, à la fin du XX siècle, Andrew Wiles s’était battu pendant dix ans, en utilisant les logiciels les plus performants du monde. »  Page 626
  • « Il lui rappelait beaucoup trop Mikael Blomkvist – un insupportable sauveur du monde qui s’imaginait pouvoir changer les choses en publiant un livre. »  Page 637
4 étoiles, F

La fin de l’Éternité

La fin de l’Éternité d’Isaac Asimov.

Éditions Folio (SF), publié en 2005, 244 pages

Roman de science-fiction d’Isaac Asimov paru initialement en 1955 sous le titre « The End of Eternity ».

95e siècle, Andrew Harlan est Technicien pour l’Éternité. Cet organisation a comme mission d’empêcher les catastrophes de frapper l’Humanité. Pour ce faire, les ingénieurs réécrivent sans cesse l’Histoire afin d’en retirer les conflits, les inventions utilisées à mauvais escient ou même les crises économiques. Andrew est alors mandaté d’intervenir à un moment précis du passé pour modifier certains événements et supprimer tout ce qui pourrait être dangereux pour l’avenir. L’espèce humaine se maintient ainsi dans un état de bonheur passif et confortable. Au cours de ses missions, il réalise que les changements qu’il introduit affectent l’existence des gens et peut même modifier leurs personnalités. Pendant une de ses missions, il va rencontrer une jeune femme dont il va tomber éperdument amoureux. Pour permettre à cette relation de perdurer Andrew va devoir prendre des décisions qui vont changer sa vie mais aussi la face du monde.

Roman basé sur le postulat que le passé est variable donc altérable à notre guise. Cette lecture est intéressante malgré un début assez lent et ardue car il y a beaucoup d’information scientifique. Puis graduellement se dévoile un univers rempli de machinations, de complots et de voyages dans le temps. Il se dégage une certaine froideur dans ce texte autant au niveau de l’environnement qu’au niveau des personnages. Cette froideur est-elle due à un manque de l’auteur ou au style de vie des Techniciens qui semblent être des parias dans cet univers ? Le personnage d’Andrew est très bien construit étant donné son isolement de toutes liaisons avec les gens outre les dirigeants de l’Éternité. On ne peut espérer voir un être émotionnellement complet et sympathique lorsque celui-ci est coupé du monde. Asimov a su très bien transposé cette réalité dans son personnage et donne l’occasion au lecteur de réfléchir sur la solitude. Le passage du temps a fait son œuvre sur ce roman, certains concepts utilisés ont été dépassé par la réalité : tel les cartes perforées du Computaplex. Mais il est trop facile de critiqué un œuvre d’anticipation plus de soixante ans après son écriture. Un livre qui est très technique mais qui est très agréable à lire.

La note : 4 étoiles

Lecture terminée le 22 septembre 2015

La littérature dans ce roman :

  • « Il s’agissait pour lui d’une section entièrement nouvelle de l’Éternité. Il en avait, bien sûr, une vague idée, s’étant renseigné sur elle dans le Manuel Temporel. »  Page 5
  • « Voy regarda autour de lui et demanda d’un ton conciliant : Vous voulez parler des couches moléculaires ?
    – Évidemment », fit Harlan. Le Manuel en avait fait mention, mais il n’avait rien dit d’une telle débauche de lumière réfléchie. »  Page 5
  • « Il ne lui manquait qu’une touche de rouge et une frange de cheveux blancs pour être transformé en l’image du Mythe Primitif de saint Nicolas.
    Ou du Père Noël ou de Kriss Kringle. Harlan connaissait ces trois noms. Il doutait qu’un seul Éternel sur cent mille eût jamais entendu parler d’eux. Harlan prenait un plaisir secret et un peu honteux à la connaissance de ce genre d’arcanes. Dès ses premiers jours à l’école, il avait enfourché le dada de l’Histoire Primitive et l’éducateur Yarrow l’avait encouragé. Harlan était devenu réellement friand de ces siècles étranges et pervertis qui s’étendaient non seulement avant le début de l’Éternité au 27e siècle, mais avant même l’invention du Champ Temporel lui-même, au 24°. Il avait utilisé de vieux livres et des périodiques dans ses études. Il voyagea même très loin en arrière vers les premiers siècles de l’Éternité, quand il put en obtenir l’autorisation, pour consulter de meilleures sources. Pendant plus de quinze ans, il s’était arrangé pour rassembler une remarquable bibliothèque, presque toute imprimée sur papier. Il y avait un volume écrit par un homme appelé H.G. Wells, un autre par un homme appelé W. Shakespeare, quelques manuels d’histoire en lambeaux. Par-dessus tout, il y avait surtout la collection complète d’un hebdomadaire reliée en volumes qui prenait une place considérable, mais que, par sentiment, il ne pouvait se résoudre à microfilmer. »  Pages 19 et 20
  • « Il y avait même un fragment de poésie qu’il gardait comme un trésor, où on montrait qu’un doigt mouvant ayant écrit une fois ne pouvait jamais être ramené à effacer. »  Page 20
  • « Harlan termina en donnant un livre au Novice ; ce n’était pas un très bon livre, en fait, mais il lui servirait d’introduction. « Je vous donnerai de meilleurs documents à mesure que nous progresserons », dit-il. »  Page 35
  • « Cooper dit : « J’ai fini votre livre.
    – Quelles conclusions en avez-vous tirées ?
    –  En un sens… » Il fit une longue pause, puis il reprit : « À certains égards, le Primitif tardif ressemblait assez au 78e siècle. Cela m’a fait penser à mon époque, voyez-vous. À deux reprises, j’ai songé à ma femme. » »  Page 35
  • « Les nouveaux individus ainsi conditionnés participaient pareillement de l’humain et avaient le même droit à l’existence. Si certaines vies étaient raccourcies, un plus grand nombre étaient allongées et rendues plus heureuses. Une grande œuvre littéraire, un monument de l’intelligence et de la sensibilité de l’Homme ne fut jamais écrit dans la nouvelle Réalité, mais plusieurs exemplaires n’en furent-ils pas conservés dans les archives de l’Éternité ? Et de nouveaux chefs-d’œuvre ne virent-ils pas le jour ? »  Page 38
  • « Son regard se porta à nouveau sur l’objet de bois, mais maintenant il avait mis les mains derrière son dos et il dit : « Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ?
    – C’est une bibliothèque », répondit Harlan. Il eut l’impulsion de demander à Finge comment il se sentait maintenant que ses mains s’appuyaient fermement derrière son dos. Ne pensait-il pas que ce serait plus « propre » si ses vêtements et son corps lui-même étaient constitués uniquement de faisceaux d’énergie que ne viendrait souiller aucun contact matériel ?
    Finge haussa les sourcils. « Une bibliothèque. Alors ces objets qui reposent sur les rayons sont des livres. Je ne me trompe pas ?
    – Oui, monsieur.
    – Des exemplaires authentiques ?
    – Parfaitement, Calculateur. Je les ai rapportés du 24e siècle. Le petit nombre que j’ai ici datent du 20e. Si… si vous désirez les examiner, je vous demanderai d’en prendre soin. Les pages ont été restaurées et ont subi un traitement préservateur, mais ce n’est pas du métal. Elles doivent être manipulées avec précaution.
    – Je n’y toucherai pas. Je n’ai pas l’intention d’y toucher. La poussière originelle du 20e siècle les recouvre, j’imagine. De vrais livres ! Ŕ il rit. Ŕ Des pages de cellulose aussi ? D’après ce que j’ai cru comprendre. »
    Harlan hocha la tête. « De la cellulose modifiée par un traitement spécial en vue de la conserver, oui. » Il ouvrit la bouche pour prendre une profonde inspiration, se forçant à rester calme. Il était ridicule de l’identifier avec ces livres, de sentir qu’une critique contre eux était une critique contre lui-même.
    « J’ose dire, dit Finge, toujours sur son sujet, que le contenu de ces livres tiendrait tout entier sur deux mètres de film et ce dernier sur le bout d’un doigt. Quel en est le sujet ? » Harlan dit : « Ce sont des volumes reliés d’un magazine de nouvelles du 20e siècle.
    – Vous lisez cela ? »
    Harlan dit avec orgueil : « C’est là quelques volumes de la collection complète que je possède. Aucune bibliothèque de l’Éternité ne possède la même.
    – Je sais, c’est votre marotte. Je me souviens à présent que vous m’avez fait part une fois de votre intérêt pour le Primitif. Je suis étonné que votre Éducateur vous ait jamais permis de vous intéresser à une telle chose. Un tel gaspillage d’énergie. » »  Pages 88 et 89
  • « – Ah ? Vous pensez que votre grand amour est une affaire de contact d’âme à âme ? Qu’il survivra à tous les changements extérieurs ? Avez-vous lu des romans venant du Temps ? »
    Piqué, Harlan fit montre de quelque impudence. »  Page 92
  • « D’un geste machinal, les longs doigts d’Harlan caressèrent les volumes de sa petite bibliothèque. Il en prit un et l’ouvrit sans le voir.
    Les lettres lui parurent brouillées. Les couleurs fanées des illustrations étaient des taches horribles et sans signification. »  Page 97
  • « Il la ferait l’aimer et, en définitive, ce qui comptait, c’était l’amour et non sa motivation. À présent, il regrettait de n’avoir pas lu quelques-uns de ces romans venus du Temps que Finge avait mentionnés avec mépris. »  Page 99
  • « Premier Point : au 482e siècle, il empaqueta lentement ses effets personnels ; ses vêtements et ses films, la plupart de ses magazines de l’Époque Primitive reliés en volumes – qu’il avait si souvent et si amoureusement caressés. »  Page 115
  • « – Jusqu’à présent, c’est supportable. Ça rentre assez facilement, vous savez. Ça me plaît. Mais maintenant, ils mettent vraiment le paquet. »
    Harlan hocha la tête et éprouva une certaine satisfaction. « Les matrices du Champ Temporel et tout ça ? »
    Mais Cooper, les joues un peu rouges, se tourna vers les volumes entassés sur les rayons et dit : « Revenons aux Primitifs. J’ai quelques questions à poser. »  Page 117
  • « Maintenant, il errait avec curiosité au milieu des classeurs contenant d’autres documents filmés. Pour la première fois, il Observa (au sens technique du terme) les rayons consacrés au 575e siècle lui-même ; sa géographie, qui variait peu de Réalité en Réalité, son histoire qui variait davantage, et sa sociologie qui variait encore plus. Ce n’était pas là les livres et les rapports écrits par des Observateurs et des Calculateurs de l’Éternité (il connaissait déjà ce genre de documents), mais par les Temporels eux-mêmes.
    II y avait les œuvres littéraires du 575e siècle et ceux-ci contenaient les thèses ahurissantes qu’il avait entendues concernant la valeur des Changements successifs. Ce chef-d’œuvre serait-il altéré ou non ? Si oui, comment ? De quelle manière les Changements passés affectaient-ils les oeuvres d’art ? »  Page 119
  • « Pourtant, Harlan se tenait à présent près des rayons consacrés aux romans d’Eric Linkollew, tenu habituellement pour le plus grand écrivain du 575e siècle, et il s’étonnait. Il compta quinze collections différentes de ses « Œuvres Complètes », chacune provenant certainement d’une Réalité différente, et il était persuadé qu’elles variaient légèrement entre elles. Une collection était nettement plus petite que les autres par exemple. Une centaine de Sociologues, pensait-il, devaient avoir écrit des analyses des variantes que présentait chacune d’elles, compte tenu du contexte sociologique de chaque Réalité, ce qui avait dû leur valoir une promotion.
    Harlan se dirigea vers la section de la bibliothèque qui était consacrée aux inventions et aux découvertes des divers 575e. Nombre d’entre elles, Harlan le savait, avaient été éliminées lors des modifications temporelles et restaient inexploitées après avoir été placées dans les Archives de l’Éternité comme produits de l’ingéniosité humaine. »  Page 120
  • « Il retourna à la bibliothèque proprement dite et aux rayons des mathématiques et de leur histoire (qui différait selon les siècles). Il effleura du doigt quelques titres particuliers et après un instant de réflexion, il en prit une demi-douzaine et signa le bon de retrait. »  Page 120
  • « Il fut tenté de parcourir quelques pages de l’Histoire Sociale et Économique, mais s’en abstint. Il la trouverait dans la bibliothèque de la Section du 482e, si jamais il le désirait. Finge avait sans doute pillé les bibliothèques de cette Réalité pour les archives de l’Éternité des mois auparavant. »  Page 126
  • « Il rassembla le tas de livres filmés en une masse informe et parvint, après deux essais inefficaces, à rétablir la porte donnant sur l’Éternité. »  Page 128
  • « La seconde fois, quelqu’un avait ri dans la pièce voisine et lui, Harlan, avait laissé tomber un sac à dos plein de livres filmés. »  Page 128
  • « Harlan commença : « Depuis des semaines maintenant, je visionne des films sur l’histoire des mathématiques. Je consulte des livres de plusieurs Réalités du 575e siècle. Les Réalités n’ont pas beaucoup d’importance. Les mathématiques ne changent pas. Elles se développent toujours suivant le même processus. La façon dont les Réalités ont changé n’a pas d’importance non plus, l’histoire des mathématiques est restée à peu près la même. Les mathématiciens ont changé, certains ont fait des découvertes, mais les résultats finaux… Quoi qu’il en soit, je me suis fourré tout ça dans la tête. Est-ce que ça ne vous frappe pas ? » »  Page 150
  • « L’homme que l’Éternité connaît en général sous le nom de Vikkor Mallansohn a laissé le récit de sa vie lorsqu’il mourut. Ce n’était pas tout à fait un journal, pas tout à fait une biographie. C’était plutôt un guide, destiné aux Éternels qu’il savait devoir exister un jour. Il était enfermé dans un volume en stase temporelle qui ne pouvait être ouvert que par les Calculateurs de l’Éternité et qui, par conséquent, resta intact pendant trois siècles après sa mort, jusqu’à ce que l’Éternité fût établie et que le Premier Calculateur, Henry Wadsman, le premier des grands Éternels, l’ait ouvert. Le document a été transmis depuis, dans les meilleures conditions de sécurité, à toute une lignée de Premiers Calculateurs qui se termine avec moi. On le désigne sous le nom de mémoire de Mallansohn.
    Ce mémoire raconte l’histoire d’un homme nommé Brinsley Sheridan Cooper, né au 78e siècle, admis comme Novice dans l’Éternité à l’âge de vingt-trois ans, ayant été marié pendant un peu plus d’un an, mais n’ayant pas eu d’enfant jusqu’à présent. »  Page 155
  • « Ce ne fut que vers la fin de sa longue vie que Cooper, les yeux fixés sur un coucher de soleil du Pacifique (il décrit la scène avec quelques détails dans son mémoire), en arriva à la grande révélation qu’il était Vikkor Mallansohn ! Il n’était pas un substitut, mais l’homme lui-même. Le nom pouvait bien ne pas être le sien, mais l’homme que l’Histoire appelait Mallansohn était réellement Brinsley Sheridan Cooper.
    » Stimulé par cette pensée et par tout ce qu’elle impliquait, impatient de hâter de quelque manière l’établissement de l’Éternité, de l’améliorer et d’en accroître le coefficient de sécurité, il écrivit son mémoire et le plaça dans un étui en état de stase temporelle, dans le living-room de sa maison.
    » Et ainsi le cercle fut fermé. Les intentions de CooperMallansohn en écrivant le mémoire furent, bien entendu, ignorées. Cooper doit parcourir sa vie exactement comme il l’a parcourue. La Réalité Primitive ne permet pas de Changements. En ce moment, dans le physio-temps, le Cooper que vous connaissez n’a pas conscience de ce qui l’attend. Il croit que sa seule tâche est d’instruire Mallansohn et de revenir. Il continuera à croire cela jusqu’à ce que les années le détrompent et qu’il se mette à écrire son mémoire. »  Page 157
  • « « Alors vous avez toujours su tout ce que vous alliez faire, tout ce que j’allais faire, tout ce que j’ai fait ? » demanda-t-il.
    Twissell, qui semblait encore sous le charme de son propre récit, le regard perdu derrière l’écran bleuté de la fumée de sa cigarette, revint lentement à la réalité. Ses yeux, où se lisait toute la sagesse de l’âge, se fixèrent sur Harlan et il dit d’un ton de reproche : « Non, bien sûr que non. Il y eut un intervalle de plusieurs décennies de physio-temps entre le séjour de Cooper dans l’Éternité et le moment où il écrivit son mémoire. Il ne put se souvenir que de cela et seulement de ce qu’il avait vu lui-même. Vous devriez le comprendre. » »  Page 158
  • « Ça s’est fait tout seul. D’abord, j’ai été découvert et amené dans l’Éternité. Quand, dans ma maturité (en termes de physio-temps), je devins Premier Calculateur, on m’a donné le mémoire et on m’a nommé à mon poste. On m’avait décrit comme l’occupant, aussi m’y a-t-on nommé. »  Page 158
  • « Harlan l’interrompit : « Vous voulez dire la fois où j’ai emmené Cooper dans les cabines temporelles.
    – Comment êtes-vous arrivé à cette déduction ? demanda Twissell.
    – Ça a été le seul moment où vous avez été réellement irrité contre moi. Je suppose maintenant que j’ai dû contrevenir à un certain point du mémoire de Mallansohn.
    – Pas exactement. C’était simplement que le mémoire ne parlait pas des cabines. Il me semblait qu’éviter la mention d’un aspect si remarquable de l’Éternité signifiait qu’il en avait peu d’expérience. C’était donc mon intention de le tenir à l’écart des cabines autant qu’il serait possible. Le fait que vous l’ayez emmené dans l’avenir à bord de l’une d’elles m’inquiéta beaucoup, mais rien n’arriva par la suite. Les choses continuèrent comme elles le devaient, aussi tout est-il bien. » »  Page 159
  • « Le mémoire de Mallansohn ne dit rien de votre vie après le départ de Cooper, bien entendu. »  Page 159
  • « Je veux dire, est-ce que le cercle peut se briser ? Laissez-moi présenter les choses de cette manière. Si un coup inattendu sur la tête me met hors d’état d’agir à un moment où le mémoire établit distinctement que je suis en bonne forme et actif, est-ce que le plan tout entier s’en trouve compromis ? Ou supposez que, pour une raison ou pour une autre, je choisisse délibérément de ne pas me conformer au mémoire. Que se passerait-il alors ? »  Pages 160 et 161
  • « Twissell savait qu’Harlan pouvait à n’importe quel moment détruire l’Éternité en donnant à Cooper des renseignements révélateurs concernant le mémoire. »  Page 161
  • « Cet appareil est une cabine qui n’est pas tributaire des puits de projection temporelle, mais qui peut remonter dans le Temps au-delà du point-limite de l’Éternité. Sa conception et sa réalisation ont été rendues possibles grâce à des indications précieuses du mémoire de Mallansohn. »  Page 164
  • « Malheureusement, nous devons vous garder dans la salle de contrôle puisqu’il est établi que vous étiez là et avez manipulé les commandes. Le mémoire de Mallansohn en porte mention. Cooper vous verra à travers le hublot et la question sera réglée. »  Pages 164 et 165
  • « Cooper était informé uniquement des points précis qu’il devait mentionner dans le mémoire de Mallansohn.
    (Cercle complet. Cercle complet. Et aucun moyen pour Harlan de briser ce cercle en un seul et dernier défi, tel Samson détruisant le temple. Le cercle tourne en une ronde obsédante ; il tourne et tourne sans cesse.) »  Page 168
  • « » Cette cabine spéciale, son système de commande et sa source d’énergie forment une structure composite. Pendant des physio-décennies, les Réalités existantes ont été passées au crible en vue de découvrir des alliages spéciaux et des techniques spéciales. La 13e Réalité du 222e siècle nous fournit la solution. Elle mit au point le Condensateur Temporel sans lequel cette chaudière n’aurait pu être bâtie. La 13e Réalité du 222e. »
    Il prononça ces mots en articulant soigneusement.
    (Harlan pensa : ce Souviens-toi de cela, Cooper ! Souviens-toi de la 13e Réalité du 222e siècle afin de pouvoir mettre cela dans le mémoire de Mallansohn et que les Éternels sachent où chercher de façon à savoir quoi te dire pour que tu puisses le mettre… » Et le cercle tourne en une ronde sans fin.) »  Pages 168 et 169
  • « Une pensée qu’il avait déjà eue lui revint : la destruction du temple par Samson !
    Dans un coin de son esprit, il se demandait vaguement : combien d’Éternels ont jamais entendu parler de Samson ? Combien savent comment il est mort ? »  Page 174
  • « Moins douze secondes.
    Contact !
    Le régulateur de puissance prendrait la relève maintenant. La poussée se produirait à l’instant zéro. Et cela lui laissait le temps d’une dernière manipulation. La destruction de Samson ! »  Page 174
  • « Nous avons localisé Cooper, par exemple dans le siècle et la Réalité que le mémoire nous avait indiquées. »  Page 176
  • « Il va y avoir un moment, en physio-temps, où Cooper va réaliser qu’il est dans le mauvais siècle, où il va faire quelque chose de contraire au mémoire, où il… »  Page 178
  • « « Quand je vous ai permis d’aller voir Finge tout récemment, je me doutais bien que c’était dangereux. Mais le mémoire de Mallansohn disait que vous étiez loin le dernier mois et il n’y avait aucun autre motif pour expliquer votre absence de façon naturelle. »  Page 182
  • « – Mon garçon, il n’y avait rien de tout cela. Ils désiraient vous voir uniquement parce qu’ils étaient humains. Les membres du Comité sont humains eux aussi. Ils ne pouvaient assister au voyage final de la cabine parce que, d’après le mémoire de Mallansohn, ils n’avaient aucun rôle à jouer. Ils ne pouvaient interroger Cooper du fait que le mémoire ne faisait aucune mention de cela non plus. »  Page 184
  • « Il avait sacrifié l’Éternité et perdu Noÿs, alors que sans son désastre de Samson, il aurait pu sauver l’une et conserver l’autre. »  Page 194
  • « – Je n’en suis pas sûr encore, mais il doit y avoir un moyen. S’il n’y avait pas de moyen, l’altération serait irréversible ; le Changement se produirait d’un seul coup. Mais le Changement ne s’est pas produit. Nous sommes encore dans la Réalité du mémoire de Mallansohn. Cela signifie que l’altération est réversible et sera renversée. »  Pages 195 et 196
  • Harlan regarda Twissell examiner curieusement les vieux volumes reliés de la bibliothèque, puis en prendre un. Ils étaient si vieux que le papier fragile devait être traité par des méthodes spéciales et ils craquaient entre les mains de Twissell qui ne les manipulait pas avec suffisamment de délicatesse.
    Harlan fit la grimace. En d’autres circonstances, il aurait ordonné à Twissell de s’écarter des livres, tout Premier Calculateur qu’il était.
    Le vieil homme parcourut les pages qui craquaient et ses lèvres formèrent silencieusement les mots archaïques. « C’est là l’anglais dont les linguistes parlent toujours, n’est-ce pas ? demanda-t-il en frappant une page.
    – Oui. De l’anglais », marmonna Harlan.
    Twissell remit le volume en place. « Lourd et encombrant. » »  Page 203
  • « « Les livres n’exigent pas une technologie aussi coûteuse que les films », dit-il. »  Page 203
  • « Il prit un autre volume sur l’étagère, l’ouvrant au hasard et regardant la page avec une curieuse intensité. »  Page 203
  • « A des intervalles qui lui semblaient durer des éternités, Harlan se levait en grognant pour prendre un autre volume. »  Page 204
  • « De temps à autre, il se dirigeait vers les rayons de livres, examinant avec impuissance les reliures. »  Page 204
  • « Vers le milieu de la matinée, entre deux volumes, Twissell s’attarda sur sa dernière goutte de café et dit : « Je me demande parfois pourquoi je n’ai pas jeté aux orties ma place de Calculateur après l’affaire de ma… vous savez. » »  Page 204
  • « – Je ferais mieux de regarder le volume suivant », fit Harlan. »  Page 205
  • « Twissell avait compris à présent : « Vous avez trouvé ! »
    Il bondit vers le volume qu’Harlan tenait et voulut s’en emparer d’une main tremblante.
    Harlan tint le livre hors de portée et le referma d’un coup sec. « Un instant. Vous ne le trouveriez pas, même si je vous montrais la page. »  Pages 205 et 206
  • « « La petite annonce, mon garçon ! Vous avez votre femme. Ma part de l’accord est remplie. » Silencieusement, encore perdu dans ses pensées, Harlan tourna les pages du volume sur le bureau. Il trouva la bonne. »  Page 217
  • « – Vous et moi approuva Harlan. Personne d’autre. Une femme des Siècles Cachés et moi… Ne jouez plus la comédie, Noÿs. Je vous en prie. »
    Elle le regarda avec horreur. « Que dites-vous, Andrew ?
    – Ce que je dois dire. Qu’est-ce que vous disiez ce soir-là quand vous m’avez donné cette boisson à la menthe ? Vous me parliez. Votre voix douce, des mots tendres… Je n’entendais rien, pas consciemment, mais je me souviens de votre voix délicate murmurant. Au sujet de quoi ? Du voyage vers le passé de Cooper ; de l’effondrement de l’Éternité comme la destruction du temple par Samson. Ai-je raison ?
    – Je ne sais même pas ce que la destruction du temple par Samson signifie, dit Noÿs. »  Page 230
  • « Les documents filmés évoquant les traditions littéraires à l’eau de rose du 289e siècle pouvaient présenter les choses sous ce jour, mais pas une fille comme Noÿs. Ce n’est pas elle qui attendrait la mort des mains d’un faux amoureux avec le masochisme joyeux d’un lys brisé et saignant. »  Page 233
3,5 étoiles, A, F

La famille Waverley, tome 1 : Amours et autres enchantements

La famille Waverley, tome 1 : Amours et autres enchantements de Sarah Addison Allen.

Éditions Pocket, publié en 2013, 308 pages

Premier tome de la série de romans « La famille Waverley » de Sarah Addison Allen paru initialement en 2007 sous le titre « Garden Spells ».

Dans la petite ville de Bascom, en Caroline du Nord, tout le monde connaît la famille Waverley. Les membres de cette famille ont toujours été considérés comme des parias et ce depuis plusieurs générations. De nombreuses légendes circulent sur cette famille, elles font allusion à des faits étranges, à de la magie ainsi qu’à un pommier qui prédirait l’avenir. Mais de cette famille, il ne reste que trois femmes : Evanelle, Claire et Sydney. Claire et Evanelle sont restée à Bascom mais Sydney, la soeur cadette de Claire, a préféré fuir la ville et la demeure familiale il y de ça dix ans. Claire assume sa part de magie à travers différents plats qu’elle concocte en tant que traiteur. Avec les années et les abandons dont elle a été victime, elle s’est forgée une carapace et a décidé de ne plus s’attacher à rien ni à personne pour ne plus souffrir. Mais le retour de sa sœur avec sa petite fille chamboulera sa vie bien rangée et solitaire. Acceptera-t-elle de laisser entrer dans sa vie cette famille sur laquelle elle avait tiré un trait ?

Un roman émouvant avec une petite touche de magie. Une histoire simple et agréable qui traite des relations fraternelles, de la perception des gens et de l’amour. L’atmosphère créée par l’auteur est très réussie, elle nous transporte dans le quotidien de ces deux sœurs blessées et dans un monde doux et agréable. Le fait d’introduire une petite touche de magie comme les fleurs ayant des vertus spéciales, nous emmène gentiment à la limite du possible. Les personnages sont tous attachants malgré leurs caractères, leurs désirs et leurs problèmes. Une mention spéciale pour celui d’Evanelle qui est adorable, cette vieille dame qui offre des objets insolites aux gens en anticipant leur besoin. Malheureusement, la fin de certaines histoires sont un peu faciles ou précipitées. C’est un roman idéal pour se vider l’esprit et découvrir un monde où tous les problèmes se résolvent invariablement.

La note : 3,5 étoiles

Lecture terminée le 9 mai 2015

La littérature dans ce roman :

  • « Sydney quitta Bay, mais au lieu de redescendre pour aller chercher les sacs et les caisses dans la voiture, elle se dirigea vers son ancienne chambre. Quand elle était enfant, elle aimait y rester des après-midis entiers, s’imaginant parfois qu’elle était prisonnière d’une méchante sœur, comme dans un conte de fées. »  Pages 56 et 57
  • « Il s’appuya d’une main sur le véhicule, près de son épaule. Elle pourrait partir bien sûr., Filer et lui tourner le dos encore une fois. Mais il baissa la tête et elle put apercevoir le minuscule réseau de rides autour de ses yeux. On aurait dit aussi qu’il avait eu l’oreille percée autrefois. Tout cela racontait des histoires sur lui, des contes, et Claire écoutait, bercée par cette mélopée. »  Page 183
  • « Pour Fred, ces trente années étaient passées aussi rapidement qu’un livre que l’on feuillette, sauf que la fin était différente de ce qu’il avait imaginé. Il regrettait de ne pas avoir prêté davantage attention à l’histoire.
    Et à celui qui la racontait. »  Page 217
    « Les yeux de Sydney se portèrent immédiatement là où Claire semblait passer le plus de temps : la confortable banquette sous la fenêtre. Une pile de livres se trouvait sur le sol juste à côté. »  Page 240
  • « Elle lâcha soudain ses sacs en voyant Hunter John, assis dans le canapé, qui feuilletait un gros livre posé sur la table basse. »  Page 167
  • « Discuter. Parler. Rompre. Non. Elle tendit la main vers son livre pour le distraire.
    – Qu’est-ce que tu regardes ?
    – Notre album de l’année de terminale, dit-il, et le cœur d’Emma se serra. »  Page 268
  • « Abandonnant sacs et paquets, elle alla s’asseoir à côté de lui gentiment, doucement, de peur qu’il ne s’enfuie si elle allait trop vite. Le livre était ouvert à une double page de clichés instantanés. Sydney, Emme et Hunter John figuraient presque sur toutes. »  Page 268
  • « – Non ! coupa-t-il avec rudesse en la lâchant. Non. Ne recommence pas. Qu’ai-je bien pu faire pour que tu croies qu’je regrettais de t’avoir choisie ? J’ai passé des jours à essayer de deviner comment j’aurais pu empêcher cela d’arriver, mais tu sais ce que j’ai compris ? Il ne s’agit pas d’une histoire entre toi et moi. Mais entre toi et Sydney. Je soupçonne aussi que ta mère a un rôle là-dedans. Je t’aime, je n’aime pas Sydney. Je veux passer ma vie avec toi, pas avec elle. Nous ne sommes plus les mêmes personnes, conclut-il en refermant l’album du lycée, le livre des rêves enfantins de célébrité et de voyage sac au dos à travers la France. En tout cas, moi, je ne suis plus la même personne. »  Pages 270 et 271
4,5 étoiles, F

La femme du capitaine

La femme du capitaine de Beth Powning.

Éditions Perce-Neige, publié en 2014, 438 pages

Roman de Beth Powning paru initialement en 2010 sous le titre « The Sea Captain’s Wife ».

Au dix-neuvième siècle, dans le petit village côtier de Whelan’s Cove au Nouveau-Brunswick, Azuba observe sans relâche les navires marchands prendre le large dans la brume de la Baie de Fundy. Depuis qu’elle est enfant, elle rêve de mettre les voiles et de partir à la découverte du monde. Malheureusement pour elle, son mari, le capitaine Bradstock, est un homme solitaire et ne veut pas mettre sa femme et sa fille en danger sur son navire, Le Voyageur. Il veut les garder à l’abris du dur quotidien sur un navire : les longs mois en mer, les orages, les tempêtes, le rationnement ou même les mutineries ou les naufrages. Mais, il suffira d’une rumeur dans le village pour qu’il se résigne à amener Azuba et leur fille avec lui lors de son prochain départ. Un fois en mer, le voyage ne sera pas de tout repos et la femme du capitaine aura grandement le temps de songer à ses choix de vie.

Un merveilleux roman historique sur le milieu maritime. Cette lecture fait voyager le lecteur de la Baie de Fundy à Hong Kong en passant par le dangereux Cap Horne et la belle ville de San Francisco. Dans ce récit, les personnages sont attachants et très crédibles. Celui d’Azuba est très intéressant car il fait découvrir la vie quotidienne des femmes de marins qui partaient en mer pendant des mois, parfois même des années. En suivant sa vie et ses pensées on découvre une jeune femme forte et courageuse. De plus, les descriptions des paysages marins ainsi que le langage utilisé pour les dialogues font voyager littéralement le lecteur sur les navires à voiles de l’époque. Malgré quelques longueurs, un roman très bien écrit et dépaysant qui fait passer de belles heures de lecture.

La note : 4,5 étoiles

Lecture terminée le 21 février 2015

La littérature dans ce roman :

  • « Azuba et Nathaniel étaient allés lui rendre visite au presbytère peu après son arrivée au village. Il leur avait montré son studio, une grande pièce à l’arrière de la maison où se trouvaient un chevalet, des cahiers à dessin et une table, sous une fenêtre, encombrée de trésors ramenés de la côte – plumes, coquillages, crânes.
    Même vieux, pensa-t-elle, il aura cet air fervent et innocent.
    Le soleil entrait à flots par les fenêtres et illuminait les objets dans la pièce – la table recouverte d’un tapis sur laquelle étaient posés une lampe à huile et des livres à reliure de cuir ; un vaisselier en fer blanc laqué; un orgue à soufflerie manuelle. »  Page 24
  • « Je pense à toi qui lisais à voix haute à Carrie et qui m’enseignais à jouer au cribbage. Il nous reste encore la moitié du dernier roman de Dickens à lire. »  Pages 46 et 47
  • « La table vers laquelle elle se tourna débordait d’objets : des bouteilles pleines de pinceaux à poils de martre, des cahiers à croquis, des plateaux d’étain remplis d’outils d’artiste, des créatures préservées dans des bocaux. De os blanchis, des pinces de homard, des squelettes de poissons, des dents, des dollars des sables, des oursins. »  Page 47
  • « Simon était dans son bureau. Il avait quitté sa chaise, derrière son pupitre à cases et ses livres de théologie à dorures. »  Page 48
  • « Il déposa l’os sur une petite soucoupe blanche et ouvrit un carnet de dessins rempli de fleurs travées au crayon de plomb.
    – Cypripedium acaule, dit-il en feuilletant son carnet. Le sabot de la vierge.
    Elle toucha une page du bout du doigt pour l’empêcher de la tourner.
    – Celle-ci. Elle est tellement belle. »  Page 48
  • « Un soir, quelques jours plus tard, il s’était levé, était allé chercher un livre sur une étagère de la bibliothèque et l’avait jeté sur les genoux d’Azuba. Il l’avait ouvert et avait montré du doigt une gravure représentant le cap Horn dans un blizzard. Un navire sombrait, ses voiles en lambeaux, ses mâts parallèles aux flots. Une femme solitaire s’agrippait au bord du canot de sauvetage dans lequel elle était assise.
    – Le cap Horn, avait-il dit.
    – Je sais.
    Elle avait caché l’image de sa main et lui avait adressé un regard perplexe.
    – Je ne veux pas voir ça. J’ai vu ces images. Elles sont horribles.
    Il avait retrié sa main et avait tourné les pages du livre, s’arrêtant sur l’image d’un navire échoué sur des rochers. Des femmes et des enfants étaient amarrés aux mats. Sur la terre ferme, des personnes agenouillées pleuraient, les mains jointes ou recouvrant leur bouche. »  Page 55
  • « Au début juin, Carrie commença à dessiner dans un vieux livre de comptes. Pour y ajouter de la couleur, elle se servait des crayons que lui avait offerts le révérend Walton.
    En haut de la page, elle dessina leur maison. Un sentier tortueux bordé de fleurs traversait la page, et Carrie y plaça trois bonshommes-allumettes : Carrie, Nathaniel et Azuba. Elle coiffa Nathaniel d’un chapeau haut de forme et lui dessina une pipe d’où sortait un nuage de fumée noire.
    Le dessin recouvrait des lettres et des chiffres angulaires tracés à l’encre brune, réduisant à l’état de palimpsestes des données qui, jadis, étaient indispensables.
    Elle posa le livre sur les genoux d’Azuba e l’ouvrit.
    – Ça, c’est un chat. Ça, c’est le canari à Papa. Ça, c’est Papa et moi à la plage. Ça, c’est le cheval de Papa. Il m’emmène chez Mamie Cooper. Ça, c’est le jardin. Et ça, c’est le bateau à Papa avec un drapeau sur le mât. »  Page 63
  • « Mamie Cooper avait offert à Azuba son livre de remèdes. Enfant, Azuba passait quelques jours chez sa mamie tous les mois d’octobre à préparer avec elle les remèdes d’hiver. Une pincée d’alun, de la teinture de rhubarbe; du baume au gingembre à base de beurre contre l’érysipèle. Azuba alignait les petites bouteilles de verre en savourant les mots que prononçait sa mamie : chaire brulée, fièvre de lait. Azuba feuilletait maintenant le petit volume à reliure de cuire en admirant ses pages tachées, déchirées et recouvertes d’annotations de la plume de Mamie. Des notes, des rappels, des conseils, des recettes. Elle sentait sur elle le regard de sa grand-mère. Mal d’oreille. Mal de gorge putride. Mal de dents. Mal de mer. »  Page 89
  • « Elle parcourut des yeux la pièce sombre et mal aérée. Le monde de Nathaniel. C’était comme un salon miniature qui s’inclinait sans cesse : les cadres s’agitaient sur leurs crochets, un livre bougeait sur la table, la cage de bambou et une lampe munie d’un abat-jour se balançaient du plafond. »  Page 98
  • « À côté du secrétaire se dressaient des étagères qui contenaient la collection de livres du navire. Azuba parcourut les titres : des livres sur la navigation, des romans, des recueils de poésie. Ceux que Nathaniel appelait ses « livres de médecine ». Elle en sortit quelques-uns et les feuilleta, vit qu’il avait écrit des notes dans les marge. »  Page 99
  • « Azuba souleva le couvercle de son coffre. Elle avait apporté quatre robes pour un voyage dont elle ne connaissait pas la durée. Deux robes de laine, deux de coton. Des bas de laine, des capes, des jupons, des culottes fendues. Elle sortit ses peignes, sa brosse, une boite d’épingles à cheveux et sa bible et les tendit à Carrie, qui se chargea de tout ranger. »  Pages 100 et 101
  • « À cette heure-là, ses parents devaient être passés ensemble au salon. Son père devait lire des passages de la bible à voix haute pendant que sa mère faisait de la dentelle. »  Page 105
  • « Après douze jours en mer, quand elle fut enfin entièrement remise de son malaise, Azuba passait le temps en examinant le contenu de la bibliothèque de Nathaniel. Assise par terre à côté de son secrétaire, elle étudiait le livret qui accompagnait la trousse de pharmacie : A Companion to the Medical Chest, with Plain Rules for the Taking of Medicines. Elle ouvrait la boite et en sortait les instruments et les divers petits flacons numérotés afin que le capitaine puisse les repérer facilement. Elle comparait les recettes du livret avec celles que lui avait données Mamie.
    En consultant les manuels de navigation de Nathaniel, Azuba assimila toutes sortes de nouvelles connaissances : la navigation à l’estime, la navigation par les astres, les divers usages du sextant. Dans sa cabine, elle ouvrit la boite en bois de rose et comprit en examinant le chronomètre qu’il serait impossible de calculer leur longitude sans cet instrument. Elle apprit les aires de vent. À table, Nathaniel et M. Dennis avaient de longues discussions sur ce qu’ils appelaient « le livre de Maury », alors elle repéra le volume dans la bibliothèque. L’auteur, le lieutenant américain Matthew Maury, s’était intéressé à déchiffrer les caprices de la mer. Les coudes appuyés sur le tapis de table, Azuba se renseigna sur l’origine des vents. Elle apprit que l’air se déplace des cellules de haute pression vers celles de basse pression, que la rotation de la Terre et le changement des saisons ont une incidence sur la direction des vents. Que les courants océaniques sont aussi réguliers qu’une route. Que les déserts et les nappes de glace ont un effet sur les vents et la pluie. Elle constata que Nathaniel et M. Dennis étaient à la fois critiques et admirateurs du Lieutenant Maury. Mais comme ses écrits permettaient aux capitaines de prendre des décisions basées sur la science, on ne pouvait pas les ignorer. La mer, écrivait Maury, n’était pas un espace sauvage et aléatoire. De nouvelles certitudes s’imposaient.
    Après s’être assurée qu’elle n’avait pas laissé de cheveux noirs, des gouttes de thé ou une plume entre ses pages, elle remit le volume à sa place. À table, elle ne dit rien quand les hommes discutaient des conclusions de Maury même si, bien souvent, elle aurait pu fournir des éléments de réponse. »  Pages 110 et 111
  • « Un froid régnait dans le salon. Azuba faisait porter à Carrie une camisole de laine et un gilet épais. Les jours de grande turbulence, elle sentait monter en elle une pointe de regret qui se serait transformée en désespoir si elle avait pris le temps de s’y attarder. En de telle occasion, elle se concentrait sur Londres et lisait à voix haute des passages de son guide de voyage, le Harper’s Guidebook for Travellers. Carrie l’écoutait, et ses poupées de papier devenaient la Reine d’Angleterre, le Prince de Galles et la Princesse Alexandra.
    – Carrie, c’est là que nous allons, disait Azuba en déposant le guide et en reprenant son tricot. Nous allons à Londres ! »  Page 112
  • « Azuba écrivit à ses parents :
    Ne vous inquiétez pas pour nous. Je lis ma bible, et Carrie et moi envoyons nos prières au ciel en pensant à vous. »  Pages 116 et 117
  • « Elle était montée sur une chaise pour accrocher la feutrine devant les portes des chambres d’amis, avait décidé qu’il fallait abattre Dolly; avait dressé chaque jour la liste des tâches à confier à Hannah, versé les salaires, tenu son livre de comptes. »  Page 138
  • « C’est la dernière lettre que je vous enverrai avant d’arriver à Anvers, à moins que nous croisions un navire en mer. Je compte documenter la suite de notre voyage, et je promets de vous envoyer une copie de mon livre de bord. »  Page 144
  • « Nathaniel allait devoir jouer le rôle de sagefemme et de médecin. Il n’y aurait pas de chloroforme, pas de mains fortes et habiles d’une femme. Rien pour l’aider sauf des connaissances livresques. Ou la chance. »  Page 162
  • « Elle aurait souhaité pouvoir leur confier qu’elle étudiait les manuels de navigation de Nathaniel, qu’elle tentait de résoudre des équations, qu’elle écoutait les commandements livrés par son mari et observait ce que faisaient ses hommes pour y répondre, et qu’à l’arrière du livre à reliure de cuir de Mamie elle avait fait un croquis du Voyageur sur lequel elle avait inscrit les noms des voiles, des vergues et des cordages après avoir retourné la pointe de sa plume. »  Pages 169 et 170
  • « Elle allait devoir se passer de la compagnie d’autres femmes pendant des mois. J’aurai besoin de quoi me nourrir l’esprit et l’âme – des livres, des plantes, des projets. »  Page 171
  • « Elle fit du troc avec les autres femmes de capitaine : une pelote de laine bleue contre une bobine de soie à coudre rouge; des conserves en échange de livres; du fil contre des journaux; du gâteau au fruits contre une pièce d’étoffe. »  Page 171
  • « Elle se mit à parler moins fort.
    – Je suis en train de m’initier à la navigation. Toute seule, avec les livres de mon mari. Je lis ses livres de médecine aussi. »  Page 174
  • «  – Prends ton abécédaire, chuchota Azuba.
    Carrie s’était rendue à la lettre O en brodant au fil bleu. »  Page 180
  • « Ce soir-là, Nathaniel lisait le Mariner’s Chronicle et Azuba, chaussons aux pieds, s’était enroulée dans un châle de laine noir avant de s’installer sur le canapé. La petite pièce était plus accueillante depuis qu’elle y avait installé son rosier en pot et son géranium rosat qui dégageait une odeur agréable.
    Azuba examina attentivement le dépliant qui accompagnait la trousse à pharmacie, un texte intitulé Plain Rules for the Taking of Medicines. Puis, elle ouvrit le volume que lui avait offert Mamie Cooper.
    Pour guérir un mal d’oreille : tabac et huile d’ognon rôti, une goutte dans l’oreille.
    Elle de mit à feuilleter li livre à reliure de cuir.
    Comment peindre une ruche
    Recette de bière à la mélasse
    Comment prévenir les infestations de pucerons sur les navets et les choux
    Comment réparer un poêle fissuré
    Comment fabriquer un filet maillant
    Sa grand-mère se dressa devant elle, une petite dame têtue et pleine d’entrain qui la mettait au défi de suivre son exemple.
    – Azuba, écoute ceci.
    Azuba marqua sa page à l’aide d’un bout de papier avant de refermer son livre et prit son tricot.
    Nathaniel se mit à lire à haute voix : Le capitaine cria « Voilà la côte ! Mon Dieu, nous sommes perdus! » Sa femme courut chercher le bébé et l’enveloppa dans un châle chaud avant d’en mettre un sur ses propres épaules. Le capitaine alla à la porte et prit le bébé dans ses bras en disant « Nous sommes perdus, dans deux ou trois minutes, ce sera fini. » Il fit ses adieux à sa femme et entama une prière qu’il interrompit quand la mer déferla sur eux. Le pont céda et ils furent plongés sous les flots. La femme du capitaine se trouva dans l’eau assez longtemps pour nager sur une dizaine de mètres vers l’avant du bateau. Lorsqu’elle remonta à la surface, ses vêtements s’emmêlèrent dans l’épave ; elle les libéra d’un coup ferme et se mit à chercher son mari et son enfant.
    Azuba déposa son tricot et regarda son mari. Ces histoires étaient tellement fascinantes pour lui qu’il semblait en oublier son auditoire tant sa lecture l’absorbait. Contrairement à ce qu’il aurait fait par le passé, il n’essayait pas de la dissuader à prendre la mer avec lui en lui lisant ces récits édifiants.
    Elle vit son mari debout sur le toit du rouf, sans l’enfant. Elle comprit qu’il était blessé. Affolé, il lui fit signe de monter sur le rocher contre lequel le navire s’était échoué. Le second et plusieurs hommes de l’équipage s’y trouvaient et l’enjoignaient en craint de se joindre à eux. Elle courut alors jusqu’au rocher en se frayant un passage parmi les décombres de l’épave. Une fois sur le rivage, ils se réfugièrent dans une masure où ils étendirent le capitaine à côté de son épouse. Avant de rendre son dernier souffle, celui-ci demanda si le petit était sain et sauf.
    Ils restèrent assis en silence. Nathaniel prit sa pipe et en tira quelques bouffées en tournant quelques pages.
    – Celle-ci maintenant. Ça s’est passé dans l’Atlantique Nord. Le navire avait quitté le port de Boston avec un chargement de charbon dans sa cale.
    – Nathaniel ?
    Il leva les yeux, tira sur sa pipe et fixa des yeux la flamme de la lampe à huile. Calmement, il calculait.
    – Pourquoi tu lis ces récits-là, Nathaniel ? Pourquoi tu me les lis à haute voix ?
    – Si ça ne te plait pas de les entendre, je peux les lire pour moi-même.
    – Ce n’est pas ce que je voulais dire. J’aime beaucoup t’entendre me lire des histoires. C’est juste que celles-là sont un peu angoissantes. Elles me font penser à nos familles qui doivent s’inquiéter à notre sujet.
    – Ah bon.
    Il la regarda, souleva un sourcil.
    – Je suppose qu’elles m’intriguent, c’est tout. La mer, c’est mon métier, c’est ma vie. Des éventualités comme celles-là me font réfléchir. J’apprends beaucoup de choses en les lisant. C’est bien de voir combien de gens survivent aux épreuves qu’ils subissent. J’aimerais penser que j’aurais la même présence d’esprit qu’eux, que je serais aussi courageux. »  Page 187 à 190
  • « Azuba remarqua que M. Dennis était devenu méfiant : il plissait les yeux et se contentait de grogner pour signaler son consentement. Épaules tendues, il partait exécuter les ordres de son capitaine. Azuba ne dit rien, mais selon ce qu’elle avait lu en secret dans les livres de Nathaniel, et selon les comptes rendus qu’il lui avait lus à haute voix, selon aussi les réponses qu’il lui avait données à toutes les questions qu’elle avait posées en le voyant tracer leur parcours, et selon ce que lui disaient ses propres observations, elle savait qu’ils se ruaient dans des vents qui soufflaient à quarante nœuds tel un aveugle parti à la course. »  Pages 206 et 207
  • « Nathaniel rangeait ses effets personnels, ses papiers et ses instruments de navigation dans le secrétaire à cylindre qui occupait la majeure partie du mur à l’avant du salon : compas, sextant, encrier, stylo, règle; ses pipes et son tabac; pistolets, munitions, coup-de-poing américain et matraque en cas de mutinerie ou de piraterie. Enfin un carnet de bord personnel, au contenu plus intime que celui qui se trouvait dans la cabine de l’équipage. »  Page 209
  • « Quand il le pouvait, Nathaniel s’installait à son pupitre après le repas du soir pour examiner les cartes marines des vents et des courants de la région et étudier les Explications et instruction nautiques accompagnant la Carte des vents et des courants de Maury, examinant les nouvelles routes et la science sur laquelle elles étaient fondées. »  Pages 209
  • « – Allons se coller dans le lit, dit Azuba. On mangera des craquelins.
    Elles se rendirent au garde-manger et en sortirent la dernière boite de craquelins. Ensuite, elles allèrent au salon chercher des oreillers et des livres. »  Page 213
  • « Elles ouvrirent un livre, Les Mélodies de ma mère l’Oye. Une odeur émanait du papier qui rappelait à Azuba la boutique où elle l’avait trouvé à Londres. C’était avant le cap Horn, avant les iles Chincha. Avant Andrew.
    Sur la page se trouvait le dessin d’un arbre avec des poissons dans son feuillage. Azuba chanta :
    Michaud est monté dans un peuplier,
    Michaud est monté dans un peuplier.
    La branche a cassé, Michaud est tombé.
    Où donc est Michaud ?
    Michaud est su’le dos.
    Ah ! relève, relève, relève,
    Ah ! relève, relève, Michaud.
    Carrie posa son doigt sur un poisson dans l’arbre.
    – Maman, pourquoi il a lâché la corde ? Pourquoi il est tombé ?
    Azuba souleva le doigt de Carrie et tourna la page.
    – Ses mitaines étaient glissantes. Il n’a pas fait exprès. Il a fermé sa main sur la corde mais sa main a glissé.
    – Qui va le dire à sa maman ?
    – Papa lui a écrit une lettre. Il lui a dit que c’était un bon…
    Sa voix lui fit défaut, elle resta silencieuse un instant…
    – Il lui a raconté ce qui s’était passé. Nous donnerons la lettre au prochain navire que nous croiserons, ou bien nous la mettrons à la poste quand nous arriverons à Anvers.
    Carrie traça les lettres de la comptine suivante. »  Pages 213 et 214
  • « Elle prit le livre dans ses mains et se remit à lire à voix haute.
    Carrie suça son pouce et fixa la page sans la voir. »  Page 214
  • « Le lendemain, la tempête redoubla d’ardeur. Le feu dons le poêle s’était éteint, et il faisait si froid dans le salon qu’un nuage de buée sortait de la bouche quand on l’ouvrait. Azuba traversa la pièce en chancelant et s’assura que tous les objets étaient assujettis – les boites à ouvrage, les livres, le papier à dessiner de Carrie. »  Page 215
  • « – La fois où… le dentier à matante est tombé dans le poêle puis qu’on a dû fouiller dans le seau à cendre pour le retrouver. La fois où… le plateau de porcelaine est passé par la fenêtre en même temps que l’eau de vaisselle puis qu’on l’a retrouvé intact dans les œillets de poète… »  Page 215
  • « Elle s’assied en tailleur, un gros livre sur les genoux en guise de tablette, et se mit à écrire. »  Page 230
  • « Azuba et Mme Lattimer s’installèrent avec leur broderie tandis que Carrie s’assit avec un livre et que Lisette se chargea de coucher le bébé dans une des chambres. »  Page 293
  • « – Des pirates les ont livrés à l’Alabama. Puis là, sous leurs yeux, ils ont mis le feu à leur bateau. Tu te souviens comme il était beau. Un vrai péché. Mme Davis a été gardée prisonnière dans les cales du navire sudiste pendant deux semaines sans savoir ce qui était advenu de son mari. Elle l’a finalement retrouvé quand les moins que rien les ont largués au large de l’Espagne.
    Carrie était penchée sur son livre, mais elle avait cessé de tourner les pages. »  Page 295
  • « Ils allèrent au jardin zoologique, où Azuba resta un long moment à admirer la serre tropicale, et où ils virent par hasard un gardien jeter des lapins vivants dans la cage à serpents. Nathaniel lut dans leur guide de voyage que le zoo possédait la plus importante collection de singes bleus de toute l’Europe. »  Page 296
  • « Quand Simon était là, Whelan’s Cove prenait vie; ce n’était plus qu’un rêve ou une image tirée d’un livre. »  Page 314
  • « Simon avait sous le bras deux guides de voyage – le Harper’s Handbook et le Baedeker – mais il affichait une mine soucieuse. »  Page 317
  • « – Bonjour Monsieur Walton. Tu nous emmènes quelque part aujourd’hui ?
    Il baissa les yeux vers les livres qu’il portait.
    – À moins que vous n’ayez prévu autres chose… »  Page 317
  • « Il lisait à voix haute des passages d’un vieux journal ou de David Copperfield. »  Page 348
  • « Angoissée, Azuba posa son livre. »  Page 385
  • « Nathaniel lisait le journal, assis sur le divan. Son désœuvrement, le silence de Carrie remplissaient la pièce. Le bébé, en revanche, babillait, riait, découvrait avec plaisir les livres, la nourriture, sa boule de ficelle. »  Page 387
  • « Le matin, avant de se lever, elle s’était mise à se représenter sa vie depuis sa naissance jusqu’au temps présent. Elle avait l’impression de feuilleter un grand livre illustré où les images se succédaient, lui montrant les constantes de sa vie. »  Page 392
  • « Azuba glissa une languette de cuir bleu dans son livre pour marquer la page avant de refermer le livre qu’elle posa sur une table. »  Page 397
  • « Elle repensa à toutes les discussions qu’avaient eues Nathaniel et M. Dennis à bord du Voyageur sur les écrits de Maury. »  Page 397
  • « Comment aurait-elle pu être heureuse de son sort quand dans son esprit défilait ce que l’avenir réservait à Nathaniel ? Les bureaux poussiéreux, les livres de comptes, la scierie, l’atelier d’assemblage. »  Page 403
  • « Elles aimaient feuilleter ensemble le Godey’s Lady’s Book pour admirer les somptueuses robes à crinoline et les jupons à cerceaux qui s’y trouvaient. »  Page 412
  • « Nathaniel avait décidé de devenir arboriculteur fruitier. Il acheta une grande parcelle de terre derrière la maison avec une déclivité qui servirait d’abri aux arbres qu’il prévoyait planter. Il commanda un manuel d’horticulture, The American Fruit Book : Containing Direction for Raising, Propagating and Managing Fruit Trees, Shrubs, and Plants. Il lut attentivement les chapitres sur le greffage, le bourgeonnement, l’élagage, la gestion des sols, la lutte contre les insectes et les animaux nuisibles, l’irrigation, la mise en marché.
    À son pupitre, le soir, il ne lisait plus son journal de bord. »  Pages 420 et 421
  • « Carrie s’adressait à tout le monde maintenant et était redevenue en apparence la jeune fille qu’elle avait été jadis – brillante, capable, sérieuse. Mais elle regardait sa mère d’un regard sérieux, le même regard qu’elle posait sur les images dans ses livres, la nourriture dans son assiette, une mouche posée sur son doigt – toujours méfiante, semblait-il, à l’affut d’un quelconque danger ou d’une éventuelle trahison. »  Page 427
3,5 étoiles, F, M

La Saga Malaussène, tome 2 : La Fée carabine

La Saga Malaussène, tome 2 : La Fée carabine de Daniel Pennac.

Éditions Folio, publié en 1997, 253 pages

Deuxième volet de la saga Malaussène écrit par Daniel Pennac et paru initialement en1987.

La fée carabine

À Belleville rien ne va plus : les vieilles femmes sont armées jusqu’aux dents, on attaque et torture les femmes et le personnel de l’hôtel de ville drogue les vieux. Que se passe-t-il ? À travers tout cela, Benjamin a toujours à sa charge ses 5 frères et sœurs, son chien épileptique et quelques vieux drogués, qu’il recycle en « grands-pères » d’adoption. Sa belle Julia ne donne pas beaucoup signe de vie car elle travaille sur un papier dangereux, silence de son côté. Suite à tous les crimes commis dans Belleville, plusieurs dossiers d’enquêtes sont ouverts par la police. Les enquêteurs deviennent fous à vouloir les démêler. Par un effet de hasard et de mal chance, Benjamin semble être lié à tous les cas. Il est rapidement identifié comme le suspect idéal aux yeux des policiers. Benjamin Malaussène, bouc émissaire de profession, se retrouve sous haute surveillance et accusé de tous les crimes.

Roman policier absurde, drôle et mettant en vedette une troupe de personnages insolites. L’histoire est relativement bien ficelée par contre il y a un peu trop d’évènements pour garantir la clarté du roman. La dispersion du récit, les invraisemblances ou les cibles faciles tel que les flics corrompus font légion et assomment le lecteur à la longue. Par contre, les malheurs du personnage principal sont assez captivants. C’est un texte qui se lit rapidement car les descriptions sont presque absentes et le style d’écriture est basé sur des dialogues colorés. La richesse du livre provient en grande partie des personnages. Ils sont tous hauts en couleur, particuliers et surtout très attachants. On passe du vieux flic vietnamien qui se travestit pour faire ses enquêtes à l’ancien guerrier yougoslave en passant pour une jeune voyante. Ils sont riches et semblent réels tant l’auteur les fait vivre dans son récit. Par contre certaine frôle la caricatures : les flics sont forcément racistes, violents et corrompus. Daniel Pennac nous présente une fois de plus, un récit où il faut accepter que quelques fois la vraisemblance et les certitudes n’ont pas lieu d’être.

La note : 3,5 étoiles

Lecture terminée le 11 mars 2014

La littérature dans ce roman :

  • « Jérémy, qui redouble sa cinquième, prétend vouloir tout connaître de Molière, et le vieux Risson, son grand-père à lui (un libraire à la retraite) multiplie les indiscrétions biographiques. »  Page 11
  • « Une rame pénétra en même temps qu’eux dans l’antre naturaliste des frères Goncourt. »  Page 22
  • « Pendant ce temps chez les Malaussène, comme on dit dans les bédés belges de mon frère Jérémy, les grands-pères et les enfants ont bouffé, ils ont desservi la table, se sont cogné la vaisselle, ont fait leur toilette, enfilé leurs pyjamas, et maintenant ils sont assis dans leurs plumards superposés, les charentaises dans le vide et les yeux hors de la tête. »  Page 23
  • « L’obus est tombé aux pieds du prince André Bolkonski, lequel se tient là, debout, indécis, à donner l’exemple à ses hommes pendant que son officier d’ordonnance pique du nez dans la bouse. Le prince André se demande si c’est la mort qui tournoie sous ses yeux, et le vieux Risson, qui a lu Guerre et Paix jusqu’au bout, sait bien que c’est la mort. »  Pages 23 et 24
  • « Il ne lui a pas fallu plus d’une séance pour me ravaler au rang de lanterne magique et s’octroyer la dimension cinémascope-panavision-sun-surrounding et tout le tremblement. Et ce n’est pas la Collection Harlequin qu’il leur sert, aux enfants ! mais les plus ambitieux Everest de la littérature, des romans immenses conservés tout vivants dans sa mémoire de libraire passionné. »  Page 24
  • « Les cheveux, les dents, les ongles et le blanc de l’œil étaient jaunes. Plus de lèvres. Mais, le plus impressionnant, c’était qu’à l’intérieur de cette carcasse et au fond de ce regard on sentait une vitalité affreuse, quelque chose de résolument increvable, l’image même de la mort vivante que donne la fringale d’héroïne aux grands camés en état de manque. Dracula soi-même ! »  Page 25
  • « Risson raconte la Guerre et la Paix, et, dans le sifflement empoisonné de la petite bombe, on peut entendre tourner les noms de Natacha Rostov, de Pierre Besoukhov, d’André, d’Hélène, de Napoléon, de Koutouzov… »  Page 28
  • « À croire que toute la flicaille de Paris monte à l’assaut. Il en grimpe de la place Voltaire, il en tombe de la place Gambetta, ils rappliquent de la Nation et de la Goutte d’Or. »  Page 33
  • « Il va bientôt publier dans ma boîte (aux Éditions du Talion) un gros ouvrage sur ses projets parisiens : le genre mégalo-book, papier glacé, photos couleurs, plan dépliable et tout. Opération prestige. Avec de belles phrases d’architectes : de celles qui s’envolent en abstractions lyriques pour retomber en parpaings de béton. C’est parce que la Reine Zabo m’a envoyé chercher son manuscrit que j’ai eu les honneurs de Ponthard-Delmaire, le fossoyeur de Belleville.
    — Pourquoi moi, Majesté ?
    — Parce que s’il y a quelque chose qui merde dans la publication de son livre, Malaussène, c’est vous qui vous ferez engueuler. »  Pages 33 et 34
  • « Un gros qui se déplace comme un gros ; pesamment. Qui se déplace peu, d’ailleurs. Après m’avoir filé son bouquin, il ne s’est pas levé pour me raccompagner. »  Page 34
  • « Ce sont les lieutenants de mon pote Hadouch, fils d’Amar, et condisciple à moi au lycée Voltaire. »  Page 35
  • « Mais il a beau puer de la gueule comme s’il voyageait au fond des enfers, Julius le Chien est vivant. Épilepsie. Ça va durer un certain temps. Plusieurs jours, peutêtre. Aussi longtemps que la vision qui a provoqué cette crise s’accrochera à sa rétine. J’ai l’habitude.
    — Alors, Dostoïevski, qu’est-ce que tu as vu, ce coup-ci ?
    Moi, ce que je vois, après avoir ouvert l’enveloppe kraft de Hadouch, me laisse tout rêveur, et mon dîner, pourtant lointain, me remonte gentiment à la bouche. »  Page 37
  • « — Ma veuve Dolgorouki connaissait parfaitement les écrivains prérévolutionnaires. À vingt ans, elle était communiste, comme moi au sortir de mon couvent. Elle faisait la résistante ici, pendant que je faisais le maquisard en Croatie. Elle savait les poèmes de Maïakovski par cœur, nous nous récitions des scènes entières du Revizor et elle connaissait Bielyï. Oui. »  Pages 87 et 88
  • « On a démonté les meubles planche par planche avant de tout péter. Tous les livres de la bibliothèque gisent écartelés au milieu du massacre. Leurs pages ont été arrachées par poignées. »  Page 104
  • « C’est vrai, Julie, qu’ils n’aillent pas remettre la main sur ces pauvres vieux, « ne me téléphone pas, Ben, ne viens pas me voir, d’ailleurs je vais disparaître pendant quelque temps », mais s’ils viennent, eux, chez moi, pendant que je cours comme un con et si c’était ça, justement, qu’ils voulaient savoir, la planque des grands-pères, et s’ils le savent, maintenant, et s’ils avaient fait le chemin inverse, eux, entrant en force dans la maison pendant que maman est seule avec les enfants et les grands-pères ? flaques, baffes, caniveaux, terreur, je traverse l’avenue au niveau du lycée Voltaire, ça klaxonne, gueule, patine, et froisse de la taule, mais j’ai déjà plongé comme la mouette ivre dans la rue Plichon, traversé celle du Chemin-Vert et je viens de m’écraser contre la porte de la quincaillerie. »  Page 107
  • « De l’eau bouillant sur la cuisinière, le four occupé pour le dîner, mais pas de Clara, pas de Rognon. Le livre d’histoire de Jérémy ouvert sur la table, sans Jérémy. À côté de lui le cahier d’écriture du Petit, un beau pâté au milieu de la page, où est le Petit ? »  Page 114
  • « Pastor pensait à la bibliothèque. Les livres avaient été la seconde passion du Conseiller, après Gabrielle. Leur seconde passion commune. Éditions originales, reliées au fer et signées par leurs auteurs, dès parution. Parfum de cuir, vieille cire aux senteurs de miel, chatoiement des feuilles d’or dans la pénombre. Et pas de musique, surtout ! Pas de gramophone, pas d’électrophone, pas de chaîne hi-fi. « La musique, il y a des squares pour ça », proclamait le Conseiller. Rien que le silence des livres qui, maintenant, dans le souvenir de Pastor, s’accordait aux martèlements de la pluie. On n’ouvrait que rarement ces reliures silencieuses. Au-dessous, la cave de la maison était la réplique exacte de la bibliothèque. Mêmes rayonnages, mêmes auteurs, mêmes titres, à l’exacte verticale de l’exemplaire original qui se trouvait au-dessus, mais en éditions courantes. C’était ceux-là qu’on lisait, les livres de la cave. « Jean-Baptiste, descends donc à la cave nous chercher un bon bouquin. » Pastor s’exécutait, libre dans son choix, plutôt fier de sa mission. »  Pages 122 et 123
  • « — J’ai honte, gamin, je t’ai fait une petite cachotterie.
    — Pas grave, Thian, c’est ta nature perfide d’Asiate. J’ai lu dans un livre que c’était plus fort que vous. »  Page 123
  • « — Alors mon grand, à quoi ressemble-t-il, ce petit ?
    Aussi bien, comme on dit dans les beaux livres, aucun des enfants Malaussène ne peut-il se vanter d’avoir connu les seins de sa mère. »  Page 131
  • « — Elle est belle comme une bouteille de Coca remplie de lait.
    Jérémy a murmuré ça les larmes aux yeux. Risson a froncé ses vieux sourcils dans un effort louable pour donner corps à cette image. Clara a pris une photo. Oui, Jérémy, elle est belle comme une bouteille de Coca-Cola remplie de lait. Je la connais bien, cette beauté-là ! Irrésistible. Le genre Bois Dormant, Vénus sortant de Shell, indicible candeur, naissance à l’amour. Vous connaissez la suite, les enfants ? Le Prince Charmant nous pend au nez. Dès son réveil, maman ne sera plus que disponibilité candide à la passion. Et si par malheur un beau tsigane (ou un gentil comptable, peu importe) passe à ce moment-là… »  Page 132
  • « — Ponthard-Delmaire, vous vous rappelez ?
    — Ponthard-Delmaire, l’architecte ? Le roi des jolis mots coulés dans le béton ? Comme si c’était hier.
    — Eh bien, le bouquin de lui que nous devons éditer est foutu.
    (Ça y est, je commence à piger. Il va falloir que j’aille trouver ce poussah et me prendre une avoine pour une connerie que je n’ai pas faite moi-même.)
    — Le chauffeur qui devait porter la maquette à l’imprimerie a eu un accident. Sa voiture a brûlé et le bouquin avec. »  Page 137
  • « — Avez-vous la moindre idée de la quantité de fric investie dans ce livre, Malaussène ?
    — Probablement dix fois plus qu’il ne vous en rapportera.
    — Erreur, mon garçon. Tout ce que nous pouvons gagner sur ce livre est déjà dans notre caisse. Colossales subventions de la ville de Paris pour promouvoir LE bouquin d’archi qui annonce sans ambiguïté ce que sera le Paris de demain. Substantielle rallonge du ministère des Travaux Publics qui prône une politique de la transparence dans ce domaine. »  Page 137
  • « — Écoutez-moi bien, Malaussène. Il nous faut environ un mois pour recomposer ce foutu livre. Or, Ponthard-Delmaire attend ses épreuves mercredi prochain. Et la sortie du livre a été prévue pour le 10. »  Page 138
  • « Ce doux grand-père aux yeux si creux et aux cheveux si blancs qui s’était timidement approché de Thian au moment où il partait et qui lui avait tendu un petit bouquin rose : « Pour lire, pour être moins seule… »
    Thian sortit le petit livre de sa poche. « Stefan Zweig, Le joueur d’échecs. » Il contempla un long moment la couverture rose et souple. « C’est un livre sur la solitude, avait dit le grandpère, vous verrez… »
    Thian jeta le bouquin sur le lit. « Je demanderai au gamin de me le résumer… » »  Page 143
  • « Des affamés de lecture descendaient quatre à quatre les marches de la librairie. D’autres en remontaient, plus calmes, chargés pour la semaine. Littérature démagnétisée qu’ils liraient, confortablement installés en face. L’un d’eux, gravissant sous le nez de Pastor les trois marches de la sortie, serrait Saint-Simon contre son cœur. Malgré tous ses efforts, Pastor ne put empêcher l’image du Conseiller de faire irruption dans le cadre, ni la voix de Gabrielle de combler tout le volume : « Le duc de la Force, qui mourut dans ce même temps, ne fit pas de regrets… nonobstant sa naissance et sa dignité. » Les inflexions de Gabrielle, qui lisait à voix haute, prêtaient aux lèvres du Conseiller le sourire du vieux duc de Saint-Simon. Ces soirées de lecture… et les oreilles du petit Jean-Baptiste Pastor dressées dans la pénombre…  »  Pages 148 et 149
  • « Comme Saint-Simon tout à l’heure, les blondinets gravirent les trois marches de la sortie, mais obliquant tout à coup à angle droit, ils se dirigèrent vers la table des deux flics. »  Page 149
  • « Il disait : « Ce vieux monde rhumatisant aura de plus en plus besoin de vos drogues, Thian… » Tu sais qui c’était ce type, gamin ?
    Pastor fit non de la tête :
    — Corrençon. Le gouverneur colonial Corrençon. Le père de ta petite Corrençon qui joue les belles au bois dormant à l’Hôpital Saint-Louis. C’était lui. Je l’avais complètement oublié. Mais je le revois maintenant, si droit sur sa chaise, écoutant ma mère lui prédire la fin de l’Indochine française, puis celle de l’Algérie, et je l’entends répondre :
    — Vous avez mille fois raison, Louise : la géographie va retrouver ses droits. »  Pages 164 et 165
  • « — Quelques mois de prison seront insuffisants ; j’aurais besoin, au moins, d’une année complète.
    Les trois flics se regardèrent.
    — Pourquoi ? demanda Pastor.
    Stojilkovicz réfléchit encore, évaluant consciencieusement le temps qui lui était nécessaire, et dit enfin, de sa tranquille voix de basson :
    — J’ai entrepris une traduction de Virgile en serbo-croate ; c’est très long, et assez complexe. »  Page 172
  • « — Mais pourquoi faut-il que je sois viré si je n’obtiens pas ce délai de publication, bordel ?
    — Ne soyez pas grossier. Parce que vous aurez échoué, tout simplement, et qu’une maison d’édition digne de ce nom ne peut pas se permettre de garder des tocards dans son équipe.
    — Mais, vous, Majesté, vous l’Inoxydable, vous avez échoué, non ? En laissant cramer les épreuves du livre dans cette bagnole ! »  Page 176
  • « – J’ai une famille à nourrir ! Je ne passe pas ma vie à m’allonger sur des canapés pour savoir comment fonctionnent mes rouages, moi !
    — Famille, mon œil ! Il y a trente-six façons de nourrir une famille ; à commencer par ne pas la nourrir du tout. Rousseau a très bien su faire ça. Et il était au moins aussi cinglé que vous !
    Engagée sur de pareilles bases, cette conversation aurait pu durer indéfiniment. La Reine Zabo sut lui donner un point final tout ce qu’il y a de professionnel.
    — Vous irez donc demain mercredi chez Ponthard-Delmaire, vous obtiendrez ce délai de publication pour son livre d’architecture, sinon, vous serez viré. J’ai d’ailleurs annoncé votre visite : seize heures précises. »  Page 177
  • « Le grand Bertholet eut un bref sourire à l’adresse de l’inspecteur Pastor, debout là, dans son vieux pull de laine, plutôt timide, flottant dans la lumière ; vaguement mou même ; et, que cette reproduction en latex du Petit Prince ait arraché des aveux à Chabralle, ça, le grand Bertholet n’arrivait toujours pas à le croire. »  Page 184
  • « C’était vrai, il restait Gervaise, la fille laissée sur terre par la géante. Elle n’était pas de Thian, mais tout comme. On lui avait donné un nom rouge, pris dans un livre réputé rouge. Ça ne l’avait pas empêchée d’attraper la Foi, Gervaise. »  Page 197
  • « Mais ce n’était pas Dieu le Père, c’était le plus camé de ses anges déchus ; c’était le vieux Risson, l’ancien libraire que la veuve Hô avait rencontré chez Malaussène.
    — Je suis venu récupérer mon livre, monsieur l’inspecteur. »  Page 198
  • « La façon dont il tenait le revolver, bien calé au creux de sa paume… oui, ce genre d’outils lui était familier.
    — Vous l’avez lu ?
    Il secouait le petit livre rose de Stefan Zweig, Le joueur d’échecs, qui gisait au pied du lit, d’où il était tombé sans que Thian l’eût ouvert.
    — Vous ne l’avez pas lu, n’est-ce pas ?
    Le vieillard secouait une tête désolée. »  Page 199
  • « Il raconta comment Malaussène et les enfants les avaient soignés, et guéris, comment cette incroyable famille leur avait redonné la raison et le goût de la vie, comment lui-même, Risson, s’était senti ressuscité par Thérèse, comment il avait trouvé le bonheur dans cette maison et comme il était transporté le soir, par la joie des enfants, quand il leur racontait des romans.
    — Et c’est aussi pour cela que je vais être obligé de vous tuer, monsieur l’inspecteur. Je vais me faire descendre parce que ce vieux cinglé raconte des romans à des mouflets ? Thian ne comprenait pas.
    — Ces romans dorment dans ma tête. J’ai été libraire toute ma vie, voyez-vous, j’ai beaucoup lu, mais la mémoire n’y est plus tout à fait. Ces romans dorment et il me faut, chaque fois, les réveiller. »  Page 200
  • « — Ce soir, par exemple, continuait le vieux Risson, je vais leur raconter Joyce. Vous connaissez James Joyce, monsieur l’inspecteur ? Non ? Pas même de nom ?
    Le chargeur du Manhurin sous le buffet, et le Manhurin luimême, invisible, derrière le lit…
    — Eh bien, je vais leur raconter Joyce ! Dublin et les enfants de Joyce !
    La voix de Risson était montée d’un cran… il psalmodiait comme un prédicateur…
    — Ils vont faire la connaissance de Flynn, le briseur de calice, ils joueront avec Mahonny autour de l’usine de vitriol, je leur ferai retrouver l’odeur qui planait dans le salon du prêtre mort, ils découvriront Evelyne et sa peur de se noyer dans toutes les mers du monde, je leur offrirai Dublin, enfin, et ils entendront comme moi le Hongrois Villona s’exclamer, debout sur le pont du bateau : « L’aube, messieurs ! » »  Pages 200 et 201
  • « — L’argent de ces vieillardes incultes a tiré de l’oubli des chefs-d’œuvre qui revivent maintenant dans de jeunes cœurs. Grâce à moi ! Le baron Corvo… connaissez-vous le baron Corvo ?
    — Connais pas de baron, fit Mo le Mossi avec sincérité. »  Page 204
  • « — Et connais-tu au moins Imru al Qays, prince de la tribu de Kinda, jeune homme ? Il est de ta culture, celui-là, de ta culture la plus ancienne, l’antéislamique !
    — Connais pas de prince non plus, avoua Mo le Mossi.
    Mais le vieux s’était mis à psalmodier, sans crier gare :
    — Qifa, nabki min dikra habibin oua manzili…
    Simon traduisit pour le Mossi, en repoussant doucement le piston de la seringue. Il souriait.
    — Arrêtons-nous, pleurons au souvenir d’une amante et d’une demeure…
    — Oui ! s’écria le vieillard dans un éclat de rire enthousiaste. Oui, c’est une des traductions possibles. Et dis-moi, toi, connais-tu la poésie de Mutanabbî ? Son dithyrambe de la mère de Saïf al Dawla, tu le connais ?
    — Je le connais, oui, dit Simon en se penchant sur le vieux, mais je veux bien l’entendre encore, s’il te plaît. »  Page 204
  • « — Nouidou l – machraftataoua l – aouali… récita le vieillard.
    Simon enfonça l’aiguille en traduisant :
    — Nous préparons les glaives et les lances…
    Et il récita la suite en pressant sur le piston.
    — Oua taqtoulouna l-manounoubilla qitali.
    Le mélange de salive et de poudre blanche se rua dans la veine. Quand il atteignit le cœur, le vieux fut arraché de son fauteuil, propulsé dans l’espace. Il retomba aux pieds des deux garçons, les os brisés, recroquevillé sur lui-même, pareil à une araignée morte.
    — Traduction ? demanda le Mossi.
    — Et voici que la mort nous tue sans combat, récita le Kabyle. »  Page 204 et 205
  • « Voilà le genre de choses qui m’arrivent à moi : je baise ma belle au bois dormant et c’est ma mère qui se réveille… Car Julia dort toujours, à côté de moi, pas l’ombre d’un doute. »  Page 210
  • « Il y avait quelque danger à s’associer à une pareille cervelle… Place Voltaire, Pastor eut un nouveau gloussement. »  Page 213
  • « À moins que Risson, par nostalgie, ne se soit laissé enfermer vivant dans une bonne grosse librairie, « la Terrasse de Gutenberg », par exemple, et qu’il y ait passé sa nuit à bouquiner. Faudra bien qu’il se ressource un jour où l’autre, non ? Sa culture romanesque n’est pas inépuisable. Il est peut-être en train de se farcir ce dernier bouquin dont on cause, Le parfum, de Süskind, pour le raconter ce soir aux enfants ? »  Page 214
  • « Dans les deux cas, le sentiment final est proche de la pitié ; pitié de l’âme : « Dieu que cet homme est malheureux et que mes problèmes sont dérisoires par rapport aux siens » ou pitié clinique : « Qu’est-ce qui m’a foutu un maso pareil ? N’importe quoi pour ne plus le voir, il me déprime trop. » Et si, entre les deux versions, j’arrive à caser à l’énorme Ponthard que de toute façon les Éditions du Talion restent mieux placées que les autres pour sortir son bouquin vite fait, vu que nous le connaissons par cœur (tellement on l’aime), si j’arrive à lui sortir ça, j’aurai gagné la partie. »  Pages 218 et 219
  • « Je ne connais pas le troisième, un jeune mec dans un grand pull de laine, genre Gaston Lagaffe mais sur le mode tragique, à en juger par son visage ravagé. »  Page 220
  • « Un appartement déchiqueté, avec la même et méthodique sauvagerie que celui de la journaliste Corrençon. Une bibliothèque d’éditions originales jetée à terre, tous les livres écartelés. »  Page 221
  • « Il se saoulait de mots, de rythmes, debout dans l’encadrement de cette porte, comme un adolescent après sa première blessure d’amour. L’une de ces pauvres phrases s’accrocha plus particulièrement à lui : « ILS ONT ASSASSINÉ L’AMOUR. » C’était une phrase étrange, d’un romantisme désuet, comme sortie d’un livre en forme de cœur. « ILS ONT ASSASSINÉ L’AMOUR », mais cela s’était planté dans sa peau comme une ronce, et ça le réveillait la nuit, dans un hurlement rouillé, au bureau, sur son lit de camp : « ILS ONT ASSASSINÉ L’AMOUR ! » »  Page 221
  • « Comme Pastor nous avait pistonnés, on ne l’a pas vu au parloir de la taule, mais direct dans sa cellule : une piaule miniature, encombrée de dictionnaires, au sol crissant de feuilles froissées.
    — Soyez gentils, les enfants, faites passer la consigne : pas de visite au vieux Stojilkovicz.
    Ça sentait l’encre fraîche, la gitane, la double sueur des pinglos et des neurones. Ça sentait le bon boulot de la tête.
    — Pas une minute à moi, mes petits. Publius Vergilius Maro ne se laisse pas traduire en croate comme ça, et je n’en ai pris que pour huit mois.
    Il nous poussait vers la porte.
    — Même les arbres, là, dehors, ça me dérange…
    Dehors, c’était le printemps. Ça bourgeonnait ferme à la fenêtre de Stojil.
    — En huit mois, je n’aurai pas seulement fini de commencer.
    Stojil debout dans sa cellule, des brouillons jusqu’aux genoux, rêvant d’une condamnation à perpète pour pouvoir traduire l’intégral de Virgile…
    Il nous a foutus dehors. »  Page 242
4 étoiles, F

Le fléau, tome 3

Le fléau, tome 3 de Stephen King

Éditions J’ai Lu no 3313 ~ Publié en 1992 ~ 503 pages

Troisième et dernier tome de la version augmentée de ce roman de Stephen King paru initialement en 1978 sous le titre « The Stand ».

Le fléau tome 3

Rien n’est facile pour les survivants de la super grippe surtout pour le groupe de Boulder. Pendant l’organisation de la ville, Mère Abigaël a une vision qui lui fait comprendre qu’elle a pêché par orgueil. Par rédemption, elle décide de partir seule dans le désert laissant le Conseil diriger la ville. De son côté, Harold amer d’avoir été tenu à l’écart du Conseil planifie sa vengeance. Nadine est toujours hantée par le terrible rêve qui la destine à Flagg. Par dépit, elle s’unit à Harold. Ensemble ils vont mette en œuvre le plan machiavélique d’Harold. Après plusieurs semaines de recherche, Mère Abigaël est finalement retrouvée mais elle est au bord de l’épuisement. Lors de sa retraite elle a eu une vision, il faut qu’ils se rendent à Vegas dans le but de livrer une guerre à finir à Flagg et à sa société. Ils devront s’organier pour cette expédition vers la confrontation ultime entre le bien et le mal.

Heureusement, dans ce dernier tome l’action est de retour. Mon intérêt pour l’histoire a donc repris, fasciné par les aventures des groupes qui se rendent à Vegas. Car, comme dans le premier tome, les expéditions sont les parties les plus intéressantes du récit. Les épreuves lors des déplacements, nous permettent de découvrir les personnages. Stephen King est parvenu à rendre ses personnages vivants et attachants. Ils sont fouillés et toujours aussi intéressants. Il réussi à nous en faire découvrir de nouvelles facettes même si nous pensons les connaitre. Malgré la longueur du roman, Stephen King maîtrise parfaitement son récit. L’effroi de la confrontation inévitable entre les deux groupes est palpable et angoissant. Les descriptions des paysages sont aussi superbement rendues. Bien que le dénouement soit à la limite simpliste et insatisfaisant, l’auteur a su s’en sortir avec ingéniosité étant donné la complexité de la situation.

La note : 4 étoiles

Lecture terminée le 28 septembre 2012

Le Fléau – Édition intégrale Tome 1 – Tome 2

La littérature dans ce roman :

  • « Harold pensa vaguement que c’était sans doute l’un des paradoxes les plus étranges de sa vie: quand il trouvait finalement l’amour, ou une imitation raisonnable de l’amour, il dérapait aussitôt pour s’écraser dans les pages d’une revue féminine, à la section roman d’amour. Les auteurs de ces romans, avait-il écrit un jour dans une lettre anonyme au rédacteur en chef d’un de ces magazines, étaient l’un des rares arguments convaincants en faveur de l’eugénisme obligatoire.
    Mais elle levait la tête vers lui, ses lèvres entrouvertes étaient humides, ses yeux étaient brillants et presque… presque… oui, presque éblouis. Le seul détail qui n’était pas strictement compatible avec la vision que les auteurs de romans à l’eau de rose se faisaient de la vie, c’était son érection, d’une puissance vraiment étonnante. » Page 33
  • « J’aime ma petite routine quotidienne, arroser mon jardin – avez-vous vu comme les bégonias sont repartis ? j’en suis très fier -, lire mes livres, prendre des notes pour le livre que je compte écrire sur l’épidémie. » Page 40
  • « Il aurait donné n’importe quoi pour que le juge ne parle pas de son jardin, de ses livres, de ses notes, du verre de vin qu’il prenait avant de se coucher. » Page 41
  • « Votre visage se lit comme un livre, Larry. » Page 41
  • « L’intérieur ressemblait maintenant à une de ces fantastiques illustrations qu’on trouve dans les livres d’enfants, illustrations qui ne peuvent sortir que de la plume de dessinateurs à l’esprit passablement dérangé. » Page 50
  • « Les petits sont bouffés par les gros, disait le vieux Darwin. La prochaine fois que vous vous levez pour chanter l’hymne national, chers voisins et amis, fourrez-vous bien ça dans le citron : l’Amérique est morte, morte et enterrée, aussi morte qu’Elvis Presley, que Marilyn Monroe, que Harry Truman. Mais les principes que vient de nous exposer M. Darwin sont toujours parfaitement vivants – aussi vivants que le fantôme de l’Opéra à sa belle époque. » Page 70
  • « Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Elle poussa un hurlement. Les livres qu’elle s’apprêtait à mettre dans son sac à dos tombèrent par terre avec fracas. » Page 76
  • « Et elle commença à ramasser les livres qu’elle avait laissé tomber. Elle s’agenouilla maladroitement, sans grâce, et ses genoux craquèrent comme des pétards. Elle commença à fourrer les livres pêle-mêle dans le sac à dos, par-dessus ses serviettes hygiéniques, son aspirine, ses sous-vêtements – des sous-vêtements de coton bien ordinaires, tout à fait différents de ceux qu’elle portait pour les frénétiques plaisirs de Harold. » Pages 78 et 79
  • « Peut-être n’y avait-il eu personne dans cette maison après tout, peut-être ce petit garçon n’avait-il pas été plus réel que les hallucinations de Poe – les battements de coeur du vieillard qui faisaient tic-tac comme une montre enveloppée dans du coton, ou le corbeau perché sur le buste de Pallas.
    – Il frappe, il frappe sans cesse à la porte de ma chambre, dit-elle tout haut sans réfléchir.
  • Et elle poussa un horrible petit croassement, sans doute pas tellement différent de celui des vrais corbeaux. » Page 80
  • « Harold était penché au-dessus du baby-foot, un livre ouvert à côté de lui. De temps en temps, il regardait un schéma, puis se remettait au travail. » Pages 100 et 101
  • « Et ce qu’elle sue est de la nitroglycérine pure l’une des substances les plus instables qui existent. Alors, si cette dynamite n’est pas de la dernière jeunesse, il est tout à fait possible que cette petite expérience de chimiste amateur nous expédie jusqu’en haut du mont Flagstaff, et même plus loin encore, jusqu’au pays d’Oz. » Page 101
  • « Des fils le reliaient à huit bâtons de dynamite. Le livre était encore ouvert. Harold l’avait emprunté à la bibliothèque municipale de Boulder. Le titre : Les soixante-cinq meilleurs montages de l’Exposition nationale des sciences. Le diagramme illustrait une sonnette branchée à un walkie-talkie identique à celui qui se trouvait dans la boîte à chaussures. Et, sous le diagramme, une légende : Troisième prix, Exposition nationale des sciences de 1977, Montage de Brian Ball, Rutland, Vermont. Un mot… et la sonnette retentit à vingt kilomètres ! » Pages 103 et 104
  • « Une vieille dame qui est d’abord la voix de Dieu et qui disparaît ensuite dans les montagnes. Et maintenant, un petit garçon qui semble avoir le don de la télépathie. On se croirait dans un conte de fées. » Page 109
  • « Lorsqu’elle arriva chez elle, Stu était assis dans la chambre, un crayon feutre dans une main, un énorme livre dans l’autre. Un titre en lettres dorées s’étalait sur la couverture de cuir : Introduction au Code pénal du Colorado.
    – Dis donc, tu as de ces lectures !
    Et elle l’embrassa sur la bouche.
    Stu lança le livre qui atterrit sur la commode avec un bruit sourd » Page 114
  • « De fait, Harold l’avait changé de place. Mais Nadine l’avait remis sous la pierre. Larry et Fran n’en savaient rien, naturellement. Quand Larry souleva la grosse pierre, le livre était là et le mot REGISTRE brillait doucement de toutes ses lettres dorées. » Page 124
  • « Je fais confiance à ton jugement, ma chérie. Comme dans le vieux conte du tailleur et des mouches. Sept d’un coup. Mais cette fois, ce n’est pas à des mouches que nous allons régler leur compte, mais à des cancrelats. » Page 129
  • « – Ils sont allés chez toi et ils ont trouvé ton livre. Ils l’ont emporté. » Page 135
  • « – Non merci, chérie, dit-il en regardant Larry d’un air absent. Je l’ai lu du début jusqu’à la fin, et j’ai un sacré mal de tête. Je n’ai pas tellement l’habitude de lire. Le dernier livre que j’ai lu d’un bout à l’autre c’était une histoire de lapins. J’avais acheté ce bouquin pour un de mes neveux et je me suis mis à le lire…
    Il s’arrêta, songeur.
    – Je sais de quel livre tu parles, dit Larry. Je l’ai trouvé formidable moi aussi.
    – C’était l’histoire d’une bande de lapins, reprit Stu. Ils vivaient bien peinards. Ils étaient gros ils mangeaient bien, ils avaient chaud dans leurs petits terriers. Mais quelque chose clochait, et aucun des lapins ne voulait savoir ce que c’était. On aurait dit qu’ils ne voulaient pas savoir. Mais… mais il y avait un fermier…
    – Il fichait la paix aux lapins, continua Larry, à condition de pouvoir en attraper un de temps en temps pour se faire un civet. Ou pour le vendre peut-être. Bref, il avait son petit élevage de lapins.
    – Ouais. Mais il y avait un lapin, Poil d’Argent, qui écrivait des poèmes sur le fil brillant – le fil de laiton dont le fermier se servait pour faire ses collets… Poil d’Argent faisait des poèmes sur le fil de laiton qui étrangle les lapins, reprit Stu en secouant lentement la tête, comme s’il ne parvenait pas à y croire. Harold me fait penser à ça. A Poil d’Argent le lapin. » Pages 138 et 139
  • « Harold était assis en tailleur sur une table de pique-nique, comme une illustration d’un manuel Zen écrit par un esprit dérangé. Ses yeux étaient brumeux, perdus dans le lointain. » Page 146
  • « – Si nous avions fouillé toute la maison, au lieu de chercher simplement ce sale livre, nous aurions peut-être trouvé la bombe, dit-elle d’une voix étranglée par l’émotion. Il… Nick et Sue seraient vi-vivants et… » Page 160
  • « L’Antéchrist, voilà ce que je pense, moi. Nous sommes en train de vivre l’Apocalypse… c’est bien clair. Allez et versez sur la terre les sept coupes de la fureur de Dieu… Pour moi, c’est clair comme de l’eau de roche que l’apôtre Jean voulait parler de la super-grippe. » Page 168
  • « – La lumière électrique n’est pas la réponse, Stu Redman. La radio ne l’est pas non plus, Ralph Brentner. La sociologie ne mènera à rien, Glen Bateman. Te repentir d’une vie qui s’est depuis longtemps refermée comme un livre n’empêchera rien, Larry Underwood. Et ton petit garçon ne l’arrêtera pas non plus, Fran Goldsmith. La mauvaise lune s’est levée. On ne propose rien sous le regard de Dieu. » Page 188
  • « – La Bible raconte que David a fait sa fête à Goliath. Je vais aller là-bas, si vous dites qu’il le faut, mère. » Page 193
  • « – Nous avons rêvé d’elle et elle était la voix de Dieu. Tout ce truc fait partie d’un jeu stupide, tu ne crois pas, Stuart ? Tu as déjà lu le Livre de Job ?
    – Je n’ai jamais été très porté sur la Bible.
    – Ma mère l’était. Elle voulait absolument nous donner une certaine culture religieuse, à mon frère Fred et à moi. Elle n’a jamais dit pourquoi. Ça ne m’a servi qu’à une seule chose, autant que je sache : je pouvais toujours répondre aux questions sur la Bible dans les jeux à la télévision. Il y en avait un qui fonctionnait à l’envers. On te donnait la réponse, et tu devais trouver la question. Quand il s’agissait de la Bible, je trouvais toutes les questions. Job était l’enjeu d’un pari entre Dieu et le démon. Le démon dit : ” D’accord, il Te prie. Mais il se la coule douce. Si Tu lui fais la vie dure suffisamment longtemps, il va Te tourner le dos. ” Dieu accepta le pari. Et Dieu a finalement gagné, fit-elle avec un sourire éteint. Dieu gagne toujours. » Pages 196 et 197
  • « Et ce jour-là, 7 septembre, tandis que Stu Redman et son groupe se traînaient sur la nationale 6, plus de mille six cents kilomètres au sud-est, Bobby Terry était assis dans l’épicerie-bazar de Copperfield, une pile de bandes dessinées à côté de lui. » Page 205
  • « Il soupira et prit une autre bande dessinée dans la pile. Une idiotie à propos de tortues mutantes complètement connes, Ninja. Dégoûté, il lança à l’autre bout de l’épicerie l’album qui vint se percher sur la caisse enregistreuse, à moitié ouvert, comme une tente. Quand on lit ces trucs-là, pensa-t-il, c’est tout juste si on ne pense pas que le monde aurait aussi bien pu disparaître.
    Il prit un autre album, un Batman – ça, c’était un héros à peu près vraisemblable -, et il allait tourner la première page lorsqu’il vit la Scout bleue passer devant lui, en direction de l’ouest. » Page 207
  • « Il se précipita vers la porte et l’ouvrit d’un coup. Le Batman à la main, il sortit en courant sur le trottoir. » Page 208
  • « Allongé sur un lit, entouré de cet immense silence, des serviettes chaudes sur les mains et les genoux, plongé dans la lecture de Law and the Classes of Society de Lapham, le juge Farris faisait un bien étrange Robinson Crusoé. » Page 210
  • « Le juge était en sous-vêtements, le dos calé sur plusieurs oreillers, et il lisait le compte rendu d’un procès qui avait eu lieu à Brixton, dans le Mississippi. Une Noire illettrée avait été condamnée à dix ans de prison pour vol à l’étalage. Le procureur et trois des jurés étaient noirs. Lapham semblait vouloir dire que…
    Toc, toc, toc, à la fenêtre.
    Le vieux coeur du juge chancela dans sa poitrine. Lapham fit un vol plané. » Page 211
  • « Il était debout sous la pluie, perché sur le rebord de la fenêtre, ses plumes brillantes grotesquement collées ensemble, ses petits yeux observant à travers la vitre ruisselante un très vieil homme de loi et le plus vieil espion amateur du monde, allongé sur un lit de motel dans l’ouest de l’Idaho, complètement nu à part son boxer-short semé d’inscriptions en lettres mauve et or: LOS ANCELES LAKERS, un gros bouquin de droit posé sur son gros ventre. » Pages 211 et 212
  • « Elle avait entendu dire qu’il pouvait changer de forme, qu’il était un loup-garou, qu’il avait déclenché l’épidémie, qu’il était l’Antéchrist dont la venue était annoncée dans l’Apocalypse. » Page 223
  • « Il se revoyait assis dans la cuisine inondée de soleil, en train de recopier lentement un livre de Tom Swift sur un bloc Cheval bleu – mauvais papier jaunâtre marqué de lignes bleues -, un verre de Coke à côté de lui. » Page 258
  • « Mais il n’avait jamais complètement cessé d’écrire à la main se souvenant que Moby Dick avait été écrit ainsi de même que La Lettre écarlate et Le Paradis perdu. » Page 259
  • « Il leva les yeux et vit des busards tourner lentement dans le ciel, comme dans un film de Randolph Scott, ou dans un roman de Max Brand. Une phrase qui aurait pu sortir d’un roman : Harold vit les busards qui tournaient dans le ciel, attendant leur heure. Il les regarda calmement, puis il se pencha sur son journal. » Page 259
  • « Le souvenir nostalgique lui revenait de la cuisine ensoleillée, du verre de Coke glacé, des vieux livres moisis de Tom Swift. » Page 260
  • « Il s’était souvenu d’un roman de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon. Des savants avaient transformé un concierge un peu retardé en génie… pour quelque temps. Ensuite, le pauvre type avait commencé à régresser. Comment s’appelait-il ? Charley quelque chose ? Oui, c’était bien ça, car le titre du film qu’ils avaient tourné ensuite était Charly. Pas aussi bon que le roman, plein de merde psychédélique style années soixante, s’il se souvenait bien, mais assez bon quand même. » Page 266
  • « Et puis, ce type n’était pas Jack l’Éventreur. » Page 304
  • « – Le trou dans sa vie est plus gros s’il regardait beaucoup la télévision, plus petit s’il ne la regardait qu’un peu. Mais quelque chose s’en est allé. Maintenant, enlevez-lui tous ses livres, tous ses amis et sa chaîne stéréo. Enlevez-lui toute nourriture, sauf ce qu’il peut glaner en route. Nous sommes en face d’une évacuation, mais aussi d’une réduction de l’ego. Vos moi, messieurs, se transforment en vitres parfaitement transparentes. Ou mieux encore, en verres vides.
    – Mais pourquoi ? demanda Ralph. Pourquoi tout ce cirque ?
    – Si vous lisez la Bible, vous verrez qu’il était assez fréquent que les prophètes s’en aillent de temps en temps dans le désert – visitez le désert en quarante jours et quarante nuits, vous en verrez des choses… Oui, quarante jours et quarante nuits, dit généralement la Bible, expression hébraïque qui signifie en fait ” personne ne sait exactement combien de temps il est parti, mais il est resté longtemps absent “. Ça vous rappelle quelqu’un peut-être ? » Page 360
  • « Mais oui. Et c’est la même chose avec les gens. La Bible nous parle d’Isaïe, de Job et d’autres, mais elle ne nous dit pas combien de prophètes sont revenus du désert la cervelle complètement frite à la suite de leurs visions. J’imagine qu’il y en a eu plus d’un. Mais j’ai un respect certain pour l’intelligence humaine et le psychisme humain, en dépit de quelques erreurs de parcours occasionnelles, comme notre Texan ici présent… » Page 361
  • « – Tu as besoin de quelque chose, Stu ?
    – Oui. Je voudrais les oeuvres complètes de Gore Vidal – ses livres sur Lincoln, Aaron Burr et les autres, répondit Stu avec un sourire. J’ai toujours eu envie de lire ces grosses briques. Je vais profiter de l’occasion.
    – Oh, c’est bête, Stu ! Je les ai pas emportés avec moi, répondit Ralph en lui faisant un clin d’oeil. » Page 374
  • « Quelqu’un avait laissé un livre de poche, un roman de cow-boys. Larry le prit, mais le referma presque aussitôt. » Page 393
  • « Fran était réveillée. Sa lampe de lecture était allu-mée à côté d’elle, jetant une flaque de lumière vive sur le côté gauche du drap blanc immaculé qui la recouvrait. Au centre de la tache de lumière, retourné, un roman d’Agatha Christie. » Page 483
  • « – Est-ce que tu as pensé qu’il pourrait tomber malade ? Et toi, si tu étais encore enceinte ?
    – Il y a des livres, répondit-elle avec un sourire. Tu sais lire et moi aussi. On ne peut pas passer toute sa vie à avoir peur, non ?
    – Non, tu as raison.
    – Des livres, et puis des médicaments. Nous pouvons apprendre à nous en servir; et les médicaments qui sont trop vieux maintenant… nous apprendrons à les fabriquer. Et pour la maladie, et pour la mort… » Pages 498 et 499
2,5 étoiles, F

Le fléau, tome 2

Le fléau, tome 2 de Stephen King

Éditions J’ai Lu no 3312~ Publié en 1992 ~ 505 pages

Deuxième tome de la version augmentée de ce roman de Stephen King paru initialement en 1978 sous le titre « The Stand ».

À la fin du premier tome, les personnages étaient en plein chaos suite aux ravages de la super-grippe. Ils ne savaient où aller. Ils devaient faire face à l’abolition de la civilisation et au retour de la loi de la jungle. Certains d’entre eux rêvent d’une vielle dame noire, qui les appelle vers le Nebraska. D’autres rêvent d’un homme noir qui lui les appelle vers Vegas. Alors va commencer la migration des survivants vers ces deux individus. Stu, Frannie et Nick seront conduit vers mère Abigaël, sorte d’ange gardien du bien. Ce n’est que lorsqu’ils l’auront rejoint qu’ils comprendront que l’horreur n’est pas terminée. Sous la direction de celle-ci, ils devront gagner Boulder au Colorado pour s’installer. Une fois sur place, ils devront prendre les choses en main afin d’organiser leurs vies comme avant. Le groupe de Vegas s’organise beaucoup plus rapidement sous les ordres et la discipline extrêmes de l’homme noir. À leur propre rythme, les deux villes prendront forme.

Contrairement au premier tome, celui-ci est long et sans action. La migration est la partie la plus intéressante du récit. Tout au long des déplacements, nous pouvons découvrir les doutes, les peurs ou même la désinvolture des personnages. L’exode de chacun vers un lieu commun, dans ce monde post-apocalyptique, est très bien décrit. Par contre, l’organisation de la ville, surtout celle de Boulder, est lente et décourageante. L’augmentation de la population avec l’arrivée quotidienne de nouveaux venus, les réunions et les pourparlers pour organiser la ville deviennent redondants. Le deuxième camp est aussi développé mais plus succinctement, et on voit parallèlement se construire une lutte déterminante. Malheureusement avec un si grand nombre de pages, il est difficile de ne pas avoir de longueurs. C’est à mon avis le principal défaut de ce tome.

La note : 2,5 étoiles

Lecture terminée le 4 mai 2012

Le Fléau – Tome 1 – Tome 3

La littérature dans ce roman :

  • « Il préféra se plonger dans son atlas routier. S’ils continuaient à rouler, peut-être feraient-ils comme une boule de neige qui grossit en dévalant une pente. Avec un peu de chance, ils rencontreraient quelques personnes avant d’arriver au Nebraska. En suite » Page 27
  • « Ils campèrent un kilomètre plus loin, sous un château d’eau perché sur d’immenses jambes d’acier, comme un Martien de H. G. Wells. » Page 29
  • « La fille jouait les héroïnes de romans-feuilletons. En étouffant un sanglot, elle se précipita dans les bras de Nick et se colla contre lui comme une sangsue. » Page 35
  • « Les années soixante, ça c’était la grande époque. Les hippies. Flower people. Andy Warhol avec ses lunettes roses et sa saloperie de brillantine. Norman Spinrad, Norman Mailer, Norman Thomas, Norman Rockwell, et ce bon vieux Norman Bates du motel Bates, ha ha ha. Dylan se casse le cou. Barry McGuire croasse The Eve of Destruction. Diana Ross donne la chair de poule à tous les petits Blancs. Et tous ces groupes formidables, pensait Larry dans son brouillard. Ceux de maintenant, vous pouvez bien vous les foutre au cul. Pour le rock, plus rien d’intéressant depuis les années soixante. Ça, c’était de la musique. Airplane avec Grace Slick pour la voix, Norman Mailer à la guitare, et ce bon vieux Norman Bates à la batterie. Les Beatles. Les Who. Morts… » Page 43
  • « Et elle vit Joe, debout devant la véranda grillagée où l’homme dormait. Son slip blanc était d’une blancheur éclatante dans le noir; en fait, le garçon avait la peau si noire qu’on aurait presque cru que son slip tenait tout seul dans le vide, ou qu’il était porté par l’homme invisible de H. G. Wells. » Page 58
  • « Une allée de ciment menait au petit escalier de la véranda. Des deux côtés, le gazon vert cru était haut. A droite, près de la véranda, l’herbe humide de rosée avait été foulée. Lorsque la rosée s’évaporerait, le gazon se redresserait sans doute. Mais, pour le moment, on y voyait clairement des traces de pas. Larry était un homme de la ville. Il n’avait rien d’un homme des bois, d’un James Fenimore Cooper. Mais il aurait fallu être aveugle, pensa-t-il, pour ne pas voir que deux personnes s’étaient trouvées là: une grande et une petite. » Page 62
  • « Amoureux transi ou pas, amateur ou non de chocolat Payday, Larry commençait à éprouver beaucoup de respect pour ce Harold, commençait presque à l’aimer. Il s’en était fait une image. Probablement dans les trente-cinq ans, fermier peut-être, grand, mince, bronzé, pas trop fort sur les livres, mais plein de ressources. » Page 89
  • « John Freemanne faisait semblant de ne pas entendre ces choses et, rendu chez lui, il citait la Bible – ” Heureux les humbles de coeur ” et ” Tu récolteras ce que tu as semé “. Et sa citation favorite, prononcée non pas dans l’humilité du cœur mais dans la folle espérance de celui qui attend ” Les petits hériteront de la terre. “ » Page 113
  • « Le Seigneur Dieu me l’a dit en rêve. Je ne voulais pas l’écouter. Je suis une vieille femme, et tout ce que je veux, c’est mourir sur ce petit bout de terre. La terre de ma famille depuis cent douze ans. Mais il est dit que ce n’est pas là que je mourrai, pas plus que Moïse n’est allé en Canaan avec les enfants d’Israël. » Page 151
  • « – Ces rêves me faisaient peur, tellement peur que je n’en ai jamais parlé à personne. Je me sentais comme Job devait se sentir quand Dieu lui parla dans la tempête. J’ai même voulu croire qu’il ne s’agissait que de rêves, pauvre vieille femme qui fuit son Dieu comme Jonas. Mais le gros poisson nous a avalés quand même vous voyez ! Et si Dieu dit à Abby, tu dois leur dire alors je dois leur dire. » Page 151
  • « – Il n’est pas Satan, dit-elle, mais lui et Satan se connaissent et ils tiennent conseil ensemble depuis longtemps. La Bible ne dit pas ce qui est arrivé à Noé et à sa famille après le déluge. Mais je ne serais pas surprise qu’il y ait eu une terrible bataille pour les âmes de ces quelques personnes – pour leurs âmes, leurs corps, leurs pensées. Et je ne serais pas surprise si c’est exactement ce qui nous attend. » Page 154
  • « Car si Mark avait attrapé maintenant cette saloperie, aucun d’eux n’était à l’abri. Le microbe traînait peut-être encore quelque part. Peut-être une nouvelle mutation. Pour mieux te manger, mon enfant. » Page 171
  • « – Pourquoi nous ? questionna Glen d’une voix hargneuse. Pourquoi pas vous ? Nous n’avons même pas de manuel de médecine, nom de Dieu ! » Page 186
  • « – Ils sont partis à Kunkle. Il y avait sans doute un médecin là-bas, autrefois.
    – Ils vont essayer de trouver des livres, ajouta Perion. Et des… des instruments. » Page 186
  • « Perion se retourna vers Mark pour lui éponger le front, doucement, amoureusement. Frannie se souvint d’une planche en couleurs dans la bible familiale, une image où l’on voyait trois femmes en train d’embaumer le corps de Jésus avec des huiles et des aromates. » Page 188
  • « Stu et Glen revinrent à quatre heures moins le quart avec un grand sac noir rempli d’instruments et de gros livres. » Page 190
  • « Il était quatre heures dix. Stu était à genoux sur une alaise de caoutchouc qu’ils avaient étendue sous l’arbre. La sueur coulait à flots sur son visage. Frannie tenait un livre devant lui, passant d’une planche en couleurs à la suivante, puis revenant à la première quand Stu relevait ses yeux brillants et lui faisait signe. A côté de lui, affreusement blanc, Glen Bateman tenait une bobine de fil blanc. Entre les deux hommes, il y avait une boîte pleine d’instruments en acier inoxydable. La boîte était tachée de sang. » Page 190
  • « – Une explication qui en vaut une autre, a dit Glen, et nous l’avons tous regardé. Si vous regardez les choses d’un point de vue théologique, on dirait bien que nous sommes pris entre l’arbre et l’écorce dans une lutte à finir entre le ciel et l’enfer, vous ne croyez pas ? S’il reste encore des jésuites après la super-grippe, ils s’arrachent sûrement les cheveux.
    Mark a éclaté de rire. Je n’ai pas bien compris mais je n’ai rien dit.
    – Eh bien, moi, je pense que tout cela est parfaitement ridicule, a dit Harold. Bientôt, vous allez vous prendre pour Edgar Cayce et croire à la transmigration des âmes. » Page 195
  • « Avez-vous lu l’étude publiée en 1958 par James D. L. Staunton sur les accidents d’avions et de chemins de fer ? Elle a d’abord paru dans une revue de sociologie, mais la presse à sensation en reparle de temps en temps quand les journalistes ont du mal à pisser de la copie.
    Nous avons tous secoué la tête.
    Vous devriez la lire. James Staunton avait ce que mes étudiants d’il y a vingt ans auraient appelé ” une tête bien faite ” – un sociologue tout à fait bien, très tranquille, qui s’intéressait à l’occulte, son violon d’Ingres si on veut. Il a d’abord écrit une série d’articles, puis il a sauté la barrière pour étudier le sujet par lui-même. » Page 196
  • « Choses dont je veux me souvenir : Récession, crise du pétrole, un prototype Ford qui faisait moins de quatre litres aux cent sur route. Une voiture formidable. C’est tout. J’arrête. Si je continue à écrire autant, ce journal sera aussi long qu’Autant en emporte le vent le jour où le cow-boy solitaire sortira de son ranch (de préférence, pas sur son cheval blanc). Oh oui, encore une chose dont je veux me souvenir. Edgar Cayce. Mais je ne l’oublierai pas. On dit qu’il voyait l’avenir dans ses rêves. » Pages 199 et 200
  • « Harold s’efforce souvent de paraître blasé, glacé – comme un jeune écrivain qui chercherait ce petit bistrot sur la rive gauche où il pourrait passer la journée à parler de Jean-Paul Sartre et à boire un infect tord-boyaux – mais sous la surface, bien caché, Harold est un adolescent qui n’est vraiment pas très mûr. » Page 217
  • « Dans ma tête je ne voyais plus qu’une image idiote de Donald le canard. Donald le canard qui pataugeait dans les ruines de la civilisation occidentale en caquetant, furieux: Qu’est-ce qu’il y a de drôle, hein ? Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Je me suis pris la figure entre les mains et j’ai ri et j’ai sangloté et j’ai ri encore, tellement que Harold a dû penser que j’étais devenue absolument cinglée. » Page 217
  • « Nous entrons dans la canicule pensa-t-il. La canicule, du 25 juillet au 28 août, disent les vieux dictionnaires. La canicule, ainsi nommée car les chiens enragés étaient particulièrement nombreux à cette période de l’année, dit la légende. » Page 228
  • « Il ouvrit le sac de Frannie et fouilla dedans en s’éclairant avec une minuscule lampe électrique. Frannie murmura dans son sommeil, se retourna. Harold retenait sa respiration. Il trouva finalement ce qu’il cherchait tout au fond, sous trois chemises propres et un atlas routier aux pages cornées. Un petit carnet de notes. » Page 228
  • « Harold referma le carnet et se glissa dans son sac de couchage. Il était redevenu le garçon qu’il avait été autrefois, celui qui avait peu d’amis (il avait été un beau bébé jusque vers l’âge de trois ans, avant de devenir ce petit gros qui faisait rire tout le monde) et tant d’ennemis, le garçon dont ses parents ne s’occupaient pas beaucoup – ils ne pensaient qu’à Amy, la petite Amy qui s’avançait rayonnante sur le chemin de la vie -, le garçon qui avait cherché sa consolation dans les livres, le garçon qui s’était réfugié dans ses rêves parce qu’on ne voulait jamais de lui pour jouer au base-ball… qui devenait Tarzan, tard la nuit sous ses couvertures, la lampe braquée sur la page imprimée, les yeux agrandis, insensible à l’odeur de ses pets; et ce garçon se blottissait maintenant au fond de son sac de couchage pour lire le journal de Frannie à la lumière de sa lampe électrique. » Pages 228 et 229
  • « Il fallut plus de deux heures pour que tous les réservoirs sautent. Quand ce fut fini, la nuit n’était pas noire. C’était une nuit fiévreuse, zébrée de flammes jaunes et orange. Du côté est, tout l’horizon était en flammes. Et il se souvint d’une bande dessinée qu’il avait vue quand il était enfant, une adaptation de La Guerre des mondes de H. G. Wells. Maintenant des années plus tard le petit garçon qui avait feuilleté l’album n’était plus là, mais La Poubelle l’avait remplacé, et La Poubelle possédait le terrible et merveilleux secret du rayon de la mort des Martiens. » Page 238
  • « Il composait dans sa tête un psaume à la louange de l’homme noir. Et il s’était dit qu’il devrait se procurer un gros livre (un Livre) pour noter ce qu’il pensait de lui. Un Livre que les gens liraient plus tard. Les gens qui sentaient la même chose que La Poubelle. » Page 292
  • « Elle s’approcha de lui et vit sa bible ouverte sur ses genoux.
    – Vous allez vous faire mal aux yeux.
    – Pas du tout. La lumière des étoiles est la meilleure pour ce genre de bouquin. Peut-être la seule d’ailleurs. Qu’est-ce que vous pensez de ça ? ” N’est-ce pas un service de soldat que fait le mortel sur terre et ses jours ne sont-ils pas des jours de mercenaire ? Tel un esclave aspirant après l’ombre, et tel un mercenaire attendant son salaire, ainsi ai-je hérité de mois de déception, et des nuits de peine me sont échues. “
    – Super, dit Lucy sans trop d’enthousiasme. Vraiment Joli.
    – Non, ce n’est pas joli. Il n’y a rien de très joli dans le Livre de Job, Lucy, dit le juge en refermant sa bible. ” Des nuits de peine me sont échues. ” C’est le portrait de votre ami, Lucy, le portrait de Larry Underwood. » Page 301
  • « Il avait commencé à se constituer une petite bibliothèque chose qu’il avait toujours voulu faire au cours de ses années d’errance. Il lisait beaucoup à l’époque (depuis quelque temps, il n’avait que rarement le loisir de s’asseoir pour entreprendre une longue conversation avec un livre), et certains de ceux qui s’alignaient sur les étagères encore pratiquement vides étaient de vieux amis, la plupart empruntés dans des bibliothèques publiques pour la somme de deux cents par jour ; ces dernières années, il n’était jamais resté suffisamment longtemps au même endroit pour pouvoir obtenir une carte de lecteur. Les autres volumes étaient des livres qu’il n’avait pas encore lus, mais que ses lectures précédentes lui avaient donné envie de connaître. Et, tandis qu’il était assis dans le petit bureau devant sa feuille de papier et ses deux crayons-feutres, un de ces livres était juste à côté de lui sur la table – Les Confessions de Nat Turner, de William Styron. Il avait marqué l’endroit où il avait interrompu sa lecture avec un billet de dix dollars trouvé dans la rue. Il y avait beaucoup d’argent dans les rues, des billets que le vent balayait dans les caniveaux, et il était encore surpris et amusé de voir combien de gens – dont lui – s’arrêtaient pour les ramasser. Pourquoi ? Les livres ne coûtaient plus rien à présent. » Pages 348 et 349
  • « Le monde, pensait-il, non pas selon Garp, mais selon la super-grippe. » Page 356
  • « – J’avais l’impression de devenir fou. Je pensais toujours que quelque chose allait nous arriver que nous allions nous faire attaquer par une bande de motards, manquer d’eau, n’importe quoi. Ma mère avait un livre qu’elle avait reçu de sa grand-mère, je crois. Dans les pas de Jésus, c’était le titre. Une collection de petites histoires à propos de gens qui se trouvaient dans des situations épouvantables. Des problèmes de morale, la plupart du temps. Et le type qui avait écrit ce livre disait que pour résoudre les problèmes, il suffisait de se demander: ” Que ferait Jésus ? ” Et tout s’arrangeait aussitôt. Vous savez ce que je pense ? Que c’est une question Zen. Pas une question en réalité, mais une manière de faire le vide dans votre tête, comme ces types qui murmurent Om… Om… en se regardant le bout du nez. » Page 367
  • « Il changea de position sur sa chaise. Un livre était posé sur ses genoux, un grand livre relié en similicuir. Chaque fois qu’il sortait de chez lui, il le cachait sous une pierre de la cheminée. Si quelqu’un avait trouvé ce livre sa carrière à Boulder aurait été terminée. Un mot s’étalait en lettres d’or sur la couverture du livre : REGISTRE. C’était le journal qu’il avait commencé à tenir après avoir lu celui de Fran. » Page 372
  • « Il referma le registre, rentra dans la maison cacha le livre dans son trou, replaça soigneusement la grosse pierre. » Page 375
  • « Les coups de foudre, ça existe peut-être dans les livres, mais dans la vie réelle… » Page 395
  • « Comme les gens qui se convertissent à la religion ou qui lisent…
    Elle s’arrêta tout à coup et un éclair de frayeur sembla traverser ses yeux.
    – Qui lisent quoi ?
    – Quelque chose qui change leur vie. Das Kapital. Mein Kampf. Ou des lettres d’amour qui ne leur sont pas adressées. » Page 396
  • « Son bébé était vivant, bien à l’abri et ce qu’elle tenait dans ses mains n’était qu’un livre. De toute façon aucun moyen de savoir si quelqu’un l’avait lu, et même s’il y avait eu un moyen, impossible de savoir si cette personne qui l’avait lu était Harold Lauder.
    Elle ouvrit le livre et commença à le feuilleter lentement, instantanés de son passé récent, comme des photos noir et blanc d’amateur. Instantanés de la mémoire. » Page 402
  • « Fran: Tout ce que tu dis est vrai, Nick. Je ne peux pas dire le contraire. Je sais qu’il est mauvais. Qu’il pourrait même être la créature de Satan, comme dit mère Abigaël. Mais nous tirons sur le même levier que lui pour l’arrêter. Tu te souviens du bouquin d’Orwell Les Animaux ? ” Ils regardèrent les porcs puis les hommes, et ne purent voir la différence. ” Je crois que ce que j’aimerais vraiment t’entendre dire – même si c’est Ralph qui le lit – c’est que si nous devons tirer ce levier pour l’arrêter… si nous le faisons… eh bien, que nous serons capables de le lâcher ensuite. Est-ce que tu peux dire ça ? » Page 416
  • « Il était encore très tôt. Mère Abigaël ne dormait pas. Elle essayait de prier. Elle se leva dans le noir, s’agenouilla dans sa robe de nuit de coton blanc et posa le front sur sa bible ouverte aux Actes des apôtres. La conversion de Saul sur le chemin de Damas. La lumière l’avait aveuglé et les écailles qui recouvraient ses yeux étaient tombées. Les Actes, dernier livre de la Bible, où la doctrine s’appuyait sur des miracles. Et qu’étaient les miracles sinon la divine main de Dieu à l’oeuvre sur terre ? » Page 419
  • « Elle leva la tête et regarda autour d’elle, comme si elle était ivre. Sa bible était tombée par terre. » Page 422
  • « – Non, certainement pas ! s’exclama Stu. Mais nous ne pouvons pas la laisser comme ça se promener toute seule. Elle s’est mis dans la tête qu’elle a offensé Dieu. Et si elle se disait maintenant qu’elle doit aller faire pénitence dans la solitude du désert comme un prophète de l’Ancien Testament ? » Page 424
  • « Fran ne savait pas que mère Abigaël était partie. Elle était restée enfermée toute la matinée à la bibliothèque, en train de feuilleter des ouvrages de jardinage. Elle n’était pas la seule étudiante, d’ailleurs. Deux ou trois autres personnes consultaient des livres sur l’agriculture. Un jeune homme à lunettes d’environ vingt-cinq ans était plongé dans un livre intitulé Sept moyens de faire vous-même votre électricité. Une jolie petite blonde d’environ quatorze ans était absorbée dans la lecture de Six cents recettes faciles. » Page 427
  • « Elle jeta un coup d’oeil autour d’elle. Le sous-sol avait été aménagé en salle de jeu. Un projet dont son père avait toujours parlé mais qu’il n’avait jamais entrepris, pensa-t-elle avec un petit pincement de tristesse. Pin noueux sur les murs. Haut-parleurs quadraphoniques encastrés. Faux plafond insonorisé. Un grand coffre rempli de puzzles et de livres. » Page 431
  • « Il s’assit dans son fauteuil favori et ferma les yeux. Quand les battements de son cœur eurent un peu ralenti, il s’avança vers la cheminée, retira la pierre et prit son REGISTRE. Sa présence le rassura. Un registre, c’est un livre où vous tenez vos comptes tant de prêté, tant de rendu, intérêt et principal. Lé livre où vous finissez par régler tous vos comptes. » Page 444
  • « Il remit le journal à sa place et reposa la pierre. Il était calme. il avait vidé ce qu’il avait en lui. sa terreur et sa fureur habitaient désormais les pages du journal, sa détermination était plus forte que jamais. Et c’était bien ainsi. Parfois, écrire le rendait encore plus nerveux. Il savait alors qu’il n’écrivait pas la vérité, ou qu’il n’écrivait pas avec l’effort nécessaire pour affûter le bord émoussé de la vérité afin de lui donner une arête tranchante – d’en faire une lame capable de faire jaillir le sang. Mais, ce soir, il pouvait ranger son livre, l’esprit serein. La rage, la peur, la frustration avaient trouvé leur exacte transcription dans le livre, le livre qui resterait caché sous sa pierre pendant qu’il dormirait. » Pages 444 et 445
  • « Il s’allongea, résigné à passer une nuit blanche, cherchant une nouvelle cachette. Sous une lame de parquet ? Au fond d’un placard ? Peut-être ce vieux truc: le laisser bien en évidence sur une étagère, un volume parmi d’autres, coincé entre La Femme totale d’un côté et un volume du Reader’s Digest de l’autre ? Non – c’était quand même trop risqué. » Page 447
  • « Stu rentra à neuf heures et quart. Fran était pelotonnée sur le double lit. Elle était vêtue d’une de ses chemises – elle lui arrivait presque jusqu’aux genoux – et lisait un livre, Cinquante plantes utiles. » Page 447
  • « Stu lisait un roman de cow-boys et d’Indiens. Quand il vit Glen, pâle, les yeux hagards, il jeta son livre par terre. » Page 455
  • « A côté du verre, un cendrier avec cinq pipes quelques livres: Le Zen et la Motocyclette, Tout du cru, Macho Pistolet – tous ouverts. Et un sachet de crackers Kraft au fromage. » Page 457
  • « Il jeta un coup d’œil à Glen, mais détourna aussitôt les yeux. Même un vieux sociologue chauve qui lit trois livres d’un seul coup n’aime pas trop qu’on le voie faire de l’eau avec ses yeux. » Page 457
  • « Au verso de son message, la vieille femme avait griffonné deux références bibliques: Proverbes 11: 1-3 et Proverbes 21: 28-31. Le juge Farris avait consulté les textes avec la minutie d’un avocat qui prépare sa plaidoirie et, au début du débat, il s’était levé pour lire les deux citations de sa voix fêlée et apocalyptique de vieil homme. Il commença par la citation du onzième chapitre des Proverbes: La balance fausse est en horreur à Yahvé, mais le poids juste lui est agréable. Si l’orgueil vint viendra aussi l’ignominie; mais la sagesse est avec les humbles. La perfection des hommes droits les guide, mais les détours des perfides les ruinent. La citation du vingt et unième chapitre était de la même veine: Le témoin menteur périra, mais l’homme qui écoute pourra parler toujours. Le méchant prend un air effronté, mais l’homme droit ordonne ses voies. Il n’y a ni sagesse, ni prudence, ni conseil en face de Yahvé. On équipe le cheval pour le jour du combat, mais de Yahvé dépend la victoire.
    Le débat qui avait suivi la déclamation du juge (déclamation, c’était bien le mot juste) avait porté sur de multiples sujets – certains plutôt comiques. Quelqu’un avait fait observer d’une voix lugubre que, si l’on additionnait les numéros des chapitres, on obtenait trente et un, soit le nombre des chapitres de l’Apocalypse. Le juge Farris s’était levé une nouvelle fois pour préciser que l’Apocalypse ne comptait que vingt-deux chapitres, du moins dans sa version de la Bible, et qu’en tout état de cause vingt et un plus onze faisaient trente-deux, et non trente et un. » Pages 476 et 477
  • « …Il n’y avait plus beaucoup de clients une fois que les gens qui travaillaient de huit à onze à la Dixie Paper étaient rentrés chez eux… Il y avait des tas de nuits où pas une seule voiture s’arrêtait entre minuit et trois heures. Alors, j’étais là, en train de lire un livre ou une revue. Et plus d’une fois j’étais à moitié endormi. Tu comprends ?
    – Oui.
    Elle pouvait se l’imaginer, l’homme qui était devenu le sien, quand le moment était venu, quand les événements l’avaient décidé. Cet homme aux larges épaules endormi dans une chaise de plastique de chez Woolco, un livre ouvert sur les genoux. Elle le voyait dormir dans une île de lumière blanche, une île entourée de toutes parts par la grande mer de la nuit du Texas. Elle aimait se l’imaginer ainsi, comme elle aimait le voir dans toutes les images qu’elle se faisait de lui.
    – Eh bien, un soir, il était à peu près deux heures et quart, j’étais assis, les pieds posés sur le bureau de Hap, et je lisais un roman de cow-boys, un roman de Louis L’Amour, ou peut-être de Elmore Leonard. » Page 481
  • « – Les années ont passé, comme on dit dans les livres et chaque fois que je pensais à cette nuit-là-ça m’arrivait de temps en temps – j’étais de plus en plus sûr que ce n’était pas lui finalement. Simplement quelqu’un qui lui ressemblait un peu. » Page 484
  • « – Les esprits ne sont peut-être jamais de bonne humeur, répondit la jument en lui lançant un regard sévère. Ou vous risquez de recevoir un message de votre subconscient que vous n’êtes absolument pas prête à assimiler. La littérature spécialisée parle de très nombreux cas d’expériences d’écriture automatique dégénéré. Les gens sont devenus fous. » Pages 500 et 501
4,5 étoiles, F

Le fléau, tome 1

Le fléau, tome 1 de Stephen King.

Éditions J’ai Lu ~ Publié en 1992 ~ 510 pages

Quatrième roman de Stephen King paru initialement en 1978 sous le titre « The stand ». Ce roman a fait l’objet d’une réédition augmentée en 1990.

En 1990, dans un laboratoire de l’armée américaine, un virus mortel est libéré dans les locaux. Un bris dans la sécurité va permettre à Charlie Campion de quitter le bâtiment. Il contaminera en premier lieu les membres de sa famille et tout les gens qu’il croisera dans sa fuite. Le taux de contamination est de 94,4%. Cette Super-grippe décimera par la suite la population d’un bout à l’autre des États-Unis. Les survivants qui semblent être immunisés devront faire face à la disparition de la civilisation. Seul ne sachant que faire, ni où aller les survivants voudront retrouver leurs semblables. Va alors commencer pour ceux-ci un long périple dans lequel ils devront enjamber les cadavres pourrissants. Leurs rêves seront visités soit par le terrifiant Homme noir soit par Mère Abigaël une afro-américaine originaire du Nebraska, âgée de 108 ans.

Ce premier tome met en scène une galerie de personnages plus intéressants les uns que les autres. De ceux-ci quelques-uns seulement vont survivre. La mise en place des personnages est particulièrement efficace, on passe d’une personne à l’autre, d’une histoire à l’autre, d’une ville à l’autre sans perdre le rythme. On devient alors témoin de la propagation inexorable de la maladie. J’ai été prise par l’histoire dès les premières pages et me suis laissée entraîner avec délectation jusqu’à la dernière page. Stephen King n’y va pas dans la dentelle lorsqu’il décrit les cadavres, les agonies et les mesures prises par le gouvernement lors de cette apocalypse. La fin de notre société par la propagation d’un virus semble tellement crédible que c’est saisissant. Vivement la suite.

La note : 4,5 étoiles

Lecture terminée le 25 décembre 2011

Le Fléau – Tome 2 – Tome 3

Ving-sixième lecture de mon défi 26 livres – 26 auteurs édition 2011

La littérature dans ce roman :

  • « Et elle se mit à rire d’elle-même, d’un rire un peu amer. Tu en fais toute une histoire, se dit-elle, comme si le monde entier attendait cette nouvelle. Chapitre six : Hester Prynne annonce au révérend Dimmesdale l’arrivée imminente de Pearl. Non, ce n’était pas Dimmesdale, mais Jess Rider, vingt ans, un an de moins que Notre Héroïne, la jolie Fran. » Page 38
  • « Mais il m’a fait prendre mon sac à dos et n’est-ce pas Robert Frost, le grand poète, qui disait que chez soi, c’est l’endroit où il faut bien qu’on vous ouvre la porte quand vous vous pointez, ou quelque chose de genre ? » Page 81
  • « – Jess veut bien faire, reprit-elle; il est plein de bonnes intentions. Mais… nous sommes allés à un récital de poésie au début de l’année. Un type qui s’appelait Ted Enslin. C’était plein. Tout le monde écoutait très sagement… très attentivement… pour ne pas perdre un mot. Et moi… tu me connais.
    Il lui passa gentiment le bras autour du cou :
    – Franny a eu le fou rire.
    – Exact. Tu me connais vraiment bien.
    – Un peu, en tout cas.
    – Un fou rire juste comme ça, sans aucune raison. Et je me disais : « Il est cradingue, cradingue, on est tous venus là pour écouter un vieux dingue cradingue. » Il y avait du rythme, comme une chanson à la radio. Et j’ai eu le fou rire. Je ne voulais pas. Rien à voir avec les poèmes de Ted Enslin, ils étaient très bons, rien à voir avec son allure. C’était la manière dont les autres le regardaient. » Pages 94 et 95
  • « – Si ! répondit-il brusquement, désemparé tout à coup. Je suis un vieil homme qui essaie de donner un conseil à sa fille, comme un singe qui voudrait apprendre à un ours à se tenir à table. Un ivrogne m’a pris mon fils il y a dix-sept ans et ma femme n’a jamais plus été la même depuis. J’ai toujours vu la question de l’avortement en pensant à Fred. On dirait que je suis incapable de faire autrement comme toi tu étais incapable d’arrêter ton fou rire à ce récital de poésie, Frannie. Ta mère te donnerait toutes les raisons habituelles. Elle te parlerait de morale. Une morale vieille de 2 000 ans. Le droit à la vie. Toute notre morale occidentale est fondée là-dessus. J’ai lu les philosophes. Je fouille dans leurs livres comme ta mère fouille dans les étagères des supermarchés. Ta mère en est restée au Reader’s Digest, mais c’est moi finalement qui argumente avec mon cœur, et elle avec les codes de morale. Je vois Fred, c’est tout. Il était complètement démoli. Aucune chance de s’en sortir. Les cocottes pro-vie brandissent leurs photos de bébés nageant dans de l’eau salée, leurs photos de bouts de bras et de jambes sur des tables d’acier inoxydable. Et puis après ? La fin d’une vie n’est jamais jolie. Moi je vois Fred, couché sur ce lit pendant sept jours, enveloppé dans ses bandes, comme une momie. La vie ne vaut pas cher, et l’avortement la rend encore moins chère. Je lis plus qu’elle, mais c’est elle qui a les idées plus claires en fin de compte. Ce qu’il faut faire, ce qu’il faut dire… tout ça dépend si souvent de jugements arbitraires. Je n’arrive pas à l’accepter. C’est comme un blocage dans ma gorge, coir que toute véritable logique semble procéder de l’irrationalité. De la foi. Tu trouves que j’ai les idées passablement embrouillées, non ? » Pages 97 et 98
  • « Sa pièce favorite avait toujours été l’atelier de son père, dans l’appentis qui reliait la maison à la grange. On y entrait par une petite porte qui faisait à peine un mètre cinquante de haut, presque cachée derrière le vieux poêle à vois de la cuisine. Un excellent début, cette porte : délicieusement petite et dissimulée, comme les portes des contes de fées ou des rêves. Quand elle avait grandi, il lui avait fallu se pencher pour passer, comme le faisait son père – sa mère ne mettait jamais les pieds dans l’atelier, à moins d’y être absolument obligée. C’était une porte comme celles qui s’ouvrent sur un monde de rêve dans Alice aux pays des merveilles. Un temps, elle s’était amusée à croire, sans le dire même à son père, qu’un jour, en l’ouvrant, ce ne serait pas dans le tout l’atelier de Peter Goldshmith qu’elle trouverait, mais un passage souterrain qui la conduirait du pays des merveilles à Hobbiton, un tunnel étroit mais presque douillet avec son plafond tapissé de grosses racines qui vous faisaient une bonne bosse si vous vous cogniez le front. Un tunnel qui sentait non pas la terre humide, les vers et les vilaines bestioles, mais la cannelle et les tartes au pommes, un tunnel qui aboutissait dans l’office où Mr. Bilbo Baggins célébrait son cent onzième anniversaire… » Page 142
  • « Sur la cheminée, au-dessus du vieux fusil de chasse, se trouvait un gros album. Carla était une sorte de généalogiste amateur et toute sa famille se trouvait dans ce livre…au moins jusqu’en 1638, lorsque le premier de ses ancêtres identifiables était sorti suffisamment longtemps de la foule anonyme des Londoniens pour que son nom soit inscrit dans quelque très ancien registre paroissial comme celui de Merton Downs, franc-maçon. » Page 148
  • « L’étalage des livres de poche se renversa. Puis la Schmeisser se trouva à court de munition, et ce fut le silence, assourdissant. L’odeur. Le magasin empestait la poudre. » Page 179
  • « Le livreur lut avec toute la concentration d’un élève studieux qui s’apprête à attaquer Moby-Dick. » Page 195
  • « Il aimait beaucoup la science-fiction et s’achetait parfois de vieux livres à moitié déchirés, découverts sur les étagères poussiéreuses des brocanteurs de campagne. » Page 207
  • « Il transporta la télévision à côté de son lit (« Tu vas attraper une hernie », avait-elle dit en reniflant), lui avait apporté du jus de fruits et un vieux flacon de gouttes contre le rhume. Puis il avait couru chez le marchand de journaux lui acheter quelques livres de poche. » Page 216
  • « – En fait, le médecin pense que c’était peut-être mieux pour ses poumons et ses bronches qu’elle reste assise. Il n’en a pas dit plus. Mais sa femme connaît très bien Carla. Nous savions parfaitement lui et moi que ta mère a un peu couru après cette grippe. Elle est présidente du Comité historique, elle passe vingt heures par semaine à la bibliothèque, elle est secrétaire du Club des femmes et du Club des amateurs de littérature, elle s’occupe des campagnes de charité depuis que ton frère est mort, ou même avant, et l’hiver dernier, comme si ce n’était pas assez, elle a accepté de s’occuper aussi de la Fondation pour les maladies du cœur. » Page 231
  • « – Ma fille m’a donné un recueil de poèmes il y a quelques années. Un certain Yeets. Elle prétend que tous les militaires devraient lire Yeets. Une plaisanterie sans doute. Tu as déjà entendu parler de Yeets, Len ?
    – Je crois que oui, répondit Creighton qui ne jugea pas utile de préciser que le nom du poète s’écrivait Yeats et de prononçait Yates.
    – Je l’ai lu du début jusqu’à la fin, reprit Starkey en contemplant l’écran qui montrait la cafétéria à jamais endormie. Sans doute parce qu’elle s’imaginait que je n’ouvrirais pas son bouquin. Il ne faut jamais être trop prévisible. Je n’ai pas compris grand-chose – ce type était sans doute un fou – mais j’ai lu ses machins. Drôles de poèmes. Pas toujours en vers. Il y en a un qui m’est toujours resté dans la tête. Il y parlait de la vie comme je l’ai toujours vue, sa grandeur, son désespoir. Il disait que tout s’écroule, que le centre ne tient plus. Je crois qu’il voulait dire que le centre se désagrège, Len. Je crois bien que c’est ça. Yeets savait que tôt ou tard les choses se désagrègent complètement. Il avait au moins compris ça.
    – Sans doute, répondit doucement Creighton.
    – La fin du poème m’a donné la chair de poule la première fois que je l’ai lu, et même encore maintenant quand je le relis. Je sais le passage par cœur. « Voici la bête cruelle, son heure enfin venue. Vers Bethléem elle se traîne, bientôt elle va y naître. »
    Creighton ne disait rien. Il n’avait rien à dire.
    – La bête est en marche, reprit Starkey en se retournant.
    Il pleurait, grimaçait un sourire.
    – Elle arrive, et elle est bien plus cruelle que ce Yeets ne l’imaginait. Tout fiche le camp. Notre boulot, c’est de tenir aussi longtemps que nous pourrons. » Pages 239 et 240
  • « Il lirait n’importe quoi en attendant que cuise son repas sur un petit feu de camp dont la fumée resterait invisible : un roman porno aux pages déchirées, sans couverture, Mein Kamps peut-être, une bande dessinée, une déclaration incendiaire de quelque mouvement patriotique réactionnaire. En fait d’imprimés, Flagg n’était pas regardant. » Page 246
  • « Ce Bradenton était un poète qui donnait parfois des cours du soir quand il ne sillonnait pas l’Utah, le Nevada et l’Arizona, faisant des conférences dans les universités où il espérait étonner ces bons petits enfants de bourgeois en leur annonçant que la poésie était toujours vivante – soporifique, sans aucun doute, mais toujours investie d’une certaine hideuse vitalité. » Page 248
  • « Bradenton n’était qu’un maillon de la chaîne. Il y en avait des milliers d’autres – des milliers de ces fous qui parcouraient le pays avec leurs livres et leurs bombes. » Page 248
  • « – Tour vas dépendre du jury. Douze connards. J’aimerais douze braves dames de quarante-deux ans qui connaissent par cœur le Petit Chaperon rouge et qui font des petits enterrements dans leur jardin quand leur perruche crève. » Page 260
  • « Le pasteur, Braceman, était avec elle le 23, quand Nick était arrivé. Il lui lisait la Bible dans le salon, mais il avait l’air nerveux et pressé de s’en aller. » Page 265
  • « Rita Blakemoor souriait et il fut à nouveau frappé par son élégance nonchalante. On aurait dit un personnage d’un roman de Irwin Shaw. Nightwork peut-être, ou celui qu’on avait adapté pour la télévision quand il était tout petit. » page 318
  • « Un citation de l’Évangile, une paraphrase en fait, lui traversa la tête sans aucune raison particulière : Avant de vouloir enlever la paille dans l’œil de ton voisin, occupe-toi de la poutre dans le tien. » Page 322
  • « Comme dans Alice au pays des merveilles, tout devenait de plus en plus curieux. » Page 325
  • « Harold était rédacteur en chef de la revue littéraire du lysée d’Ogunquit. Il écrivait d’étranges nouvelles, toujours au présent et à la deuxième personne du pluriel. Vous descendez le délirant corridor et vous pourrez d’un coup d’épaule la porte fracturé et vous regardez les athlètes – c’était son style. » Page 330
  • « Frannie s’en foutait qu’il se branle, qu’il traîne sa graisse ou qu’il imite cette semaine Wright Morris ou Hubert Selby. » Page 330
  • « Pour nouer sa cravate, elle lui cala la tête avec deux volumes de l’Encyclopédie universelle. » Page 338
  • « Trois ans plus tôt, Stu avait acheté un livre pour un de ses neveux qui habitait Waco. Il avait trouvé une boîte pour l’envoyer par la poste mais, comme détestait emballer les cadeaux encore plus qu’il détestait la lecture, il l’avait ouvert à la première page, croyant qu’il n’allait lire que quelques lignes pour voir de quoi il s’agissait. Mais il avait lu la première page, puis la deuxième… et il avait été incapable de refermer le bouquin. Il était donc resté debout toute la nuit, fumant cigarette sur cigarette, buvant une tasse de café après l’autre, absorbé par sa lecture qui n’avançait pourtant pas très vite car il n’était guère habitué à lire pour son plaisir. Une histoire de lapin, un comble. Le plus stupide des animaux, le plus trouillard… sauf que le type qui avait écrit ce livre en parlait autrement. Vous finissiez par vous sentir de leur bord. Une histoire formidable, et Stu qui lisait avec la lenteur d’un escargot l’avait terminée deux jours plus tard. » Page 342
  • « Puis les deux genoux retombèrent des deux côtés de sa cage thoracique et l’entrejambe des jeans de Richard Fry s’immobilisa à quelques centimètres de sa poitrine, comme une fourche, ses yeux de braise braqués sur Bradenton comme deux torches perçant l’obscurité d’un donjon dans un roman d’épouvante. » Pages 356 et 357
  • « Dans des paysages comme celui-ci, n’importe qui pouvait devenir Iago. » Page 359
  • « Nick Andros lisait un livre qu’il avait été chercher chez le marchand de journaux – l’histoire d’une gouvernante qui se croyait dans un manoir hanté. Il n’était pas encore arrivé à la moitié du roman, mais il savait déjà que le fantôme était en réalité la femme de châtelain, probablement enfermée dans le grenier et folle à lier. » Page 371
  • « Il laissa tomber le livre sur le bureau et sortit dans la rue. » Page 371
  • « C’était la vie, jusqu’à ce qu’il se retrouve un soir dans le vestibule de l’église méthodiste, un bidon de vingt litres d’essence à la main, en train de tout asperger autour de lui – particulièrement les vieux recueils de cantiques entassés dans un coin – et il s’était arrêté. Et il avait pensé : C’est pas bien, c’est pas bien du tout, c’est STUPIDE, ils vont savoir que c’est toi, ils diraient que c’est toi-même si c’était quelqu’un d’autre, et ils vont t’enfermer ; il réfléchissait et l’odeur de l’essence lui remplissait les narines tandis que des voix papillonnaient et tourbillonnaient dans sa tête, comme des chauves-souris dans un beffroi hanté. » Page 383
  • « – Pas du tout. Tu restes assis. Je servais toujours une deuxième tasse à mon mari. Il y tenait. Même si je ne voyais rien d’autre que son crâne au petit déjeuner. Il était toujours caché derrière son Wall Street Journal ou un énorme bouquin très ennuyeux, dans le genre Böll, Camus. Il lisait même Milton ! Avec toi c’est différent. Ce serait dommage de cacher ta jolie gueule derrière un journal. » Page 391
  • « Finalement, il était tombé sur le lit, inconscient, hors d’haleine. Et Fran avait cru que la fin était proche. Mais le lendemain matin, quand elle était allée le voir, Gus était assis dans le lit et lisait un roman de cow-boys qu’il avait trouvé sur une étagère. » Pages 421 et 422
  • « Elle avait préparé une soupe qu’il avait mangée de bon appétit et, quand il s’était plaint d’avoir du mal à lire sans ses lunettes qu’il avait cassées lorsqu’il avait pris son tour de garde à la barricade de la sortie sud de la ville, la semaine précédente, elle avait pris le livre (malgré ses protestations) et lui avait lu quatre chapitres du roman. L’auteur était une femme qui habitait un peu plus au nord, à Haven. Noël sanglant, c’était le titre du livre. Le shérif John Stoner semblait avoir bien des difficultés avec les voyous de Roaring Rock – pire, il ne trouvait pas de cadeau de Noël pour sa jolie et charmante jeune femme. » Page 422
  • « La pelouse des Lauder descendait en pente douce jusqu’à un petit mur de pierres sèches. Au milieu du jardin s’élevait la pergola octogonale où Amy et elle jouaient à la dînette quand elles étaient petites. Frannie s’en souvint tout à coup et cette image lui fit mal. L’époque où elles pleuraient toutes les deux en lisant des romans d’amour, où elles gloussaient en parlant du beau Chuckie Mayo, le plus beau garçon du lycée. » Page 425
  • « Il est effectivement possible de faire quatre États – Connecticut, Rhode Island, Massachusetts et l’extrême sud du Vermont – en vingt-quatre heures, à condition de choisir très bien son itinéraire, mais c’est un peu comme ces devinettes avec des bouts d’allumettes – facile si tu connais la solution, impossible autrement.
    – Mais où as-tu trouvé ça ?
    – Dans le Guiness, le Grand Livre des records, l’inévitable bible du lycée d’Ogunquit. » Page 432
  • « L’après-midi, elle sortit une chaise et s’installa devant la porte d’entrée pour lire son livre. Un livre qui s’intitulait Satan, maître de la planète Terre. Une histoire macabre, mais plutôt amusante. Les pécheurs et les ingrats avaient reçu leur juste punition, comme l’annonçait le livre. Ils étaient tous morts. Sauf quelques hippies qui cherchaient des femmes pour les violer, mais elle saurait quoi faire s’ils venaient par ici. » Page 460
  • « – Tu sais ce que la Bible dit de ces gens-là ? demanda Flagg d’une voix douce. Elle dit que les grands seront abaissés, que les puissants seront abattus, que les orgueilleux seront brisés. Et tu sais ce qu’elle dit des gens comme toi, Lloyd ? Elle dit : Bénis soient les humbles de cœur, car ils hériteront de la terre. Et elle dit encore : Bénis soient les pauvres d’esprit, car ils verront Dieu. » Page 479